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Niger : de nombreuses irrégularités relevées dans les élections de dimanche
Publié le lundi 22 fevrier 2016  |  AIB




Niamey- Retards d’ouverture des bureaux de vote, évaporation de bulletins, refus du droit de vote à certains citoyens, absence d’assesseurs sont entre autres, les manquements constatés par l’AIB, lors du double scrutin de ce dimanche au Niger.

Dimanche, c’est dans un calmerelatif que près de 7,5 millions de Nigériensétaient appelés aux urnes pour choisir le président de la République et les 171 députés.
Ce scrutin, jugé crucial pour ce vaste territoire d’Afrique de l’Ouest de près 1,3 million de km2, qui a connu quatre coups d’Etat, depuis son indépendance en 1960, a été entaché de nombreuses irrégularités aussi bien dans la capitale Niamey qu’à l’intérieur du pays.
Retards dans l’ouverture des bureaux de vote, insuffisance de bulletins, refus du droit de vote à certains citoyens, absence d’assesseurs sont entre autres, les manquements constatés lors de ce scrutin.
C’est à 11 heures (locales) que les premières informations faisant état des manquements, dans la ville de Tesker, située à plus de 1 000 km à l’Est de Niamey, ont attiré l’attention des journalistes qui faisaient le pied de grue à l’école primaire Koira Kano Nord.
C’est dans cet établissement que devait voter l’opposant Seini Oumarou, 65 ans, candidat du Mouvement National pour la Société de Développement (MNSD), adversaire malheureux de Mahamadou Issoufou au second tour en 2011.
«La situation ne s’annonce pas bien à Tesker», informe un journaliste nigérien. Renseignements pris, il s’agit de manque de bulletins de certains partis politiques notamment ceux de l’opposition dans plusieurs bureaux de vote.
«Des retards dans plusieurs bureaux de vote»
A 11heurs 32mn (locales), le candidat Seini Oumarou, par ailleurs ancien Premier ministre du gouvernement de Mamadou Tand, renversé le 18 février 2010, fait son apparition.
Il vote et se présente devant un champ de micros. « J’ai accompli un devoir de citoyen. Nous sommes sereins et nous pensons que Dieu nous aidera », lance-t-il.
Et la situation qui prévaut à Tesker ? «Nous n’avons pas tous les éléments, mais ceux qui nous parviennent nous inquiètent un peu», lance M. Oumarou, avant de pointer d’un doigt accusateur la commission électorale nationale Indépendante (CENI).
« Au-delà de cette situation, c’est l’impréparation de la CENI par rapport à ces élections que nous observons. Nous avons beaucoup d’échos qui nous viennent de l’intérieur du pays, nous signalant que le vote n’as pas encore débuté (à 11h 45mn)».
Quelques instants plus tard, une de nos sources nous informe qu’à 12 heures 30 mn (locales) la ville de Zindèr (Est) avec plus de 1 million et demi d’électeurs est aussi confrontée à des difficultés similaires.
«Dans certains bureaux de vote, les membres de la CENI sont absents», nous confie la même source.
A Diffa toujours à l’Est de la capitale, localité classée parmi les zones à risque, à cause des menaces de Boko Haram, les élections se déroulent bien, mais la sécurité a été renforcée.
Le marché et les gars ont été fermés alors qu’un hélicoptère survole la ville, a expliqué au téléphone un habitant.
Vue la confusion qui se dégage, nous décidons d’entamer une opération de vérification. Notre curiosité nous conduit tout d’abord à Torodi, petite ville située à plus de 50km au sud-ouest de Niamey, à la frontière avec le Burkina Faso.
Dans cette localité à dominance Peulhs, les bureaux de vote ont ouvert à 9 heures (locales).
« Les électeurs et nous (membres de la CENI) étions à l’heure. Le problème est que la directrice de l’école n’était pas informée pour qu’elle ouvre les classes. Nous avons donc perdu du temps », se justifie, Oumalhère Mamane Souley, présidente du bureau de vote N° 203, à l’école primaire Tondi centre.
Elle confie que les opérations se déroulent dans le calme et aucun problème n’a été signalé.
A Sirinbana, un village situé à 5Km de Torodi, où vit une petite communauté Touarèg, le même constat se dégage.
Dans les rangs sous le soleil, des femmes toutes voilées, avancent dans le calme. Aucun homme n’est visible. « Les hommes ont voté le matin. C’est le tour des femmes », nous informe Lawali Ousmane, un habitant de la localité.
Plus loin, à Nikoye Touarèg, une bourgade d’une communauté Touarèg, le constat est alarmant. Pas d’agent de sécurité, ni d’observateur. Une hutte en paille sert de bureau de vote.
Le président de ce bureau et son équipe sont assis sur des cailloux. Les bulletins de vote sont disposés sur des morceaux de bois, qui servent de tables.
Une dizaine d’électeurs sont assis sous un arbre, pour se réfugier des rayons de soleil. Dans ce bureau de vote qui relève de la circonscription électorale de Torodi, Boubacar Dotti Diallo, son président déplore le manque de bulletins de vote de cinq partis politiques.
« Ici il nous manque les bulletins. Nous ne comprenons pas cette situation », dit-il. « Ce sont les bulletins de mon candidat », dit un supporter de l’opposition.
«Les bulletins se sont évaporés la nuit»
Pour Dr Abdou Soumana, membre de la CENI, il s’agit d’un « système de neutralisation interne », mis en œuvre par les principaux protagonistes à ce scrutin.
«Quand un bureau de vote X est favorable à un candidat Y, on met en place un mécanisme qui va permettre à ce qu’on ne trouve pas les bulletins de ce dernier. A chaque fois il y a un manque. C’est un sabotage», a-t-il expliqué.
Et de soutenir que la CENI met à la disposition de ses démembrements des bulletins qui équivalent au nombre des électeurs avec une marge de 5%.
« Alors si le matin on constate un manque de bulletins, il convient de dire qu’il y a une neutralisation interne », a-t-il conclu.
On rappelle qu’au Niger, environ 70% de la population a moins de 25 ans, et 76% vit en dessous du seuil de la pauvreté, le pays étant régulièrement frappé par des crises alimentaires.
En 2016, l’ONU estime que deux millions de Nigériens auront besoin d'une assistance alimentaire.
Rencontré dans les rues de Niamey, à quelques minutes de la fermeture des bureaux de vote, Hamidou Salam, 22 ans, soutient que le vote par procuration lui a été refusé.
Pour ce jeune chômeur, les hommes politiques nigériens doivent travailler à l’apaisement de la situation en acceptant les résultats de ce scrutin.
«Nous sommes inquiets pour notre pays. Nous pensons qu’ils (les politiciens) vont privilégier l’intérêt national», a-t-il lancé sur son vélo.

Namazé Dramane TRAORE
Envoyé spécial à Niamey
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