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En route pour le Niger : contrôles policiers ou rackets?
Publié le mardi 16 fevrier 2016  |  Sidwaya
Burkina:
© AFP par ISSOUF SANOGO
Burkina: la police repousse les manifestants
Jeudi 30 octobre 2014




A l’issue des attaques terroristes qu’a connues le Burkina Faso depuis le 15 janvier 2016, le gouvernement a pris un certain nombre de mesures parmi lesquels les contrôles d’identité et les fouilles au niveau des grands axes routiers. En partance pour le Niger, nous avons décidé de voir comment fonctionnent ces postes de contrôle initiés pour la circonstance.

Lundi 15 février 2016, il est 4h30 mn lorsque nous démarrons de Ouagadougou à bord d’un car d’une compagnie de la place pour la capitale du Niger. De la sortie de la ville de Ouagadougou jusqu’à Koupéla, notre véhicule n’a pas été inquiété par aucun contrôle. C’est à la sortie de Koupéla que nous rencontrons notre premier poste de contrôle. Sous l’aurore, quelques agents de police s’échauffent autour d’un feu.
Le car se stationne, l’apprenti-chauffeur descend avec une chemise « de paperasses », court pour voir le groupe de policiers. Il revient quelques minutes et le car redémarre. Après des kilomètres de circulation, nous rencontrons un deuxième poste de contrôle. Là, les choses semblent vouloir se compliquer parce qu’il s’agit d’un contrôle d’identité.
A peine le car s’est stationné qu’un agent de police était déjà dans le véhicule. Il procède à un contrôle des papiers d’identité de tous les passagers. Quand vint le tour d’un de mes voisins, celui-ci lui tend un passeport. Le flic y jette un coup d’œil et intime l’ordre à notre monsieur de descendre car son passeport est périmé. Nous décidons de nous intéresser au sort qui sera réservé à notre compagnon de route.
A la descente du véhicule, le policier lui dit d’aller voir ses collègues assis derrière l’arbre où une petite table fait office de bureau à l’abri des regards. L’homme est accompagné par le chauffeur qui commence à négocier avec le flic, tandis que nous choisissons de nous approcher sans créer la suspicion. Après un temps d’échange, l’infortuné met sa main dans la poche et leur tend quelque chose qui semble être un billet. On lui remet alors son passeport et il revient vers le car. C’est en ce moment que nous décidons de l’approcher pour en savoir davantage. A nos questions, il baragouine quelques mots pour nous faire comprendre qu’il ne parle que le haoussa et qu’il est Nigérien d’origine. Il refuse de décliner son identité mais nous fait savoir par l’interprète qu’il a donné 1000 F CFA pour avoir son passeport. Le car met alors le cap sur Fada N’Gourma où nous rencontrons à l’entrée un poste de contrôle de gendarmerie. Les passagers sont priés de descendre pour un contrôle d’identité approfondi. Nous suivons toujours de près l’homme qui semble être le seul à avoir un problème de papiers, pour voir à « quelle sauce il sera mangé par les gendarmes ». A son tour, le pandore prend son passeport, jette à plusieurs reprises un coup d’œil, l’invite à se mettre à jour en renouvelant ses papiers avant de lui remettre son passeport.
A l’issue d’une petite escale dans la ville de Fada, notre car reprend le chemin en direction du Niger. Mais à peine a-t-il accéléré qu’il rencontre encore un poste de contrôle de police à la sortie. On nous invite encore à descendre pour des contrôles d’identité. Après les différentes vérifications, le flic commis à la tâche demande poliment à l’homme au passeport périmé d’aller voir encore ses collègues derrière le karité « pour un règlement de sa situation ». C’est alors que nous décidons de nous approcher pour voir clair dans ce qui se passe derrière le bureau qui se trouve de l’autre côté au pied du karité. Sans trop de commentaire, l’infortuné semble avoir compris qu’il doit son salut à un autre billet de 1000 F CFA. Dans notre insistance à vouloir comprendre pourquoi un tel règlement, l’apprenti-chauffeur nous demande de ne pas chercher de polémique et de nous dire, « sur la route c’est COMME ça. Tu es burkinabè non, arrivé aussi chez nous au Niger tu verras. Tu as papier ou pas, tu vas payer 1000 FCFA ». Nous mettons donc le cap sur Matiakoali et Kantchari où nous passâmes tous avec succès le contrôle d’identité de la gendarmerie des deux localités.

Au poste de police de la frontière, au moment où nous cherchons à viser notre ordre de mission, notre attention est attirée par une vive discussion entre des passagers de notre car et des policiers burkinabè. Nous nous approchons alors des flics pour comprendre la situation. C’est ainsi que dans un ton amical, les policiers nous expliquent qu’il s’agit de trois ressortissants tchadiens qui sont dans notre car et qui veulent traverser la frontière pour aller au Niger. Et étant de l’Afrique centrale, ils doivent présenter des passeports avec un visa avant de passer. Il se trouve, selon la police, que ces passagers n’ont que des simples laisser-passer sans passeport.
Dans de telles circonstances, indiquent les policiers aux trois « fautifs », les dispositions prévoient qu’ils doivent payer 122 000 FCFA pour un visa court séjour à 90 jours avec plusieurs entrées sans compter les pénalités. Nous sommes condamnés à abandonner donc nos camarades tchadiens en territoire burkinabè et poursuivre notre trajet vers Niamey car, laisse entendre la police, c’est une question de rigueur. Nous entrons donc en territoire nigérien avec d’autres réalités sur la route.

Lassané Osée OUEDRAOGO
Envoyé spécial à Niamey
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