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Tribunal militaire de Ouagadougou : On ne sait plus à quel juge se vouer
Publié le mercredi 10 fevrier 2016  |  L`Observateur Paalga
L`entrée
© Autre presse par DR
L`entrée du tribunal militaire de Ouagadougou




La révélation, oui c’en est une, a fait l’effet d’une douche froide à de tous ceux qui ont suivi la conférence de presse livré, lundi dernier, par le commissaire du gouvernement près le tribunal militaire de Ouagadougou, le lieutenant-colonel Norbert Koudougou. Vingt-quatre après, on ne s’en remet toujours pas. Alors que dans l’affaire dite des écoutes téléphoniques les preuves avaient été formellement établies et il ne restait plus que l’hypothétique extradition de Guillaume Soro pour qu’il rejoigne, dans les geôles de la MACA, son présumé interlocuteur, Djibril Bassolet, voilà que du parquet militaire nous parviennent des informations étranges : « Jusqu’à preuve du contraire, nous n’avons pas pu authentifier ces écoutes-là », a en effet déclaré le commissaire du gouvernement, Norbert Koudougou, l’air toujours aussi détaché.

Autant dire qu’il vient de rabattre bruyamment le caquet à nombre d’autorités qui, se mêlant d’une affaire de justice (pour des raisons qui gagneraient à être clarifiées), avaient affirmé, publiquement et sans ciller, que les propos attribués au président de l’Assemblée nationale ivoirienne et à l’ancien ministre burkinabè des Affaires étrangères étaient authentiques et authentifiés.

Quelques exemples ? Eh bien balançons la sauce, comme disent les DJ, juste avant de faire toner la musique.

- Mercredi 29 décembre 2015. Sur les antennes de radio Oméga. Le président du CNT, Cherif Sy : « Ceux qui sont habilités à traiter le dossier prennent toutes les dispositions scientifiques nécessaires pour que tous les documents et moyens de preuves versés au dossier soient authentifiés. Mais pour vous et moi, citoyens simples, il n’y a pas de doute. Et moi, à mon niveau de responsabilité, je sais, je suis même le premier à savoir que cet enregistrement est authentique ».

- Vendredi 4 décembre 2015. A travers les ondes de la Radio Savane FM. Le Premier ministre de la Transition, Yacouba Isaac Zida : « Elle est authentique, il n’y a pas de débats. Moi je ne discute pas sur ces questions-là. Il ne faut pas douter de l’intelligence du peuple burkinabé. Tous ceux qui ont pu écouter ça savent que c’est authentique, à moins d’être de mauvaise foi ».

Ces deux déclarations à charge avaient beau faire crier à l’immixtion du législatif et de l’exécutif dans des affaires qui relèvent exclusivement du judiciaire en violant le secret de l’instruction, le peuple insurgé n’en avait cure. « Des têtes, encore des têtes et toujours des têtes », continuait-il de réclamer sans cesse.

Maintenant qu’une des voix officielles et compétentes en la matière vient de désavouer publiquement les deux anciennes autorités de la Transition, on fait quoi ? Les entendre pour tentatives d’entrave à la vérité ? Les auditionner pour connaître les motivations réelles de telles indélicatesses sur un sujet aussi délicat ?

On nous objectera, peut-être, que commissaire du gouvernement près le tribunal militaire qu’il soit, le lieutenant-colonel Norbert Koudougou n’est pas au-dessus de tout soupçon comme la femme de César. C’est vrai.

Mais vous le voyez, vous, oser porter une telle contradiction devant les médias sans être sûr de son fait ? Autrement dit réfuter l’existence des résultats de l’expertise des écoutes sans doute déjà versés dans les dossiers d’accusation ?

Vous voyez, vous, le procureur militaire se laisser aller à une telle parjure ?

Nous avons la faiblesse de ne pas le voir se risquer à une telle aventure.

C’est que Norbert Koudougou n’est pas n’importe qui, en tout cas pour tout ce qui touche à cette affaire.

Il est à la justice militaire ce que le procureur est à la justice civile. De ce fait, il entretient des relations directes avec son ministre de tutelle qui n’est autre que le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, lequel détient le portefeuille de la Défense.

De là à voir dans les propos du commissaire du gouvernement un double salto arrière, une reculade du Burkina, conséquence d’une gestion diplomatique de cette crise larvée entre notre pays et la Côte d’Ivoire, il n’y a qu’un pas que les allumés du tout juridisme ne manqueront pas de franchir.

L’objet de la conférence de presse du parquet militaire était de démentir l’existence de pression sur le juge instructeur afin qu’il retire la notice rouge contre Guillaume Soro. Désormais, on craint fort qu’elle n’ait contribué à produire l’effet contraire.

Mais il y a plus grave que cette rumeur de tentative du gouvernement pour régler le dossier par des voies extrajudiciaires.

En effet, on croyait jusque-là que l’émission du mandat d’arrêt litigieux et subséquemment la mise en accusation de Djibril Bassolet étaient fondées sur des preuves irréfragables de l’authenticité ces fameuses écoutes téléphoniques qui font tant de bruits à Ouaga comme sur les bords de la lagune Ebrié.

Mais avec le récent contre-pied du parquet militaire, on ne sait plus à quel juge se vouer.

Sans le vouloir, les conférenciers de lundi dernier donnent quelque part raison aux avocats de l’ancien chef de la diplomatie burkinabé, lesquels affirmaient que le dossier contre leur client était vide. Et au-delà de la défense de Bassolet, nombre de pensionnaires de la MACA pourraient penser qu’ils sont accusés sur la base de raisons frêles et contestables.

Cette cacophonie au sein de la Grande Muette laisse songeur et est symptomatique d’une désinvolture dans le traitement du dossier.

Chose qui pourrait donner raison aux autorités ivoiriennes, lesquelles avaient laissé entendre que les usages élémentaires en la matière n’avaient pas été respectés.



Alain Saint Robespierre
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