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Le Pays N° 5205 du 27/9/2012

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Naufrage du JOOLA : 10 ans après, difficile de tourner la page
Publié le jeudi 27 septembre 2012   |  Le Pays


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Naufrage du Joola


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Au moment où les rescapés et ayants droit des victimes du naufrage du Joola commémorent avec amertume le 10e anniversaire de l’accident du ferry casamançais, l’on ne note toujours aucune éclaircie surtout dans la gestion judiciaire du dossier. L’affaire est cependant loin d’être anodine pour que l’on se permette de la ranger dans les tiroirs sans suite. « Le Titanic africain » qui a sombré aux larges des côtes gambiennes le 26 septembre 2002 après avoir quitté Ziguinchor, chef-lieu de la Casamance, plus que triplement surchargé, a emporté avec elle plus de victimes que le vrai Titanic. Plus de 1 900 personnes sur les 2 000 ayant embarqué ont perdu la vie lors de cet accident dont les causes révélées par les enquêtes sont pourtant claires au point de permettre d’établir les responsabilités sans ambiguïtés. Le président sénégalais de l’époque, Abdoulaye Wade, qui avait à peine entamé la dernière moitié de son premier mandat, a affiché au début une volonté ferme de ne laisser impuni aucun manquement dans la gestion du navire chaviré. Pour commencer, après avoir reconnu qu’en plus du violent orage, des fautes, des négligences et des défaillances techniques étaient à l’origine du drame, le gouvernement Wade a pris des sanctions administratives contre des cadres commis à la gestion du bateau. Tous ceux qui croyaient alors à un aboutissement total dans tous les volets du contentieux n’ont cependant pas tardé à déchanter. En août 2003, soit à peine un an après, les parents des victimes et les survivants vivront comme un deuxième naufrage le classement de l’affaire par le ministère public sénégalais.

Et curieusement, contre toute attente, toute la responsabilité de la survenue de l’événement tragique a été attribuée au seul commandant de bord du Joola, pourtant porté disparu. Le pouvoir de Dakar semble avoir trouvé la parade idéale pour escamoter le règlement judiciaire du dossier. Concernant son aspect indemnisation, il fallait alors sortir le jockey à même de clore la partie. L’indigence aidant, beaucoup n’ont pas pu cracher sur la bagatelle de 10 millions de F CFA proposés pour chaque disparu. Le prix du silence des rescapés et ayants droit des disparus a ainsi été payé. Toute chose qui n’a pas manqué de permettre à Me Wade de retrouver sa sérénité pour aborder la suivante campagne électorale. Des joutes au cours desquelles il a promis mille et une choses à tous ceux qui ont été touchés directement ou indirectement par cette tragédie. Par la suite, l’heureux candidat réélu ne dérogera point à la règle d’ingratitude des politiciens africains qui, une fois les voix de leurs électeurs acquises, leur tournent le dos avec dédain. En plus de n’avoir rien fait pour permettre la relance de la procédure judiciaire, Gorgui, jusqu’à la fin de son second mandat, n’a rien fait dans le sens de l’apaisement des cœurs meurtris de ses concitoyens. Aucun lieu de recueillement digne de ce nom n’a été aménagé pour offrir aux Sénégalais l’opportunité de se consoler tout en sacrifiant à leur devoir de mémoire vis-à-vis de leurs proches disparus. Beaucoup attendent toujours de pouvoir identifier le cimetière et la tombe où reposent les membres de leurs familles afin de faire enfin leur deuil. Le mémorial qui devait être dédié aux victimes du Joola et qui faisait partie des nombreuses promesses électorales du prédécesseur de l’actuel président sénégalais, Macky Sall, attend toujours de sortir de terre. Ce dernier ajoutera-t-il enfin quelques pierres à la toute première et unique posée juste par Gorgui pour essayer d’endormir les consciences ? L’épave du ferry qui devait servir à construire un musée gît toujours dans les profondeurs de la mer, l’ancien régime ayant préféré y garder cachée une des preuves matérielles et significatives de ses nombreux échecs de gouvernance. Le nouveau régime corrigera-t-il cette négligence, voire cet abandon dont font l’objet ceux qui ont été brutalement arrachés à l’affection de leurs proches pour avoir cru en la sécurité d’un moyen de transport étatique ? Il est en tout cas important de rétablir les victimes du Joola dans leurs droits et de faire en sorte que tous ceux qui ont été à l’origine du naufrage soient punis comme il se doit. Il est, en effet, trop facile et très irresponsable de faire endosser à tous les contribuables sénégalais l’incurie d’individus qui ont failli à leurs responsabilités pour lesquelles ils sont pourtant rémunérés. L’imputabilité individuelle doit être désormais ancrée dans les mœurs africaines pour une gestion plus responsable des ressources publiques. Les enquêtes doivent être affinées pour identifier les réels coupables dans ce drame qui n’est rien d’autre que le résultat d’un cumul de pratiques irrégulières dans la gestion du Joola. Ne serait-ce que pour l’exemple et surtout en vue d’en tirer conséquemment des leçons pour mieux faire les choses à l’avenir et éviter des bêtises de ce genre. Et une collaboration entre les autorités sénégalaises et françaises sur le plan judiciaire pourrait permettre une bonne avancée dans ce sens. La Justice française a déjà lancé, en 2008, un mandat d’arrêt contre neuf hauts responsables sénégalais de l’époque et dont certains pourraient être appelés à la barre incessamment. Le président Sall devra saisir cette occasion que lui donnent les familles des victimes françaises du naufrage du Joola pour en savoir davantage sur les vraies causes du drame, pour permettre une réouverture du dossier par la Justice sénégalaise. C’est aussi à ce prix que le gouvernement sénégalais soldera tous ses comptes avec les victimes du naufrage du Joola.

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