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Décentralisation et sécurité intérieure : Simon Compaoré dévoile sa stratégie
Publié le vendredi 5 fevrier 2016  |  Le Pays
Présidence
© aOuaga.com par G.S
Présidence du Faso : le nouveau gouvernement prend contact avec le chef de l`Etat
Mercredi 13 janvier 2016. Ouagadougou. Présidence du Faso. Le nouveau gouvernement avec à sa tête le Premier ministre Paul Kaba Thièba a eu sa première prise de contact avec le chef de l`Etat Roch Marc Christian Kaboré. Photo : Simon Compaoré, ministre d`Etat, ministre de l`Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité intérieure




« Nous avons souhaité vous rencontrer ce matin en guise de prise de contact et pour répondre à vos sollicitations sur les questions qui ont trait à notre département », tels sont les propos introductifs du ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité intérieure, Simon Compaoré, lors de sa rencontre avec les hommes de médias, le 4 février 2016, à Ouagadougou. Et c’est partie pour plus de 2h d’horloge d’échanges, entre Simon Compaoré, accompagné de ses collaborateurs dont Alfred Gouba, le Secrétaire d’Etat chargé de la décentralisation, Pengwendé Désiré Sawadogo, le secrétaire général chargé de l’expédition des affaires courantes et les journalistes.

C’est connu de tous que l’ancien maire de la ville de Ouagadougou, Simon Compaoré, aujourd’hui ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité intérieure, est un « maniaque » de la ponctualité. Le 4 février dernier, lors de sa rencontre avec les journalistes, il a encore surpris plus d’un. En effet, à notre arrivée dans la salle polyvalente de la mairie de Ouagadougou, vers 8h30, Simon Compaoré était déjà installé avec certains de ses collaborateurs pour une rencontre qui devait se tenir à 9h précises. Pendant les 30 minutes d’attente, le ministre d’Etat est donc resté, regardant arriver d’autres agents de son département qui, visiblement, étaient gênés et s’empressaient de se trouver une place discrètement. A 9h sonnantes, Simon Compaoré, sans autre forme de procès, prit la parole. S’adressant aux Hommes de médias, il dira : « Je n’aime pas lire les textes mais, comme c’est la première fois que nous nous rencontrons, nous allons lire et faire avec (Ndlr : il s’agit de la déclaration liminaire) ». Dans cette déclaration, le ministre d’Etat a d’abord donné les raisons qui ont poussé le gouvernement à adopter la nouvelle nomenclature liée à son département. Pour lui, s’il a plu au président du Faso et au Premier ministre de faire ce choix, c’est le signe que le gouvernement, en adéquation avec le programme de mandat du président du Faso, place les questions de sécurité, de civisme, de bonne gouvernance et de décentralisation au centre de ses préoccupations. Et, a-t-il précisé, dans un contexte sous régional caractérisé par la recrudescence du grand banditisme et la multiplication des actes terroristes, la sécurité des biens et des personnes demeure la priorité de son département car, elle est la condition sine qua non de la relance des activités économiques du pays. Mais, pour Simon Compaoré, étant donné que l’efficacité de la structure sécuritaire repose sur le renseignement et la collecte d’informations, le ministère s’attèlera au renforcement des capacités des Forces de défense et de sécurité dans ce domaine ; toute chose qui passe nécessairement par la mise en œuvre de mesures permettant une adaptation des hommes et du matériel en fonction de l’évolution de la menace. D’ores et déjà, le ministre d’Etat a tenu à saluer et à féliciter ce qu’il a appelé «les concitoyens organisés au sein des comités de vigilance et dont l’action produit déjà des résultats probants sur le terrain ».

« Force doit rester à la loi »

«Nous poursuivrons la mise en place de ces structures et leur encadrement par nos services habilités en vue d’éviter toute dérive. Désormais, la sécurité du territoire incombe à chaque Burkinabè, où qu’il se trouve», a-t-il interpellé. L’autre défi du ministère en charge de l’Administration territoriale et de la sécurité est la restauration de l’autorité de l’Etat. Pour ce faire, le ministre d’Etat a indiqué que l’information et la sensibilisation seront les principales actions à mener mais «in fine, force doit rester à la loi », a-t-il prévenu. Enfin, Simon Compaoré, toujours dans sa déclaration liminaire, a fait cas du renforcement de la décentralisation. Concernant cet aspect, a-t-il dit, un travail se mène d’abord avec les délégations spéciales, puis ce sera avec les conseillers municipaux qui seront issus des élections du 22 mai prochain. «Le travail se basera sur la formulation de nouveaux référentiels stratégiques de la décentralisation ; la poursuite des transferts de ressources et de compétences ; la promotion de la bonne gouvernance et la réussite des élections du 22 mai », a-t-il énuméré. Au regard de tous ces aspects, le ministre d’Etat a estimé que le décor est planté. Il reste maintenant à mettre en œuvre les actions pour réussir la lourde mission à eux confiée. Mais, Simon Compaoré se veut confiant car, dira-t-il : «Certes, le chantier est vaste mais nous avons les femmes et les hommes qu’il faut, des idées innovantes et notre ferme engagement à faire bouger les lignes». C’est donc sur ces mots que le ministre d’Etat a clos sa déclaration liminaire. Place maintenant aux questions des journalistes.
Mais avant de donner la parole aux journalistes, les conférenciers ont tenu à se présenter. Au tour du ministre d’Etat, celui-ci dira : « Moi c’est Simon Compaoré, je suis un retraité qui a été rappelé à servir », provoquant des rires dans la salle. Simon Compaoré dira ensuite aux journalistes : « Vous pouvez y aller ! » entendez par là, « vous pouvez poser vos questions ».

« Where there is a will there is a way ».

Découvrez dans les lignes qui suivent quelques questions des journalistes et les réponses du ministre d’Etat et son équipe.

Quel sera la stratégie du gouvernement pour faire face aux affrontements communautaires ?

Le territoire est subdivisé en unités. A tous les échelons, il y a des représentants de l’Etat central et des élus locaux. C’est avec tout ce beau monde que l’on administre le territoire et chacun, selon les compétences qui lui sont dévolues. J’ai été maire d’une commune et je parle sous mon propre contrôle. Lorsqu’il y a une crise dans une commune, le maire se sent concerné, le préfet se sent concerné et le gouverneur se sent aussi concerné. Donc, ce que nous comptons faire n’a rien de sorcier. C’est de garder le contact avec les policiers de sorte qu’en cas de crise, nous puissions intervenir en parlementant avec tous les concernés. A cela, nous comptons associer les autorités coutumières et religieuses et les personnes ayant une autorité morale pour régler les crises. Au niveau des populations, il faudra faire en sorte que les uns et les autres privilégient la voie du dialogue, à chaque fois. Mais, s’il y a mort d’homme, il y a des voies légales qui doivent mener à des enquêtes sous le contrôle du procureur du Faso pour que le problème soit réglé. Mais pour éviter tout cela, il faut qu’il y ait des sensibilisations et qu’il y ait un contact entre les autorités et les populations. Si vous êtes toujours cloîtré dans votre bureau et que l’on ne vous connaît pas sur le terrain, vous ne serez d’aucune utilité en cas de crise dans votre localité.

Que compte faire le ministère pour régler les problèmes de lotissements qui constituent une bombe à retardement ?

Sur cette question, ce n’est pas seulement notre département qui doit s’en charger. Il y a aussi le ministère en charge de l’Habitat et de l’urbanisme qui, d’ailleurs, est directement concerné. Ce que nous comptons faire, c’est de se retrouver pour échanger sur la question. Cela, afin de déterminer une démarche commune. Une fois les élections municipales terminées, nous allons dérouler cette démarche pour résoudre la question. Sinon, parler de cela maintenant, pourrait alimenter des querelles qui peuvent être de nature à gêner les élections dans un certain nombre de communes.

Quid du cas des associations « Kolgh Weogo ? »

Nous allons recevoir une délégation des « Kolgh Weogo » pour qu’on discute. Mais, à l’heure actuelle, ce sont des initiatives intéressantes, mais qu’il faut canaliser, contrôler, former, suivre… Quelqu’un se demandait si ce n’est pas un aveu d’impuissance que de faire appel aux populations dans la lutte contre le banditisme. Mais, si vous réagissez ainsi, c’est comme si vous aviez du mépris pour le peuple, car ce sont les peuples qui font l’histoire, même dans les Etats de droit. Les forces de défense et de sécurité ont beau être nombreuses, à elles toutes seules, elles ne pourront pas vaincre. Il y a des pays qui ont mobilisé des milliers de policiers, gendarmes et militaires, mais ils subissent toujours des coups. Donc, faire appel aux populations, ce n’est pas un aveu d’impuissance. On ne peut pas avoir des corps habillés partout mais, les populations, elles, sont partout. Donc, nous allons échanger avec les « Kolgh Weogo » car, grâce à elles, nous avons pu épingler certains fugitifs. Elles aussi, elles ont été victimes. On a égorgé deux femmes d’un élément de «Kolgh Weogo» et j’en ai moi-même vu les photos. Donc, ils courent aussi des risques comme les gendarmes, les policiers et les militaires. Mais, nous allons discuter avec eux et leur dire qu’avant de continuer, ils doivent d’abord être reconnus.

Le référendum sur la modification de la Constitution pourra-t-il être couplé aux élections municipales comme cela avait été prévu ?

« Les gens veulent que notre économie meure et que les populations sortent pour manifester dans la rue »

Cela est possible si la commission qui va être mise en place pour travailler là-dessus est prête. Mais, si d’aventure, le travail n’est pas achevé, on va faire les élections municipales. Mais il n’est pas exclu que les deux soient couplées. Vu qu’il y a des problèmes d’argent qui se posent, nous y avons tout intérêt.

Y a-t-il des retraités qui continuent toujours d’exercer dans votre ministère ?

Nous ne sommes pas au courant de cet état de fait. C’est comme je l’ai dit. Nous ne sommes pas totalement assis d’abord. Nous sommes assis sur une fesse pour le moment. Mais, merci de nous en informer. Au sortir de cette rencontre, nous allons vérifier cela et si c’est avéré, nous prendrons les mesures qui s’imposent.

Disposez-vous de moyens pour relever tous les défis ?

A tous les niveaux, le challenge est grand, les défis sont nombreux mais les moyens sont limités. Mais comme l’a dit un grand penseur, « Quelques fois, l’abondance traduit l’incapacité des hommes ». Nous n’allons pas gémir en disant qu’on n’a pas les moyens. On sait que les moyens ne sont pas suffisants, mais comme il est dit dans Mathieu 7.7 «cherchez et vous trouverez ; tapez et l’on vous ouvrira». Et, j’ajouterai encore, «Where there is a will there is a way». Le gouvernement va faire le point des moyens disponibles et nous allons chercher d’autres moyens pour réaliser nos ambitions.

Est-ce que les frontières sont bien gardées ?

Nous avons mis en place des dispositifs à l’Est, au Sahel et vers l’Ouest pour une surveillance continue des frontières. Il y a des militaires qui patrouillent là-bas tous les jours et prêts à faire feu en cas de danger. Ils sont à féliciter, au regard des moyens dont ils disposent pour travailler. Là-bas, il n’y a pas de boîtes de nuit. C’est le sable, le froid et la chaleur. Je suis fier d’eux et je suis contre ceux qui flagellent nos Forces de défense et de sécurité en disant qu’on n’a rien. C’est faux, on a quelque chose ; même si ce n’est pas suffisant, on a quelque chose.

Les Burkinabè peuvent-ils dormir en sécurité ?

Les gens peuvent dormir mais, si cela est le cas, c’est qu’une organisation a été faite en amont pour que, pendant que certains dorment, d’autres surveillent. S’il y avait péril en la demeure, nous n’allions pas lever le couvre-feu. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de crainte. Il y a des craintes partout. Et nous, à notre niveau, nous sommes fiers de la collaboration des populations. Nous n’allons pas nous faire peur nous-mêmes. Ceux qui veulent venir au Burkina peuvent venir. Les autorités sont responsables jusqu’au bout et ce, même au péril de leur vie.

La coopération avec les autres forces et l’expertise dont nous avons bénéficié lors des attentats ont-elles coûté au contribuable burkinabè ?

Je n’ai pas ouïe dire que des gens ont demandé à être payés pour leur expertise. C’est au nom de la coopération. Il n’y a pas eu de contrat entre nous. Nous avons bénéficié de l’appui des pays amis, c’est tout.

Pourquoi tenez-vous toujours vos rencontres à la marie centrale. Etes-vous nostalgique de votre passage à la mairie ?

Non, au sein de notre ministère, nous ne disposons pas de salle adaptée. C’est pourquoi nous tenons nos rencontres ici. Sinon, cela n’a rien à voir avec la nostalgie. Avec la mairie, nous avons un partenariat gagnant-gagnant.

Le camp de Mentao ne constitue-t-il pas une menace pour la sécurité en raison des nombreux mouvements qui y sont constatés ?

De mon avis personnel, je crois qu’il faut déplacer ce camp-là. Il n’est pas exclu qu’il y ait des informateurs là-bas sur des coups qui se préparent contre notre pays. Nous avons peur que des gens ne se servent du camp à d’autres fins. Vous avez totalement raison et nous prenons bonne note. De concert avec les Forces de défense et de sécurité, nous aviserons.

Qu’en est-il de la rumeur qui fait état de la mise sur le marché de pommes empoisonnées par la secte islamiste Boko Haram ?

Là-dessus, nous avons interpellé le ministère en charge du Commerce pour qu’il fasse un démenti. Mais, cette rumeur peut aussi relever d’une stratégie car, les gens veulent que notre économie meure et que les populations sortent pour manifester dans la rue. C’est de la désinformation. Ce n’est pas la police qui a envoyé ce message.
(Ndlr : Après avoir relu le message qui a semé la panique, séance tenante, le directeur de la Police a indiqué qu’il n’a jamais communiqué un message de ce genre et a démenti l’information selon laquelle des fruits sont empoisonnés).

Adama SIGUE
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