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Conflit intercommunautaire dans le Bam
Publié le jeudi 4 fevrier 2016  |  Sidwaya




Un conflit entre Peulh et Mossé dans la commune rurale de Nasséré, province du Bam, débuté le 24 janvier 2016, a connu une exacerbation, le lundi 1er février, suite à l’interpellation d’auteurs présumés de coups et blessures ayant entraîné la mort d’un Peulh ce jour-là.

Un affrontement communautaire entre Peulh et Mossé, déclenché le dimanche 24 janvier 2016, a causé la mort d’un jeune Peulh et occasionné de nombreux dégâts matériels dans la commune rurale de Nasséré. A l’origine, un conflit foncier né après que la communauté Mossi aurait interpellé un Peulh du nom de Hamadou Sondé, afin que celui-ci arrête la construction de sa maison sur un terrain querellé. N’ayant pas obtempéré, des Mossé l’auraient agressé. Transporté d’urgence au CHU Yalgado Ouédraogo, il succombe à ses blessures, cinq jours plus tard, a expliqué Ali Sondé, chef peulh et père du défunt. «Nous avons l’habitude d’ériger un parc à bétail sur le site depuis des années. Mais je ne comprends pas pourquoi les Mossé s’opposent cette année à ce que mon fils construise sa maison sur le même site. Le terrain nous appartient et le chef de Bilga-Mossé l’avait même reconnu lors d’une rencontre. Dans tous les cas, ils veulent nous faire la force en nous dépossédant du bas-fond», a-t-il souligné. Suite au décès de Hamadou Sondé, le parquet de Kongoussi s’est saisi de l’affaire en déférant le 1er février 2016, six individus mis en cause. « Des proches de ses derniers ont exigé la libération des prévenus. N’ayant pas eu gain de cause, ils se retournent encore contre nous à Bilga (Fulbè) en incendiant nos cases, nos greniers et même nos volailles», a poursuivi le chef peulh. Depuis que la nouvelle menace d’affrontement s’est fait sentir, la communauté peulh s’est réfugiée dans la nature. «N’eut été la présence de la police, ils nous auraient tous exterminés», a soutenu le vieux Ali Sondé. Sur place, une dizaine de Peulhs armés de machettes et assis sous un arbre, avec la peur au ventre, ne savant plus à quel saint se vouer. En face, la communauté Mossé, une centaine de personnes environ, était armée de gourdins et de bâtons. Certains membres du groupe avaient enfilé leur tenue de guerre. Sur les lieux, on pouvait entendre des propos tels que: «Tuons-les tous pour avoir la paix dans ce village», «les peureux peuvent rentrer et laisser les courageux en découdre».

Plus de 50 ans de voisinage

Les Mossé livrent une autre version des faits. Selon leur porte-parole, François Sawadogo, «les mêmes Peulhs sont venus de Sika (un autre village de Nasséré) après avoir été chassés de la même manière ». Aux dires de celui-ci, c’est arrivés à Bilga, avec la bénédiction du Rissiam (le chef du canton du Rissiam, ndlr) que leurs ancêtres leur ont offert le bas-fond, il y a plus de 50 ans. «Mais depuis que ces Peulhs sont à nos côtés, ils ne cessent de compromettre dangereusement la paix sociale dans le village. A titre d’exemple, nous avons creusé un puits dans le bas-fond et les Peulhs l’ont refermé. Le grand-père de celui qu’on a tué a tabassé un de nos frères parce qu’il s’est aventuré dans le bas-fond », a rappelé François Sawadogo. Continuant son témoignage, il a fait savoir que Hamadou Sondé, la victime décédée, au lieu de se contenter de construire un parc à bétail sur le terrain litigieux, voulait coûte que coûte ériger une maison d’habitation. «Nous lui avons dit d’arrêter mais il n’a pas voulu et c’est là que l’affrontement est survenu avec tout ce que vous connaissez comme conséquences». Pour les sages du village, seul le départ définitif des Peulhs de Bilga et la libération des personnes détenues, en attendant leur jugement, peuvent ramener la paix. La police nationale de Kongoussi, soutenue par une équipe de Kaya, sert d’interface entre Peulhs et Mossis afin de parer à tout affrontement. A la dernière minute, la situation s’est calmée suite à une mission de reconciliation conduite par le secrétaire général de la province du Bam, Sahabani Zèba, le directeur provincial de la police nationale du Bam, Blaise Zangré et le préfet de Nasséré.


Asmado RABO
/AIB Kongoussi
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