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Mandat d’arret contre Guillaume Soro : peut-on trouver une solution politique à un problème judiciaire ?
Publié le mardi 2 fevrier 2016  |  Le Pays
Guillaume
© Autre presse par DR
Guillaume Kigbafori Soro,Président de l’Assemblée nationale ivoirienne.




En marge des travaux du 26e sommet de l’Union africaine (UA), Roch Marc Christian Kaboré et Alassane Dramane Ouattara (ADO) ont échangé sur la coopération bilatérale qui existe entre le Burkina et la Côte d’Ivoire. A cette occasion, le président du Faso a souhaité la consolidation des relations entre leurs pays. Il a par ailleurs émis le vœu que «les évènements qui ont pu se passer ça et là puissent être considérés comme relevant du passé». Invité à son tour à s’exprimer sur la question, ADO n’a pas voulu se prononcer. Mais si l’on s’en tient à l’adage selon lequel « qui ne dit mot consent », l’on peut en déduire qu’il adhère aux propos de son homologue burkinabè. De ce point de vue, l’on peut déjà saluer à sa juste valeur cette volonté commune de dissiper les gros nuages noirs qui, depuis la chute de Blaise Compaoré et plus particulièrement depuis le mandat d’arrêt contre Guillaume Soro, sont en passe, peut-on dire, d’obstruer le ciel ivoiro-burkinabè. En effet, tout le monde a intérêt à ce que les relations entre les deux pays soient les meilleures possible pour des raisons évidentes liées à l’histoire et à la géographie. A ces deux raisons s’ajoute le fait que les brassages des deux peuples ont atteint un tel niveau que l’on peut dire qu’ils constituent un même peuple. Personne n’a donc le droit de travailler à désunir ce que les contingences de l’histoire ont mis du temps à unir. C’est pour traduire cette réalité que d’aucuns, à juste titre, emploient l’image parlante suivante : «quand la Côte d’Ivoire éternue, le Burkina Faso s’enrhume et vice versa». Cela dit, l’on peut se permettre de tenter un décryptage de l’extrait suivant des propos de Roch Marc Christian Kaboré. «Faire en sorte que les évènements qui ont pu se passer ça et là puissent être considérés comme relevant du passé». Cet extrait peut susciter deux questions. La première est la suivante : est-ce à dire que la Côte d’Ivoire s’est dit disposée à collaborer avec le Burkina dans la manifestation de toute la vérité dans l’affaire du putsch manqué du Général Diendéré où, il faut le souligner, des vies de plusieurs Burkinabè ont été fauchées et dans laquelle la Justice burkinabè pointe du doigt la responsabilité de Guillaume Soro? La deuxième question est la suivante : est-ce que le Burkina va faire profil bas en renonçant purement et simplement au mandat d’arrêt lancé contre Guillaume Soro ?

Un règlement diplomatique de l’affaire doit se faire dans la dignité et le respect mutuel

La meilleure réponse à ces deux questions doit s’appuyer sur le postulat suivant : seules la justice et la vérité peuvent servir de fondement à une paix réelle et durable entre les deux pays. Dans le cas d’espèce, nul ne peut faire le reproche à la Justice burkinabè de chercher à entendre Guillaume Soro. Car de cela dépend l’élucidation de bien des zones d’ombre dans l’affaire du putsch manqué. Cela est d’autant plus nécessaire que certaines charges pour lesquelles des Burkinabè sont en détention aujourd’hui, sont liées aux entretiens téléphoniques qu’ils auraient eus avec le sieur Guillaume Soro. Ce dernier a donc intérêt à coopérer avec la Justice burkinabè pour apporter sa part de vérité. Et ceux qui brandissent la thèse selon laquelle la Justice burkinabè n’a pas, au regard du rang qu’il occupe, le droit de l’interpeller font fausse route. On a vu le président kenyan, Uhuru Kenyatta, faire le choix de se présenter devant la CPI à la Haye pour apporter la preuve qu’il n’est en rien responsable des crimes retenus contre lui dans le cadre de la crise post-électorale de son pays. Pourquoi alors certains considèrent-ils qu’émettre un mandat d’arrêt contre Guillaume Soro est un crime de lèse-majesté ? Ou bien, c’est parce qu’ils estiment qu’au regard de ce que la Côte d’Ivoire représente pour le Burkina, le pays des Hommes intègres doit renoncer à sa dignité au point de subir stoïquement tous les actes malveillants dans lesquels des personnalités ivoiriennes sont censées être impliquées. La paix, tout le monde doit la souhaiter dans l’intérêt des deux pays. Mais cela passe par le respect de la dignité des deux peuples. En tout cas, Roch Marc Christian Kaboré serait bien inspiré dans sa volonté légitime de normaliser les relations entre le Burkina et la Côte d’Ivoire de ne faire aucune obstruction au travail de la Justice de son pays. Non seulement, les réformes opérées par la Transition ne lui donnent aucune possibilité de le faire, mais le Burkinabè nouveau que les évènements des 30 et 31 octobre 2014 ont engendré pourrait percevoir cela comme un acte de haute trahison. Alassane Ouattara doit également s’inscrire dans ce schéma. Ce sera sa contribution à la lutte contre l’impunité et la violence en politique. Et au moment où son illustre prédécesseur est en train de comparaître à la Haye pour répondre de ses actes, ce n’est pas trop lui demander. Ce faisant, il traduira dans les faits la célèbre phrase du père de la Nation ivoirienne, Félix Houphouët Boigny, selon laquelle la paix n’est pas un vain mot mais un comportement. Pour toutes ces raisons, l’on peut avoir envie, en guise de conclusion, de poser la grande question suivante à propos du mandat d’arrêt émis contre Guillaume Soro : peut-on trouver une solution politique à un problème judiciaire ? Et dans le cas d’espèce, l’affaire des écoutes téléphoniques impliquant Guillaume Soro est avant tout un problème éminemment judiciaire, même s’il a des répercussions politiques évidentes. En tout état de cause, on est tous partants pour la paix, pour un règlement diplomatique de l’affaire mais cela doit se faire dans la dignité et le respect mutuel, sans que le visage de personne ne soit « versé par terre ».

Sidzabda
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