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Le Quotidien N° 788 du 11/6/2013

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CAMEROUN : Biya ou la méthode du couperet
Publié le mercredi 12 juin 2013   |  Le Quotidien




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Le régime camerounais vient de poser un acte qui mérite des applaudissements. Il n’a pas eu peur de faire passer par les fourches caudines de la Justice un de ses fidèles serviteurs. Le directeur général de la Société de développement de coton (SODECOTON) et président de la Fédération camerounaise de football(FECAFOOT) est en effet poursuivi pour malversations. Pour comprendre l’importance de la personnalité déchue, il faut savoir qu’en Afrique, ne dirige pas une société cotonnière et une fédération de football qui veut. Il faut être dans les grâces du chef de l’Etat. Toutes les deux structures sont hautement stratégiques même si elles ne jouent pas tout à fait le même rôle. La première est une pompe à fric, une vache à lait pour le régime, et la seconde, un instrument de mobilisation des foules à des fins politiques. Aussi étrange que cela puisse paraître, en Afrique, les fédérations de football ont un rôle hautement politique. Elles doivent entretenir la flamme populaire consécutive aux bonnes performances de l’équipe nationale. Et le premier bénéficiaire des succès n’est autre que le premier joueur de l’équipe, le président de la république. C’est dire à quel point Mohammed Iya était une personnalité de haut rang au Cameroun. Alors pourquoi cette chute brutale ? Depuis quelques années, force est de reconnaître que le président Paul Biya est l’un des rares chefs d’Etat africains à avoir engagé une lutte féroce contre la corruption. Son opération Epervier a fait de nombreuses victimes jusqu’au cœur même du régime. On peut donc penser que le tout-puissant patron de la SODECOTON et de la FECAFOOT est tombé entre les serres de l’Epervier. Il s’agit là d’une grosse prise que peu de pays donnent à voir dans la lutte contre la prévarication. Ce genre d’actions a une vertu préventive car elle peut susciter la peur chez les voleurs de la république. La traque des dignitaires véreux est l’une des meilleures preuves de l’engagement d’un régime Cela est au mérite du président camerounais.
Mais faut-il pour autant lui donner le bon Dieu sans confession ?En effet, l’action de lutte contre la corruption au Cameroun est quelque peu ternie par la nature même du régime. La longévité au pouvoir de Paul Biya et sa volonté d’y rester ad vitam aeternam jettent une ombre sur la sincérité de ses actes. La gouvernance politique est en effet gravement entachée par cette absence d’alternance au sommet de l’Etat. Et ce ne sont pas les quelques décapités de temps en temps, même au sein du sérail, qui changeront véritablement la perception que les Camerounais ont de leur classe dirigeante. Les longues absences du pays et les séjours fastueux dans des palaces européens donnent une très mauvaise image du chef de l’Etat camerounais. La gestion elle-même du pays laisse à désirer. En dépit de ses énormes potentialités, le Cameroun demeure un enfer pour bien de ses enfants. C’est à cette problématique que Biya doit s’attaquer s’il veut donner plus de crédit à son opération « mains propres ». Sinon, la suspicion planera toujours sur la chute d’un baron pour fait de détournement. On aura vite fait de parler de règlement de comptes, de coup d’éclats ou d’opération de marketing politique. Dans un tel contexte, les effets escomptés, à savoir créer la peur chez les détourneurs, ne sera pas atteint. Le cas de la dernière victime de Biya suscite à ce titre des interrogations. Depuis 1984 qu’il est à la tête de la SODECOTON, c’est seulement en mars dernier qu’on découvre un trou de 9 milliards de FCFA dans les comptes de la société. On rétorquera qu’il vaut mieux tard que jamais. Soit. Mais la coïncidence de cette affaire avec le bras de fer entretenu par M. Iya avec le gouvernement à propos de la FECAFOOT est troublante. Le ministère des Sports s’oppose en effet à une nouvelle candidature de M. Iya à la tête de la Fédération, ce que ce dernier refuse. Pour le ramener à la raison, rien de tel que de fouiner dans ses comptes.

A défaut de quitter le pouvoir, Paul Biya devra donc revoir sa copie s’il veut lever tous les doutes sur son action anti-corruption. L’exemple venant du haut, les Camerounais attendent des actes forts de leur président, pour se mettre eux aussi à l’heure de la transparence et de la bonne gestion. Or, le président se permet tous les excès, tout en demandant aux autres d’être vertueux. S’il veut pratiquer une gouvernance par la pédagogie, alors c’est raté. Au-delà de la réduction du train de vie de l’Etat, il est nécessaire de doter le pays de mécanismes, instruments et organes qui agissent en amont. Il y a ainsi des pays où même les cleptomanes savent à quoi s’en tenir, comme le Rwanda. Quand les mesures préventives instituées par le gouvernement sont bonnes, les actes délictueux dans la gestion des deniers publics sont réduits à leur plus simple expression. Dès lors, pas besoin d’opérations Epervier ou autres, pour alpaguer les détourneurs. Du reste, certains d’entre eux sont généralement des dignitaires ayant eu le malheur de tomber en disgrâce ou l’outrecuidance de lorgner le fauteuil du « big boss » .

La Rédaction

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