Accueil    Shopping    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Burkina Faso    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article



 Titrologie



Le Quotidien N° 787 du 10/6/2013

Abonnez vous aux journaux  -  Voir la Titrologie

  Sondage



 Autres articles


Comment

Politique

Negociation intermailennes : L’éternel dialogue de sourds
Publié le mardi 11 juin 2013   |  Le Quotidien


Crise
© AFP par AHMED OUOBA
Crise Malienne : Ouverture des négociations entre Bamako et groupes touareg
Samedi 08 juin 2013. Ouagadougou. Les négociations entre le pouvoir malien et les rebelles touareg qui occupent Kidal, dans le nord-est du Mali, se sont ouvertes sous l’égide de la médiation burkinabè.


 Vos outils




 Vidéos

 Dans le dossier

C’était une question de bon sens. Dans sa feuille de route, le médiateur de la crise malienne, Blaise Compaoré, a séquencé les négociations en deux grands rounds : un premier destiné à permettre la tenue de la présidentielle du 28 juillet sur l’ensemble du territoire national, y compris Kidal ; un second, certainement plus long, pour attaquer les questions de fond comme le statut de l’Azawad. Les négociations engagées le 8 juin dernier à Ouagadougou se mènent donc sur la base de ce schéma. Mais la première étape, a priori, la plus simple pourrait être difficile à se réaliser. L’organisation du scrutin dans les délais requis suppose, d’ici au 28 juillet, un cessez-le feu, un désarmement du MNLA, le redéploiement de l’administration et des forces de sécurité maliennes. La rébellion touarègue l’entend-elle de cette oreille ? Pas si sûr. En aparté, ses émissaires à Ouagadougou n’hésitent pas à confier que la tenue de la présidentielle n’est pas une priorité pour eux. Ils ne rêvent que de l’Azawad, ce pays ancré dans leur imaginaire depuis des décennies, et dont ils continuent d’entretenir le mythe. Pour le MNLA donc, seul est prioritaire le statut de l’Azawad. Dans sa situation actuelle, il y a derrière cette obstination du MNLA, des raisons stratégiques de survie. Le MNLA en désarmant et en libérant Kidal, ne dispose plus de monnaie de change face au pouvoir de Bamako. La méfiance, a toujours été, on le sait, la chose la mieux partagée entre les deux camps. Pourtant, le MNLA devrait être rassuré par la présence de la communauté internationale, dont il a lui-même exigé la caution, à ces négociations. Alors, de quoi a-t-il peur sinon de devoir une nouvelle fois revoir ses prétentions très à la baisse ?
En réalité, le MNLA est pris à la gorge. Pour la première fois, la France, son protecteur, semble montrer des signes de lassitude. Paris soutient ainsi énergiquement la tenue de la présidentielle à bonne date et sur l’ensemble du territoire malien. L’isolement du mouvement rebelle touareg est très évident sur la question des élections. Tout le monde pousse pour l’organisation d’une présidentielle le 28 juillet ou, à défaut, le plus tôt possible. L’avenir du Mali en dépend. Car la présidentielle sera l’acte fondateur de la renaissance d’un pays en ruines. Sans la restauration d’un pouvoir légitime, à travers un scrutin démocratique, le Mali continuera d’errer dans les limbes de l’Etat d’exception. Pire, il ne pourra bénéficier de la confiance et de l’appui de la communauté internationale pour relancer son économie et son processus de développement. La condition posée par la France et l’ensemble des bailleurs de fonds, c’est la tenue de la présidentielle. Si le MNLA croit pouvoir arrêter ou retarder le processus électoral, alors il se trompe lourdement. Personne ne souscrira à sa vision dont la finalité est de maintenir le pays dans la chienlit.
L’autre grand malentendu entre le MNLA et le reste du monde, c’est bien entendu l’idée de partition du Mali (il semble que même la France soit de plus en plus lassée des revendications indépendantistes des Touaregs). Tous les discours sont unanimes : aucune portion du Mali n’est négociable. Le monde s’est mobilisé pour l’exprimer aux djihadistes, en les boutant hors du pays. La même fermeté reste de mise avec le MNLA. Le gouvernement malien, en particulier, négociera de tout, sauf de l’intégrité du pays. En définitive, on est malheureusement enclin à penser que le conflit touareg ne connaîtra pas de fin de sitôt, tant les visions des deux parties sont fondamentalement opposées. Quel que soit le régime en place à Bamako, aucune concession ne se fera dans le sens de l’indépendance de l’Azawad. Il n’ y a aucun doute là-dessus. De son côté, le mouvement indépendantiste touareg ne conçoit pas une autre issue que la création d’un Etat de l’Azawad. Ce mythe est entretenu depuis toujours, et entretenu de génération en génération. Aujourd’hui encore, il est très vivace et prégnant. D’où l’éternel recommencement, les va-et-vient entre accords et conflits. Parce que le désaccord originel est insoluble, aucun accord de pays entre Touaregs et Maliens n’a tenu jusque-là. Blaise Compaoré, comme ses devanciers, ne peut pas faire de miracle. Il échouera aussi à arracher une paix durable tant que le MNLA ou tout autre mouvement touareg fera de l’indépendance de l’Azawad sa raison d’être. On signera certes un accord à Ouagadougou, parce que les uns et les autres y ont intérêt, mais il ne faut pas s’y tromper. La flamme de l’irrédentisme entretenue par certaines factions touarègues, conjuguée aux rivalités ethniques dans la région et à l’influence de certaines forces extérieures, ne s’éteindra pas de sitôt. Et si dialogue il y a, ce sera toujours un dialogue de sourds .

La Rédaction

 Commentaires