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Sécurité renforcée à Ouaga : entre peur, solidarité et manque de moyens
Publié le mercredi 20 janvier 2016  |  L`Observateur Paalga
Attaques
© aOuaga.com par G.S
Attaques du Splendid et du Cappuccino : un spectacle de désolation dans le périmètre
Samedi 16 janvier 2016. Ouagadougou. Avenue Kwamé N`Krumah. Voitures calcinées, façades noircies, chaussée encombrée ... tel est le spectacle de désolation dans le périmètre de l`attaque contre l`hôtel Splendid et le café-restaurant Cappuccino après l`assaut




« La lutte anti-terroriste fait désormais partie du quotidien des Burkinabè », a déclaré le président, Roch Marc Christian Kaboré, au lendemain des attaques terroristes qui ont coûté la vie, vendredi, à 30 personnes en plein centre-ville de Ouagadougou (bilan toujours provisoire). Quatre jours après, nous avons visité les principaux points sensibles du centre et du nord-est de la capitale, afin d’évaluer l’effectivité des nouvelles dispositions sécuritaires promises par le gouvernement. Voici le constat de notre inspection, entre peur, solidarité et manque de moyens.

Un seul vigile garde l’entrée de l’hôtel Pacific. Intrigués, nous arrêtons notre véhicule de reportage pour tester le dispositif. Sans même être fouillés, nous pénétrons dans le vaste hall bleu et blanc de cet établissement trois étoiles. Après quelques minutes, le premier responsable descend. Il se trouve être également le président de l’Association des professionnels hôteliers et restaurateurs du Burkina, (APHRB). « Nous allons bientôt lancer un plan en concours avec les autorités. Il ne faut pas devancer l’iguane dans l’eau », explique Mamadou Zoungrana, reçu dès lundi par le nouveau ministre de la Sécurité, Simon Compaoré.

Nous nous rapprochons du lieu des attaques. Quatre jours après ce tragique vendredi 15, l’avenue Kwame Nkrumah est toujours bouclée entre la SONATUR et la station Total. Seuls deux journalistes suisses enregistrent un duplex télévisé, sous la surveillance de nombreux militaires et l’œil amusé d’une demi-douzaine de badauds attablés dans le seul maquis déjà réouvert. En face du ministère de la Fonction publique, la porte de la Société nationale de gestion des stocks de sécurité alimentaire (SONAGESS) est ouverte. Nous entrons.

Après avoir simplement expliqué l’objet de notre visite et laissé une pièce d’identité à l’entrée, nous sommes autorisés à rencontrer le Directeur général. « Nous continuons à travailler normalement, si ce ne sont les chars devant l’entrée qui effraient les agents et dissuadent certains visiteurs », confie Julien Lompo. « Il ne faut surtout pas baisser les bras, et se plier aux nouvelles exigences : accepter de se garer un peu plus loin, de se faire fouiller ou d’être surveillé par des caméras. Il faut assumer cet esprit de prudence, tout en évitant l’autre extrême qui serait de jeter les gens en pâture ».



« Economiquement ça nous tue, mais la sécurité n’a pas de prix! »

De l’autre côté du rond-point des Nations unies, c’est un homme en arme qui nous accueille à la pizzeria « Le verdoyant », particulièrement prisée des expatriés. Bientôt, ce sera même des fils barbelés, des plots et un portail renforcé, prévient Alain Chapon, propriétaire du restaurant depuis plus de vingt ans. « Ce matin, nous avons également investi dans un détecteur de métaux, et nous allons instaurer des fouilles systématiques. Il faut absolument que ce soit visible, car ce sont des précautions avant tout psychologiques. Economiquement ça nous tue, mais la sécurité n’a pas de prix! », poursuit celui qui, malgré une fréquentation moribonde, a tenu à ouvrir son commerce coûte que coûte depuis dimanche.

Nous retraversons l’avenue de l’Indépendance, direction l’hôtel « La Palmeraie », face au siège de l’UEMOA. A peine avons-nous poussé la lourde porte en bois, nous sommes interpellés par deux policiers qui demandent à inspecter le contenu de notre sac. Hors micro, ils nous demandent expressément d’alerter le ministère de la Sécurité sur la faiblesse de leur armement : une Kalachnikov et un pistolet pour deux -nous apercevons tout de même deux gilets pare-balles posés sur le banc situé derrière eux. De même, ils pointent l’inadéquation entre leur formation à la Brigade anti-criminelle (BAC) et ce nouveau rôle de sentinelle amenée à affronter des terroristes lourdement armés.

Devant les ministères et l’ambassade de France, les gendarmes seront, quant à eux, fidèles à la réputation de la « Grande muette ». Du bout des lèvres, ils confirment simplement une augmentation depuis quelques jours de leur effectif et une amélioration de leur matériel. Et précisent, face à la Primature, qu’ils ont désormais troqué leur treillis « bleu courtois » contre la « tenue de guerre » marron et verte. Nous remarquons également la présence d’un soldat casqué, mitraillette en bandoulière, devant la guérite de la grande entrée.



Université sans défense

Nous poursuivons notre inspection en nous introduisant sans problème sur le campus de l’Université Ouaga 1-Pr Joseph Ki-Zerbo. C’est même à nous de venir troubler le gardien dans son déjeuner pour qu’il nous conduise, désertant son poste sans souci, jusqu’au responsable de la sécurité. « J’ai durci les consignes, mais les moyens n’ont pas été augmentés », déplore Mamadou Traoré, qui a sous sa coupe une centaine de cerbères…sans matraques ni couteaux. « Et pourtant, si l’objectif des terroristes est de tuer un maximum de personnes, c’est dans ces amphithéâtres où se massent des centaines d’étudiants qu’ils risquent de frapper. Je l’ai signalé à mon supérieur hiérarchique ; il m’a rétorqué que nos ressources financières étaient insuffisantes ». Dehors, des étudiantes nous raconteront qu’une mini-détonation a suffi à provoquer, le matin-même, un début de panique.

L’ambiance est beaucoup plus apaisée devant l’hôtel Silmandé, où pas moins de 18 policiers de la BAC sécurisent les lieux. Leur nombre, déjà revu à la hausse après l’attaque du Radisson Blue de Bamako en novembre, a de nouveau grimpé après l’attentat de vendredi au Splendid hotel. Là aussi, une clôture, des caméras de surveillance et des portiques équiperont bientôt tout le domaine. Néanmoins, un groupe de 37 Américains vient d’écourter son séjour d’une semaine, avec le manque-à-gagner que cela représente pour la trésorerie.

Enfin, plus près du centre-ville, l’hôtel « Les palmiers » est, quant à lui, le seul que nous avons visité à ne pas avoir enregistrer une chute des réservations. « Après avoir contacté tous ceux qui doivent venir en février, le taux de remplissage est toujours maintenu autour de 60%. C’est sûrement dû au fait que la plupart de nos clients sont des habitués », détaille le maître des lieux, Patrick Duval. Question sécurité, l’établissement bénéficie (au moins la journée) de la protection des forces de l’ordre en faction devant le lycée français voisin. Un lycée français qui n’avait d’ailleurs toujours pas rouvert ses portes mardi, faute de garanties sécuritaires suffisantes…

Thibault Bluy
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