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Maxime Kaboré : « l’opposant modéré » qui peut employer des journalistes !
Publié le lundi 10 juin 2013   |  Burkina 24


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© aOuaga.com par A O
Le parti indépendant du Burkina (PIB) de Maxime Kaboré est pour la création d`un Sénat
Vendredi 07 juin 2013. Ouagadougou. Le président du parti indépendant du Burkina (PIB) Maxime Kaboré a animé une conférence pour donner sa position sur le débat relatif au Sénat.


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Il est vrai que certains journalistes ternissent l’image de la corporation et donnent matière à injure à certaines personnes. Mais le mercure de cette semaine n’a pas pu s’empêcher d’être chauffé à blanc par les propos d’un homme politique burkinabè à l’égard d’un journaliste. Il s’agit de Maxime Kaboré, le président du Parti indépendant du Burkina (PIB), qui, au lieu de répondre à une question que le confrère lui a posée, a tenu un discours dont il pouvait bien se passer.

Maxime Kaboré, l’employeur d’Européens !

Le Président du PIB a convié les journalistes (qui ont daigné accepter) le 7 juin 2013 à une conférence de presse sur le sénat, dont les charmes l’ont séduit, selon ses aveux. Dans la phase « questions-réponses », un journaliste de Sidwaya lui pose cette question : « Si on vous proposait d’être sénateur, accepterez-vous quand on sait que vous, président du PIB, candidat aux présidentielles de 2010, vous n’avez pas encore justifié les 28 millions qui vous avaient été alloués ? Ce ne serait pas à votre avis un mauvais exemple pour la démocratie burkinabè ? »

L’air paniqué, puis furax, voici ce que le Président du PIB a balancé au visage des journalistes, in extenso : « Je travaille moi. Je ne suis pas à la recherche du travail, moi. Quand on dit que je n’ai pas justifié les 28 millions, c’est encore de la manipulation. C’est plutôt quelqu’un qui n’a pas déposé à temps. Il faut arrêter de tomber dans l’amalgame.

« Je peux même vous engager à travailler »

J’ai dépensé plus de 62 millions et c’est consigné dans mon dossier déposé à la cour des comptes. Ne venez pas me prendre simplement pour un mendiant larmoyant. Je suis un cadre, j’ai des employés en Europe là-bas qui travaillent. Ma caution, je l’ai payée bien avant, j’ai dépensé au-delà de 62 millions. Donc, à ce niveau, venir ventre en l’air s’assoir pour dire que je n’ai pas justifié les 28 millions, je pense qu’il faut éviter de dire tout et n’importe quoi. Il faut éviter de faire du journalisme de sensation, il ne faut pas être émotionnel.

Je pense que vous avez beaucoup de qualités et je suis étonné que vous tombiez dans des raccourcis intellectuels qui frôlent la malveillance et la mauvaise foi. Mais je vous en fais grâce parce que vous êtes habitués à ces polémiques. Si ça vous aide à être dans la pourriture, moi c’est votre problème. Vous savez qui je suis ? Je peux même vous engager à travailler. J’ai des employés en Europe. »

Après ces propos, un journaliste a demandé au conférencier de s’excuser auprès de son confrère. Maxime Kaboré a refusé, prétextant qu’il savait ce qu’il disait. Soit.

Et si on commençait par employer les Burkinabè ?

Cependant, pour l’information de l’opinion, il suffisait de dire que ces 28 millions de F CFA ont été justifiés (quoiqu’il qu’il est curieux de mettre autant de temps à justifier une somme si elle a été bien utilisée). Nul besoin non plus de préciser son état de riche employeur qui nourrit des Européens (d’ailleurs, pourquoi avoir accepté les 28 millions ? Cette somme aurait pu profiter à d’autres politiciens pas autant riches). Mais au-delà, c’est le ton et les mots utilisés qui dénudent l’information de son intérêt et l’habillent des vêtements de l’arrogance.

S’il est sensationnel au point de tomber dans « la pourriture » de dire à l’opinion qu’un leader politique qui prétend présider aux destinées du Burkina ne justifie pas les deniers qu’il « emprunte » au peuple, autant supprimer la presse. Les employés de cette presse trouveraient également plus judicieux que Maxime Kaboré cherche ses employés parmi les millions de jeunes Burkinabè qui sont sans emploi (ils sont plus de 500 000 à postuler aux concours directs cette année pour moins de 12 000 postes à pourvoir). En cela, il fera plus œuvre utile que de payer des journalistes « émotionnels » qui iront « s’asseoir ventre en l’air » pour poser des questions qui dérangent la conscience de certaines personnes.

Désinvolte à l’égard de la presse

Ce n’est pas la première fois que Maxime Kaboré a cet air désinvolte avec la presse. Ce n’est pas non plus la première fois que « l’opposant modéré », qualifié par certains observateurs de « plaisantin » dont la position dans ou hors de l’opposition flotte dans les vapeurs de l’ambiguïté, traite des confrères avec un mépris insultant.

Sur cette question du sénat où tous les opposants (y compris ceux qui roulaient pour la majorité présidentielle) ont pris une position claire et nette, l’opposant « modéré » trouve des charmes à la deuxième chambre du Parlement. Mais comme il n’est pas « un mendiant larmoyant » et qu’il a des « employés en Europe là-bas qui travaillent », l’on peut croire qu’il est seulement tombé amoureux du sénat par pure conviction. Comme on dit, à chacun sa politique.

Pour le reste, il est déplorable qu’après la rue, ce soit des hommes politiques qui s’en prennent aux journalistes. Qu’arrivera-t-il s’ils doivent présider aux destinées du Burkina ?

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