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Cheick Boureima Kirakoya à propos de l’attaque terroriste à Ouagadougou : « Nulle part dans le Coran, il n’est fait pédagogie de la violence et du mal »
Publié le mardi 19 janvier 2016  |  Le Quotidien




Cheick Boureima Kirakoya qui est également ambassadeur de paix nous a accordé un entretien suite à l’attaque horrible perpétrée par les terroristes sur l’avenue Kwameh N’krumah. Il s’est indigné contre cette horreur infligé au peuple Burkinabè par les « fous de Dieu » au cours de l’entretien le 17 janvier 2016. Qu’à cela ne tienne, il a exhorté les nouvelles autorités à prendre à bras le corps la question sécuritaire afin de réussir à produire des résultats dans un climat de paix. Pour réussir ce défi, selon lui, il faut une implication des forces vives de la nation et surtout de l’ensemble des populations.
Présentez-vous à nos lecteurs ?

Je suis Cheick Boureima Kirakoya, président national de la Fédération internationale des ambassadeurs de la paix mondiale au Burkina

Le Burkina a vécu des attaques terroristes notamment à Ouagadougou et cela a entrainé plusieurs victimes. Comment avez –vous vécu ces événements qui se sont produits, le 15 janvier 2016, sur l’avenue Kwameh N’krumah ?

C’est avec beaucoup d’amertume que nous avons appris les événements malheureux survenus sur l’avenue Kwameh N’krumah dans les hôtels Splendid, Yibi et au restaurant Cappuccino. C’est une grande première. Cela est d’autant décourageant lorsqu’on se souvient que de par le passé, c’est le Burkina Faso qui intervenait pour permettre aux pays qui vivaient ces genres d’attaques à se remettre. Nous condamnons ces actes terroristes avec la dernière énergie. Nous demandons aux différents acteurs de la société burkinabè, notamment les chefferies coutumières, les autorités religieuses de toutes les sensibilités de s’impliquer activement en vue de permettre de trouver une solution à ce problème. Nous appelons les populations à plus de collaboration avec les forces de l’ordre du Burkina Faso pour que la question sécuritaire puisse être résorbée.

L’attaque terroriste a été revendiquée par AQMI, un groupe islamique. La religion revendique-t-elle véritablement de tels actes de ses fidèles ? Quelle analyse vous en faîtes en tant que connaisseur et praticien de la religion ?

Nous nous inscrivons en faux par rapport aux motivations malsaines avancées pour justifier tel ou tel acte. Dans la religion, lorsqu’on se voit, on salue en ces termes : « Ashalam malekoum ». Ce qui signifie que la paix règne avec vous ou que Dieu vous protège. A partir du moment où on demande que la paix soit avec soi, on ne peut plus être tueur. Dans l’islam, si quelqu’un tue une seule personne, il va dans l’enfer pendant mille ans. Nous ignorons le mobile des actions des terroristes. C’est pourquoi, nous demandons que ceux-ci puissent laisser le Burkina Faso en paix. C’est vrai qu’on parle de groupe islamique mais il faut noter que la religion de l’islam n’a jamais recommandé de tels actes ignobles. L’islam n’enseigne pas le mal. Nulle part dans le coran, il n’est fait pédagogie de la violence et du mal.

Pensez-vous que l’attaque terroriste a des mobiles politiques ou religieux?

Notre pays vient de vivre des élections démocratiques et transparentes et nous n’avons d’autres ambitions que de mettre notre pays sur le chemin du développement. Nous demandons que les acteurs politiques arrêtent les vengeances. Si j’ai un bon souvenir, nous sommes à la quatrième attaque suite à celle de Samorogouan vers Oradara pendant la Transition, celle de Gorom-Gorom et de Djibo avec l’enlèvement du couple blanc. Nous pensons que la priorité de faire en sorte que notre pays soit engagé sur le chantier du développement. Nous souhaitons que les nouvelles autorités fassent la promotion de la concorde entre les acteurs religieux et à travailler pour promouvoir la paix. Chaque citoyen devrait œuvrer dans ce sens pour épauler le gouvernement en dénonçant systématiquement toute action suspecte auprès des autorités sécuritaires. Nous ne disons pas que ce sont des actions politiques ou pas. C’est une réalité à laquelle nous sommes confrontés et nous devrons agir pour trouver les solutions idoines. Nous avons appris par presse interposée que les djihadistes ont menacé tous les pays qui ont des affinités avec la France. Ce qui est important, c’est l’implication des chefs coutumiers comme le Mogho naaba, les personnes ressources, les imams, les évangélistes pour l’assise de la paix dans notre pays.

« Nous ne souhaitons pas qu’il y ait des accusations. Cela à notre entendement, conduit à la mésentente qui peut être source de chaos »

En ce qui vous concerne en tant qu’ambassadeur de la paix, quel rôle jouez-vous exactement dans ce sens?

Nous demandons au président du Faso Roch Marc Christian Kaboré, au président de l’Assemblée nationale Salifou Diallo, au Premier ministre Paul Kaba Thiéba, au ministre d’Etat, Simon Compaoré et au Larlé Naaba Tigré de s’engager à calmer les ardeurs. Nous ne souhaitons pas qu’il y ait des accusations. Cela à notre entendement, conduit à la mésentente qui peut être source de chaos. Le président Roch a été démocratiquement élu et c’est lui qui peut, avec toute son équipe, convoquer les responsables spirituels et coutumiers à s’impliquer pour promouvoir la paix dans notre pays. Nous connaissons le président Roch qui est un homme patient et rassembleur. Nous n’avons pas encore entendu son nom dans une affaire louche. C’est la même chose pour Salifou Diallo. Depuis que celui-ci a quitté le CDP, vous avez vu comment ce parti politique est parti presqu’en lambeaux. Simon Compaoré également a fait ses preuves lorsqu’il était à la mairie de Ouagadougou. Autant qu’ils sont, ils sont tous pétris d’expériences et peuvent travailler à faire promouvoir la paix et le développement du Burkina.

La question sécuritaire est devenue une préoccupation majeure au moment où Simon Compaoré est le ministre de l’Intérieur pour attaquer aux problèmes de sécurité. Qu’en pensez-vous ?

Nous avons pensé qu’au niveau du ministère de la Sécurité, c’est un militaire qui allait être aux affaires. Simon Compaoré peut être à la hauteur mais nous savons que la question de la sécurité est difficile. La question de terrorisme est une véritable nébuleuse. Nous faisons confiance à nos autorités, qui, nous croyons vont trouver les solutions nécessaires pour réduire voire anéantir ce fléau sous nos cieux.

Comment les ambassadeurs de la paix sont organisés en réseau pour résoudre les questions relatives à la paix?

Nous avons une représentation au Niger, au Mali, au Sénégal et même aux Etats Unis à New York. Si nos autorités estiment que nous pouvons les aider, nous sommes disponibles pour le faire. Nous pouvons, à travers une synergie d’actions avec nos camarades au niveau national et international, prêter main forte à nos responsables politiques pour l’ancrage de la paix. Nous avons introduit auprès du président du Faso, une audience pour proposer dans quelle mesure, nous pouvons apporter notre pierre à l’édification d’une société paisible au Burkina Faso. De par le passé, nous avons travaillé pour sensibiliser les élèves et étudiants à des actions pacifiques. Nous avons sillonné le pays pour apprendre à nos enfants que de détruire les biens publics, est négatif pour eux-mêmes qui constituent la relève pour le futur.

Quel appel lancez-vous aux populations ?

Nous invitons les forces de l’ordre à renforcer les systèmes de contrôle. Nous appelons à l’apaisement et à la culture de la paix. Cela passe également par le contrôle des discours qui doivent être conciliateurs. Nous encourageons une fois de plus les populations à une franche collaboration avec les forces de l’ordre. C’est à cette seule condition qu’on pourrait prévenir les dangers. Nous signalons que dans notre pays, nous n’avons aucun problème entre les différentes sensibilités religieuses, que cela soit les catholiques, les musulmans ou même les coutumiers. Par conséquent, nous demandons aux djihadistes de nous laisser construire notre pays paisiblement1


Propos recueillis
par Joseph Bolomn
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