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Attaques terroristes au Burkina : Bâtir désormais une stratégie offensive
Publié le mardi 19 janvier 2016  |  Le Pays
Attaques
© aOuaga.com par G.S
Attaques du Splendid et du Cappuccino : un spectacle de désolation dans le périmètre
Samedi 16 janvier 2016. Ouagadougou. Avenue Kwamé N`Krumah. Voitures calcinées, façades noircies, chaussée encombrée ... tel est le spectacle de désolation dans le périmètre de l`attaque contre l`hôtel Splendid et le café-restaurant Cappuccino après l`assaut




Vigilance et anticipation. Tels doivent être les maîtres-mots désormais au Burkina Faso. Après la vague d’attaques terroristes qui ont secoué le pays des Hommes intègres, plus rien ne devrait être comme avant. Il y aura un avant et un après 15 janvier 2016 dans l’approche sécuritaire du pays. Certes, des attaques terroristes avaient déjà été perpétrées dans le pays, notamment à Oursy et à Samorogouan pour ne citer que celles là. Mais, avec les attaques contre un convoi de la gendarmerie à Tin Akoff, l’enlèvement d’un couple australien à Djibo et les attentats contre l’hôtel Splendid et le Cappuccino, le même jour, la preuve est désormais faite que le Burkina est dans l’œil du cyclône djihadiste. La menace qui, jusque-là, se faisait vague, a fini par se matérialiser, confirmant, si besoin en était encore, qu’aucun pays n’est à l’abri de la barbarie terroriste.
A présent, il faudra se convaincre que l’anticipation est la meilleure arme pour endiguer la menace ou, à tout le moins, la réduire à sa plus simple expression.

On ne devrait plus voir quelques agents de sécurité accrocher leur gilet pare-balles à un arbre

Dans l’urgence, la sécurisation des cibles potentielles doit être une priorité. Ecoles, lieux de culte, entreprises de presse, autres infrastructures stratégiques du pays, doivent, à présent, être surveillés comme du lait sur le feu. On ne devrait plus jamais avoir affaire à des vigiles et autres gardes de lieux publics et autres forces de sécurité oisifs au point d’oublier leurs missions. Car, que n’a-t-on pas vu de par le passé ? Des hommes de sécurité allant même jusqu’à se déchausser ou à déposer leurs armes où ils veulent. De telles attitudes sont contraires à la nécessité pour eux, de parer à toute éventualité en cas de danger. On ne devrait plus non plus, voir quelques agents de sécurité accrocher leur gilet pare-balles à un arbre, sous prétexte qu’il est lourd. Il est nécessaire de rompre avec certaines mauvaises habitudes qui fragilisent nos dispositifs sécuritaires. La culture du relâchement, du laxisme, doit désormais être bannie. On ne peut plus se permettre de baisser la garde quand on sait que l’ennemi rôde et attend la moindre inattention pour frapper.
Pendant longtemps, comptait beaucoup plus la sécurité du chef de l’Etat. Il est grand temps de revoir les choses. Les populations ont également besoin d’être davantage en sécurité. Et cette dimension doit en plus être développée. Et ce n’est pas dans une posture défensive que cela se fera. Du reste, l’ennemi ne nous laisse guère le choix. Il est imaginatif, difficile à saisir. C’est déjà tard quand il passe à l’action. L’expérience a montré qu’en la matière, on est déjà abattu quand on est obligé de réagir. Les difficultés relevées par les forces de défense et de sécurité pour être opérationnelles en temps record face aux attaques sur l’avenue Kwame N’Krumah, montrent à souhait la nécessité de ne pas être dans la réaction, mais dans l’action. Même les pays les plus puissants militairement, ont du mal à stopper la machine terroriste dans sa folie meurtrière lorsqu’elle est lancée contre une cible.
Il faudra donc désormais bâtir une stratégie offensive
avec comme adjuvant essentiel, le renseignement. C’est en cela que la décision du gouvernement d’opérationnaliser au plus vite l’Agence nationale de renseignement (ANR) est une bonne chose. « Il faut balayer la maison pour ne pas donner raison au scorpion », dit en substance une sagesse de chez nous. Les autorités burkinabè devraient s’employer à relever le niveau de sécurité du pays, à colmater les failles et les brèches dans le dispositif afin de priver les islamistes des boulevards dont ils rêvent pour commettre leur sale besogne.

La corruption dans la circulation routière doit être combattue avec la dernière énergie

Ces islamistes, faut-il le dire, ont certainement été quelque peu aidés par le flottement qui a précédé l’installation des nouvelles autorités. Du reste, bien des Burkinabè avaient déjà décrié le laxisme sécuritaire qui avait entouré la cérémonie d’investiture du nouveau président du Faso. On a agi comme si on était à l’abri de toute menace alors même que c’est le contraire, le terrorisme n’ayant pas de frontières.
C’est vraiment une lapalissade de dire qu’il faudra revoir les mesures sécuritaires du pays dans leur ensemble, si tant est qu’on veuille disposer d’informations utiles à la nécessaire anticipation. Ainsi, la surveillance sur nos axes routiers doit être revue. Sans qu’il soit besoin de remettre en cause la libre circulation des personnes et des biens, les fouilles des véhicules doivent s’intensifier et se généraliser. En d’autres termes, les voitures de particuliers et même les véhicules de l’Administration publique civile, communément appelés « fonds rouges », devraient être inspectés comme il se doit. On ne sait jamais où peut se cacher une complicité active ou passive. Pour ce qui est de l’identification des individus voyageurs notamment, il faut également durcir les contrôles. C’est une question de sécurité nationale et les contrôles doivent être proportionnels à l’enjeu. Il va sans dire que la corruption dans la circulation routière, doit être combattue avec la dernière énergie, comme toute corruption d’ailleurs.
De plus, pour ce qui est des grands centres urbains, notamment Ouagadougou, il importe d’améliorer la surveillance à l’intérieur même. Les nouvelles autorités devraient installer davantage de caméras dans ces lieux publics pour des besoins de sécurité du pays. Ces caméras pourraient aider à s’assurer que des ennemis de la République n’échappent pas à la vigilance des forces de défense et de sécurité. Ces dernières devraient également développer et aiguiser leurs compétences en termes de collecte et de traitement des données et des renseignements. Bien entendu, il serait illusoire de croire que cela permettra de parvenir au risque zéro. Même les pays les plus équipés en logistique et en services de renseignements ne sont pas à l’abri des terroristes. Mais ce sera déjà quelque chose. Le caractère asymétrique de la guerre que les djihadistes imposent aux nations, rend la situation compliquée. Mais, la qualité du renseignement devrait permettre au Burkina de mettre en échec des tentatives d’attentats et de décourager l’ennemi.
Dans cette stratégie offensive, les populations ont un rôle énorme à jouer. Elles devraient constituer les yeux et les oreilles des Forces de défense et de sécurité partout et en tout temps. Il faut, de ce fait, de la discipline, du civisme, de la vigilance, un esprit de collaboration. Les populations ne doivent, sous aucun prétexte, hésiter à dénoncer toute personne, toute activité qu’elles ont des raisons de suspecter. Mieux vaut une alerte qui se révèle fausse qu’un silence qui pourrait constituer un laissez-passer pour des terroristes. Seule une telle stratégie offensive et rigoureuse de tous les instants, qui impliquerait ainsi forces de défense et de sécurité et populations, peut porter un coup dur et durable à la nébuleuse islamiste.

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