Saint François de Tombouctou : Apôtre de la paix pour avoir fait la guerre #aOuaga

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Saint François de Tombouctou : Apôtre de la paix pour avoir fait la guerre

Publié le jeudi 6 juin 2013 | L’Observateur

© AFP par ETIENNE LAURENT
Cérémonie de remise du prix Félix Houphouët Boigny à François Hollande
Mercredi 05 mai 2013. Paris. Plus de dix chefs d`Etat africains assistent à la cérémonie traditionnelle du prix international Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix, décerné, chaque année, depuis 1991, par un jury d`experts. Photo : Le président français François Hollande prononçant son discours.

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Le président de la République française, François Hollande, a reçu, hier mercredi 5 juin 2013, le prix Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix. Comme Barack Obama en 2009 pour son prix Nobel de la Paix, c’est dès la première année de son mandat que le locataire de l’Elysée a reçu sa marque de reconnaissance internationale.

Cette distinction honorifique, dotée d'une enveloppe de 122 000 euros, soit près de 80 millions F CFA, est une initiative née de l'UNESCO en 1989 «pour saluer les efforts des personnes vivantes, institutions ou organismes privés en activité ayant contribué de manière significative à la promotion, à la recherche, à la sauvegarde ou au maintien de la paix, dans le respect de la charte des Nations unies et l'Acte constitutif de l'UNESCO».

Par le passé, des personnalités comme Nelson Mandela et Frédéric De Klerk (1993), Yitzhak Rabin (Premier ministre d'Israël), Shimon Peres (ministre des Affaires étrangères de l'Etat hébreu) et Yasser Arafat (1994), Jimmy Carter et Abdoulaye Wade du Sénégal sont montées sur la haute marche du podium pour recevoir cet insigne honneur.

François Hollande vient donc d’inscrire son nom sur cette prestigieuse liste pour "sa contribution à la paix et à la stabilité en Afrique", notamment par sa décision de faire intervenir l'armée française contre les groupes armés qui s’étaient emparés du nord malien. C’est donc en chef de guerre que le président français entre dans le cénacle des apôtres de la paix. D'abord à Tombouctou lors de son récent voyage où il a été vénéré comme le 334e saint de la ville.

En effet, grâce à l’opération «Serval» du nom de l’intervention française au Mali, les djihadistes qui menaçaient la paix, la stabilité et la sécurité du pays de Modibo Kéita et de l’ensemble de la sous-région ouest-africaine ont été sérieusement ébranlés. Même si leur capacité de nuisance n’a pas pour autant été complètement annihilée. En témoignent les attentats-suicides enregistrés à Gao et à Tombouctou, la prise d’otages sur le site gazier d’In Amenas en Algérie et la récente double attaque d’Agadez et d’Arlit au Niger. Hasard du calendrier ?

L’illustre récipiendaire a à peine reçu son prix pour ses efforts en faveur de la paix au Mali que les bruits des canons ont repris dans le nord de ce pays, le gouvernement de Bamako ayant décidé de lancer l’assaut contre le MNLA, qui a toujours refusé toute présence de l’armée malienne et de l’administration nationale à Kidal.

N’empêche, c’est avec une légitime fierté que le «général Hollande» a goûté aux plaisirs de son triomphe hier au siège de l’UNESCO. En présence de nombreux chefs d’Etat africains dont les pays étaient également sous la forte menace des fous d’Allah : ainsi de l’Ivoirien, Alassane Ouattara, du Mauritanien, Ould Abdel Aziz, du Burkinabè, Blaise Compaoré, du Tchadien, Idriss Deby, dont les troupes ont combattu auprès des soldats français, et bien sûr du Malien, Dioncounda Traoré.

Vue sur un autre plan, cette distinction n’est pas sans rappeler cet adage qui dit que «nul n’est prophète chez soi».

En effet, c’est à partir des terres africaines que le locataire de l’Elysée, «chef d’Etat le plus impopulaire de la Ve République», se hisse au pinacle. C’est quand même réconfortant pour un homme qui ne cesse de plonger dans les sondages sans vraiment savoir si un jour il y remontera de quelques points.

Après ce bref instant de bonheur dans le Nirvana africain, retour pour François Hollande dans l’enfer des affaires domestiques. Même s'il a été nouvellement sacré apôtre de la paix, aucune période de grâce ne lui sera accordée. Et il le sait.

Adama Ouédraogo Damiss

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