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Justin Damo Baro, ancien ‘’patron’’ du nouveau premier ministre : « Le Burkina a besoin d’un grand fouet au plan économique »
Publié le vendredi 8 janvier 2016  |  Le Quotidien




Justin Damo Baro, ancien gouverneur de la BCEAO par intérim connaît bien le Premier ministre qui vient d’être nommé. Pour avoir été son supérieur hiérarchique au sein de la Banque centrale, Justin Damo Baro est convaincu que l’économiste devenu monétariste saura conduire le Burkina vers des lendemains meilleurs. Mais pour cela, il conseille à son jeune frère l’écoute et la participation de tous les Burkinabè car seul il ne pourra pas relever les défis économiques et sociaux du Burkina.

Le Quotidien : Le Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, vient de nommer Paul Kaba Thiéba Premier ministre du Burkina. Comment avez-vous accueilli la nouvelle ?

Damo Justin Baro : Je me suis réveillé comme tous les Burkinabè avec la nomination du Premier ministre. Je l’ai écouté d’abord sur RFI puis sur radio Oméga. Vraiment, nous étions tous rivés sur cette nomination. Nous attendions la fumée blanche. Avec la nomination, c’était la relaxe généralisée. J’ai été très agréablement surpris parce que Paul Kaba Thiéba est un cadre de la Banque centrale avec qui j’ai travaillé en très bonne intelligence. Je peux dire, sans me tromper, qu’il faisait partie de mes plus proches collaborateurs. Certains Burkinabè et cadres de la Banque, pour rentrer en contact avec moi, passaient par lui. J’étais très content de lui. Nous nous sommes appelés, le 1er janvier 2016 pour nous souhaiter les meilleurs vœux. Paul Kaba Thiéba était un cadre très intelligent. Il est économiste de formation. Par la force des choses, il est devenu monétariste. Il a travaillé à côté de moi et j’ai bien apprécié tous ses arguments. J’ai toujours été satisfait de tout le travail qu’il a fait à mes côtés. Avant que je ne sois gouverneur par intérim de la BCEAO, il avait déjà montré sa capacité. C’est la raison pour laquelle, il était adjoint de son service qu’il a géré avec brio. Je pense que eu égard à son ouverture d’esprit et à son intelligence, il réussira sa mission. Nous n’avons d’ailleurs jamais rompu les relations. Quand je vais à Dakar et que je l’appelle, il vient tout de suite. En ce qui concerne ses capacités à relever les défis, je ne doute pas un seul instant parce qu’il a les capacités intellectuelles et il n’est pas seul. Je ne sais pas qui tout seul peut réussir à être Premier ministre ? Il a une équipe qui va travailler à ses côtés. L’objectif de sa mission n’est pas de venir résoudre tous les problèmes du Burkina et immédiatement. Ce que l’on lui demande, c’être un bon leader et manager pour faire travailler ses collaborateurs. Entouré comme il se sera, je suis convaincu qu’il pourra apporter beaucoup au Burkina.

Pour avoir été monétariste, est-ce un atout particulier pour la réussite de sa mission ?

Je vous ai dit qu’il est économiste avant de devenir monétariste parce qu’il a géré la politique monétaire et du crédit au niveau de la Banque centrale. Dans ce contexte, vous connaissez l’importance de la Banque centrale dans la gestion de nos différentes économies. Le Premier ministre ivoirien Kablan Duncan Daniel a été un ancien de la BCEAO. Le Mali aussi a eu pour Premier ministre un ancien de la Banque centrale. Kadré Désiré, ancien Premier ministre du Burkina aussi. On pourrait bien citer beaucoup d’exemples. Je ne pense pas que toutes ces personnalités aient démérité le fait d’avoir été Premier ministre. En me basant sur ces démonstrations par récurrence, je pense que Paul Kaba Thiéba devrait pouvoir s’inscrire en droite ligne de tous ces prédécesseurs. Je suis sûr qu’en important les méthodes de la Banque centrale et en ajoutant celles de l’administration burkinabè, il s’en sortira. Le Burkina a besoin actuellement d’un grand fouet au plan économique pour relancer notre économie qui a de petites difficultés. Je pense qu’il saura relancer rapidement cette machine afin que l’on sente un dynamisme revenir dans le pays et même atteindre des niveaux de croissance appréciables.

Est-il l’oiseau rare qui puisse répondre aux nombreuses attentes des Burkinabè sur le plan social notamment ?

C’est vrai que les problèmes sont multidimensionnels. Mais il faut souligner que l’économie est à la base de cela. Les problèmes sociaux sont généralement l’amélioration des conditions de vie des populations et les conditions matérielles des agents afin que ceux-ci sentent le panier de la ménagère s’améliorer. Il faut nécessairement insuffler une croissance qui puisse nous permettre d’avoir un vrai enrichissement de la population. Il faut dégager un surplus pour pouvoir investir dans les infrastructures socio-économiques, éducationnelles et sanitaires. Je pense que tous ces problèmes vont être pris en charge. Effectivement, la situation est particulièrement difficile à partir du moment où le pouvoir revient après une insurrection populaire. Les gens ne se sont pas battus pour rien. Ils ont eu de très bonnes raisons de se battre. Ils s’attendent à voir leur situation s’améliorer. Cela constitue un véritable défi pour le nouveau Premier ministre. Comme je l’ai dit à un jeune frère sous la Transition, la jeunesse a combattu. Le pouvoir qui a été mis en place, elle estime y avoir participé. Il est normal qu’elle voit une certaine amélioration de ces conditions de vie. Cela se conjugue en termes de création d’emplois rémunérés et d’auto-emplois. Dans ce contexte, nous saluons la lutte qui a été menée par la jeunesse. Souvent ce qui est malheureux est que c’est une jeunesse qui n’attend pas. La patience n’y est pas. Tout le monde attend. Effectivement, le Premier ministre n’aura pas trop de répit. Mais soyez rassuré M. le journaliste, le Premier ministre qui a été nommé connaît tous ces problèmes. Il saura attaquer le problème à sa juste dimension et fera le maximum pour que les gens ne soient pas déçus. Au plan du développement économique et de la mobilisation des ressources, je sais qu’il a un bon carnet d’adresses. Le miracle n’étant pas possible, il faut qu’il reprenne les choses en main rapidement. Il n’y a pas de miracle, il faut travailler. C’est le travail qui permettra d’augmenter la part du gâteau pour permettre à tout le monde d’avoir une certaine satisfaction.

Quels conseils avez-vous à prodiguer au nouveau Premier ministre ?

Il faut beaucoup d’écoute. Il faut qu’il s’attaque aux problèmes les plus importants. Nous avons le tissu économique et industriel qui a été mis à sac. C’est un peu normal. C’était à la faveur de l’insurrection populaire. Il faut tout faire pour remettre le tissu économique et social en marche. Ce qui n’est pas facile. Par rapport à la dette intérieure, il faudrait qu’il fasse rapidement le point et prenne le taureau par les cornes. Je suis sûr que dès que l’on aura payé un certain nombre d’opérateurs économiques qui ont des décomptes au Trésor, l’économie va bouger. Il faudrait qu’il s’entoure de bons conseillers. Il faut qu’il fasse le tour du Burkina pour mieux le connaître. Ouagadougou est une petite image du Burkina profond. J’ai eu la chance de participer à des meetings régionaux. Partout où je suis passé, j’ai beaucoup appris. C’est à partir de ce moment qu’il pourra diriger avec une certaine intelligence et un discernement
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