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Violences faites aux femmes : l’exclusion sociale des femmes accusées de sorcellerie au centre d’une causerie éducative
Publié le mardi 5 janvier 2016  |  AIB




Zorgho- La Direction régionale des droits humains et de la promotion civique du Plateau central a organisé mercredi dernier à Zorgho une causerie éducative autour du thème de l’exclusion sociale des femmes accusées de sorcellerie. Ce fut en direction d’une cinquantaine de personnes issue de diverses structures étatiques et associatives de la commune sous la présidence du haut-commissaire de la province, Robert Zoungrana. L’objectif était de sensibiliser les participants sur l’ampleur du phénomène et les inviter à agir dans leurs milieux respectifs pour l’élimination de cette pratique.

Dans plusieurs régions du Burkina Faso et particulièrement au Plateau central, le problème de l’exclusion sociale des femmes pour allégation de sorcellerie est d’actualité. En effet, selon une enquête de l’Association ADRA, en 2006, 31% des femmes pensionnaires des centres d’accueil Delwendé et de Paspanga viennent du Kourwéogo et 13,9% de l’Oubritenga. Dans le Ganzourgou, les services de l’action sociale et de la solidarité nationale et diverses associations ne manquent pas de gérer des cas d’exclusion sociale de femmes pour accusation de sorcellerie. Ces femmes, majoritairement d’un âge avancé, sans revenus, vivant seule et en situation de vulnérabilité, sans instruction et ignorante de leurs droits sont accusées d’être des sorcières ou des « mangeuses d’âmes » et en cas de décès d’un membre de la famille, elles sont bastonnées, lapidées, leurs habitations sont démolies et elles sont chassées du village.

Selon Albertine Ouédraogo, Directrice régionale des droits humains et de la promotion civique du Plateau central, ces pratiques sociales constituent une atteinte grave à la dignité humaine de la femme et violent les droits qui les sont reconnues par les instruments juridiques internationaux que le Burkina Faso a ratifiés. C’est alors pour mettre fin à ces pratiques et promouvoir la réinsertion sociale des exclues que sa structure a initié cette séance de causerie éducative dans différents départements des trois provinces du plateau central pour sensibiliser les populations sur la question.

Le haut-commissaire Robert Zoungrana a, dans mot d’ouverture de la rencontre, remercié la direction régionale des droits humains et de la promotion civique pour l’initiation de ces échanges qui, pour lui, ne consistent pas à discuter de l’existence ou non de la sorcellerie, mais vont permettre de trouver ensemble une solution à l’exclusion sociale des femmes qui en sont accusées dans notre société. Deux présentations et une projection de film ont alors constituées le plat de résistance de la rencontre.

La première communication présentée par Robert Zouma sur « la prévention de la lutte contre l’exclusion sociale des femmes pour allégation de sorcellerie » a fait ressortir la situation des femmes victimes de cette pratique au Burkina Faso et examiné le rôle des différents acteurs et les défis qui les attendent. Quant à la deuxième communication intitulée « Exclusion des femmes accusées de sorcellerie », elle a permis à Adama Nana de présenter les caractéristiques des victimes de l’exclusion sociale et les conséquences de cette pratique. Pour lui, l’exclusion sociale des femmes pour allégation de sorcellerie chasse les bailleurs de notre pays.

C’est pourquoi il a plaidé pour l’abandon de cette pratique. Le film « Delwendé, lève-toi et marche » projeté touchera profondément les participants à cette rencontre. Pour Albertine Ouédraogo, c’est dommage que malgré les efforts tant du gouvernement que des acteurs publics, la femme continue de subir des violences de toutes formes, parmi lesquelles les exclusions sociales pour accusation de sorcellerie. Pour elle « cette activité vise à prévenir ces genres de cas, mais au-delà, pouvoir travailler à réintégrer ces vieilles femmes qui sont laissées pour compte au plan psychologique».

Pour ce faire, elle attend de tous les acteurs une synergie d’action car convaincu que la promotion des droits humains est une question transversale. Elle a insisté, tout comme les différents présentateurs, sur le rôle des autorités coutumières (fortement représentées à cette rencontre) dans cette lutte car l’exclusion sociale des femmes reste une pratique coutumière.

Moïse SAMANDOULGOU
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