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Mandat de Roch Christian Kaboré : éviter le piège des flagorneries
Publié le mercredi 30 decembre 2015  |  Le Quotidien
Roch
© aOuaga.com par A.O
Roch Marc Christian Kaboré devient le 3e président civil du Burkina
Mardi 29 décembre 2015. Ouagadougou. Palais des sports de Ouaga 2000. Un mois après son élection au premier tour de l`élection présidentielle, Roch Marc Christian Kaboré a été investi comme 3e président civil du Burkina et le 9e du pays des Hommes intègres depuis son indépendance en 1960




Roch Marc Christian Kaboré est à présent au pied du mur. Après les promesses, est venue l’heure des actions concrètes. Le président élu, après son investiture, n’a plus de temps à perdre, face aux nombreux défis à relever. Parce qu’il hérite d’un pouvoir légué par une insurrection, les missions du nouveau président s’en trouvent démultipliées. Roch n’aura assurément pas un mandat de tout repos. Mais pour espérer atteindre ses objectifs, le nouveau pouvoir a des précautions à prendre. Avant tout, il doit s’entourer de personnalités irréprochables et surtout capables de lui dire la vérité. Le péché des pouvoirs africains est en effet là. Les dirigeants préfèrent les flagorneries aux discours crus et vrais. Résultat, ils finissent le plus souvent dans le mur, pour avoir mal apprécié la réalité du pays et les sentiments du peuple. C’est l’entourage des chefs d’Etat qui concourt généralement à leur perte. Les malheurs de Blaise Compaoré sont le fait des mauvais conseils de ses courtisans alléchés par les privilèges qu’ils risquent de perdre en cas de départ de leur mentor. Ils s’agglutinaient autour de Compaoré non pas pour le guider dans le bon sens, mais pour lui souffler à l’oreille rien que ce qui lui fera plaisir.

Roch Marc Christian Kaboré a intérêt à éviter ce piège des laudateurs. Ce sera le premier jalon à poser pour une réussite de son mandat. Si ses collaborateurs viennent comme on court à la soupe, c’est l’échec programmé pour le nouveau chef d’Etat. La volonté des Burkinabè est de voir ses dirigeants les servir et non se servir.

La situation post-insurrectionnelle du Burkina laisse tout de même entrevoir des lueurs d’espoir. La vigilance citoyenne s’est davantage aiguisée, ce qui accentue la pression sur le pouvoir exécutif. Mais il y a aussi la configuration politique qui ne favorise pas une domination outrancière du pays par un seul parti. Pour obtenir une majorité au parlement, le parti présidentiel a ainsi dû avoir des tractations avec d’autres formations politiques. Pour leur honneur, ces partis alliés feront sans doute tout pour éviter des dérives dans la gestion des affaires. Car à l’heure du bilan, ils seront tous comptables de la manière dont le pouvoir a été exercé. Le troisième pôle de contrôle et de contre-pouvoir n’est autre que l’opposition. Comme il n’y a pas eu d’élections tuk-guilli (terme mooré utilisé du temps de l’ancien pouvoir et signifiant « tout prendre »), cela a favorisé l’avènement d’une opposition forte. Du coup, le pouvoir ne peut ignorer cette réalité où sa majorité est fragile et où il fait face à un chef de l’opposition sorti lui aussi de l’insurrection, à savoir Zéphirin Diabré. Le président de l’UPC a en effet décidé de s’inscrire dans une dynamique d’opposition. Avec ses 33 députés, il a donc une grande responsabilité. Il lui faut, dans un esprit républicain, rappeler à l’ordre le pouvoir chaque fois que cela est nécessaire. Et connaissant la pugnacité de l’homme, nul doute qu’il jouera à fond son rôle de chef de l’opposition. Pour avoir défendu une cause aussi noble que le respect de la Constitution, on ne comprendrait pas qu’il cautionne d’éventuelles violations de la loi fondamentales. Certes, il doit contribuer à un climat apaisé et propice à la mise en œuvre du programme présidentiel. Mais cela ne lui enlève en rien, le droit d’exercer sa mission républicaine d’opposant. Enfin, Roch Marc Christian Kaboré a à ses côtés un personnage politique intransigeant sur ses convictions, qui a refusé sous l’ère Compaoré d’être un « yes-man ». Espérons que Salif Diallo, car il s’agit de lui, continuera d’avoir un œil critique sur les affaires publiques, maintenant qu’il est au cœur du pouvoir.
Au total, le nouveau président du Burkina a face à lui des garde-fous contre les vertiges du pouvoir. Ceux qui accourent vers lui juste pour la gloire et les privilèges, sont prévenus. Ils ne mangeront pas en toute impunité. Les forces de contre-pouvoir veillent. Le président lui-même, instruit par l’insurrection, doit de son côté éviter de croiser le chemin des mendiants professionnels qui squattent les palais présidentiels. A bon entendeur, salut !

La Rédaction
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