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Le Quotidien N° 781 du 3/6/2013

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Nord Mali: La logique guerrière du MNLA
Publié le mardi 4 juin 2013   |  Le Quotidien




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Chape de plomb sur Kidal. Comme si de rien n’était, le MNLA (Mouvement national de l’AZAWAD) continue de renforcer son imperium sur cette ville du Nord Mali. Non content d’exercer sa mainmise sur la ville, il a entrepris maintenant de la diriger d’une main de fer et, au besoin, de pratiquer une purge raciale. Une chasse à l’homme est désormais déclarée contre les populations noires accusées, soit de collaboration avec le pouvoir malien, soit carrément d’être des agents de sécurité infiltrés dans la ville. Bref, ce qui se passe à Kidal rappelle, de triste mémoire, d’autres événements gravissimes dont l’histoire de l’humanité est parsemée. Car il ne s’agit ni plus ni moins que de déportation des populations non touarègues.

Curieuse démarche tout de même que celle du MNLA dont l’existence est fondée sur la lutte contre les exactions dont le peuple touareg serait victime. En somme, le MNLA lui aussi se livre à des pratiques xénophobes. Cette nouvelle tournure prise par la crise malienne n’est pas faite pour favoriser le dialogue. Outre l’occupation illégale de Kidal, les arrestations et la déportation de populations noires sont donc une provocation de plus, de nature à envenimer la situation. Ce facteur de tension supplémentaire vient s’ajouter à la longue liste de désaccords entre le MNLA et le gouvernement malien. Autant dire que l’onde de choc de cette évolution de la situation à Kidal se ressentira jusqu’à Ouagadougou. Il y a fort à craindre que la médiation du président Compaoré soit plombée. On voit mal Bamako négocier avec le MNLA sans sourciller, selon l’agenda préétabli, alors qu’il y a une nouvelle donne.

La partie malienne aura beau jeu d’invoquer une logique guerrière du MNLA pour revoir sa position. Car le mouvement touareg lui met un surcroît de pression à travers le sort réservé à une partie de la population et l’arrestation de présumés agents de sécurité maliens. En définitive, la stratégie du MNLA, est aux antipodes des tentatives de résolution pacifique de la crise. Ils ont pour but au mieux de retarder les négociations ou au pire de les faire échouer. En tout cas, elle a pour conséquence immédiate de monter les enchères et la tension. Du coup, c’est la question même de la tenue de la présidentielle qui est en jeu. Avec cette politique du fait accompli, le MNLA contrarie en effet le calendrier électoral. Car pour Bamako, il n’y a pas d’élections sans Kidal. Accepter un tel fait, ce serait comme remettre en cause un fondement essentiel de l’Etat, à savoir l’intégrité territoriale du pays. Ce serait aussi brader tous les efforts accomplis jusque-là pour réunifier le Mali. Enfin, ce serait trahir la mémoire de tous ceux, Maliens comme étrangers, tombés sur le champ d’honneur pour l’avènement d’un Mali uni et indivisible.

Le MNLA touche donc à un caractère sacré de la république et cela ne présage rien de bon pour la suite des événements. Comme au tout début du conflit malien, les bruits de bottes risquent à nouveau de rendre inaudibles les voix du dialogue, au grand dam du médiateur. Il y a donc péril en la demeure. Ce qui suppose une clarification rapide de la position des différents protagonistes, au risque d’aller vers la confrontation. Le principe de l’intégrité territoriale du Mali étant non négociable, il y a lieu d’orienter les discussions vers ce qui peut faire l’objet d’un modus vivendi. Sinon, on perdrait encore du temps à faire semblant de dialoguer tout en sachant que la crise ne se dénouera que par les armes. C’est le moment en tout cas pour les soutiens du MNLA, notamment la France, d’appeler leur protégé à la raison. Car le MNLA a tout contre lui, pour avoir été l’élément déclencheur de la grave crise malienne dont les répercussions s’étendent à toute l’Afrique de l’Ouest. Le mouvement touareg, dont on ne conteste pas la légitimité de certaines revendications, devrait donc avoir l’humilité de reconnaître ce grand tort commis au Mali et à l’Afrique. Mais est-il capable d’une telle rédemption, lui qui semble porter dans ses gènes une susceptibilité à fleur de peau et surtout un penchant guerrier ? .

La Rédaction

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