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Sidwaya N° 7428 du 31/5/2013

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François Oubida, ambassadeur du Burkina Faso au Japon: « Le Burkina Faso a été élu pour bénéficier d’un hôpital… »
Publié le samedi 1 juin 2013   |  Sidwaya


François
© Autre presse par DR
François Oubida, ambassadeur du Burkina Faso au Japon


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Ambassadeur du Burkina Faso au Japon depuis quinze mois, François Oubida aborde dans cet entretien réalisé ce vendredi 31 mai 2013 à Yokohama, les préparatifs de la cinquième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD) prévue du 1er au 3 juin. Il évoque également les efforts de renforcement de la coopération entre le Burkina Faso et le Japon.

Sidwaya (S) : Comment la TICAD a-t-elle été préparée au niveau des ambassades d’Afrique en général et du Burkina Faso en particulier ?

François Oubida (F.O) : A Tokyo l’Afrique compte 38 ambassades réunies dans un groupe des ambassadeurs africains qui a donc pris en main la préparation de la TICAD. Cela s’est manifesté d’abord par des contacts très nourris et fréquents avec le ministère des Affaires étrangères du Japon et de manière à faire prendre dès le départ les points de vue africains dans le document initial. A l’issue de cette étape, les ambassadeurs ont poursuivi les contacts et leur engagement a permis au gouvernement japonais d’adopter le principe de la participation de l’Union africaine comme co-organisateur de l’événement. C’est la première fois que l’Union africaine participe en tant que co-organisateur à la TICAD. Cela dérive de l’action des ambassadeurs africains à Tokyo

Pour ce qui concerne le Burkina Faso, la TICAD revêt un caractère spécial. Tout le monde est au courant de l’intérêt que le chef de l’Etat porte, d’une manière générale, à la coopération entre le Burkina Faso et le Japon et d’une manière beaucoup plus spécifique sur la question de la TICAD. Il a participé aux quatre TICAD passées (93, 98, 2003 et 2008) et c’est une situation qui était très importante pour lui. En tant qu’ambassadeur du Burkina Faso au Japon, je me suis donc engagé à d’abord relever le fait aux autorités japonaises et ensuite à voir de quelle manière, elles pouvaient renvoyer l’échelle au Burkina Faso. Cela a abouti au choix de notre pays pour abriter la réunion des experts qui s’est tenue du 15 au 17 novembre dernier à Ouagadougou. C’était comme une reconnaissance de la part des autorités japonaises à l’action du chef de l’Etat, et à travers lui, tout le Burkina Faso dans le processus de la TICAD, la mise en œuvre des conclusions de la TICAD.

S : Des activités d’animation ont eu lieu dans les écoles, les gares pour que la TICAD soit une rencontre des peuples.

F.O : En la matière, il y a eu abondance d’activités. Dans la ville où nous nous trouvons actuellement qui est Yokohama, elle abrite pour la deuxième fois la TICAD. C’est en 2008 que la TICAD est passée de Tokyo à Yokohama. La population de Yokohama en a fait son affaire notamment à travers Mme le maire (Fumiko Hayashi) qui, cette année, a mis en place un programme baptisé « une école, un pays africain ». Notre implication à ce niveau a été telle qu’on nous a même affecté deux écoles. Et comme activités majeures avec ces écoles, nous avons procédé à des rencontres au cours desquelles nous avons présenté le Burkina Faso aux élèves, échangé avec la direction des écoles de manière à leur donner une image beaucoup plus concrète de notre pays et également de faire en sorte que cette génération grandisse avec à l’esprit que l’Afrique est un continent qui compte, que l’Afrique est un continent avec lequel le Japon devrait renforcer sa coopération.

S : Voilà quinze (15) mois que vous êtes ambassadeurs dans ce pays. Comment jugez-vous la coopération entre les deux pays et que peut faire le Burkina Faso à travers la TICAD pour diversifier les domaines de la coopération ?

F.O : En 15 mois c’est difficile de faire un bilan qui puisse refléter les efforts que quelqu’un a investis mais je peux dire que le Burkina entretient avec le Japon une très longue tradition de coopération qui date des années 60. Nous avons ouvert une ambassade ici en 1994. Nous avons eu un premier ambassadeur qui est resté en poste jusqu’en 2002. Et entre 2002 et 2011 à mon arrivée, nous n’avions pas eu d’ambassadeur. L’ambassade était dirigée par des chargés d’affaires. Je ne dis pas qu’ils n’ont pas bien travaillé. Ils ont très bien travaillé ; on a pu gérer l’existant ; le processus de la TICAd a été bien encadré. Mais depuis mon arrivée, je me suis dit, et sur la base des instructions que j’avais reçues à ma nomination, que le travail essentiel qui revenait à l’ambassade était non seulement de renforcer la coopération mais aussi de l’élargir.

Au niveau du renforcement, vous savez que les événements de mars 2011 au Burkina (Ndlr : crise politico-militaire) ont eu un impact très négatif dans la mesure où ils avaient conduit au rapatriement de pratiquement tous les agents qui étaient commis pour la coopération au Burkina Faso y compris les jeunes volontaires. A l’époque des événements, on avait environ 90 volontaires et actuellement on en a cinq (5). Il s’agissait pour le renforcement de la coopération de travailler à redorer l’image du Burkina. Nous avons donc mis l’accent sur la possibilité du Burkina d’abriter une réunion préparatoire de la TICAD. C’était l’occasion pour faire venir la partie japonaise pour lui permettre de voir réellement comment était la population et quelles étaient réellement nos préoccupations et quelle pouvait être la contribution de ce mécanisme à nos politiques de développement. Cela était l’une des premières actions.

Quand j’ai pris service, il y avait déjà un projet du SIAO (Salon international de l’artisanat de Ouagadougou) qui avait choisi le Japon comme invité d’honneur. Dès que j’ai présenté mes lettres de créances, j’ai parcouru tout le territoire pour sensibiliser les opérateurs économiques de manières à faire de ce dossier un succès. Et selon les commentaires que j’ai reçus, cela a été effectivement un succès.

La troisième action qui rentre dans le cadre du renforcement des relations a concerné la JICA (Agence japonaise de coopération internationale) qui gère l’aspect mise en œuvre de la coopération. Il s’est agi pour moi de voir au niveau de cette structure qu’est-ce qui pouvait être fait. Mes approches ont été pleines de succès dans la mesure où j’ai pu faire venir à Ouagadougou en visite officielle le président de la JICA. C’était la première visite de cette personnalité au Burkina Faso depuis que la JICA existe. Il y a séjourné du 10 au 13 mars 2013. Au cours de son séjour, il a visité les différents projets dans certaines régions du Burkina pour mesurer l’impact de la coopération japonaise au Burkina et voir comment se comportaient les coopérants japonais et également toucher du doigt la situation réelle en matière de sécurité ; puisque c’est la sécurité qui bloquait le développement de la coopération. A son retour, il a encore envoyé en visite au mois d’avril dernier son vice-président, spécifiquement pour apprécier l’état de la sécurité au Burkina. Ces deux visites ont abouti à des conclusions très positives qui ont permis au gouvernement japonais de prendre la décision pour un renforcement par le redéploiement des assistants techniques, des jeunes volontaires et une relance de la coopération.

Dans le cadre de ce renforcement, les événements qui se sont produits ici aussi au Japon (Ndlr : survenance du tsunami) avaient bloqué la tenue des consultations bilatérales. Depuis ma prise de fonction, je me suis investi avec l’appui de mes collaborateurs pour relance de ce processus. Les consultations devaient se tenir en 2011, malheureusement elles n’ont pas eu lieu mais en 2012, elles se sont effectuées ici. En marge, le ministère des Affaires étrangères et de la coopération régionale a effectué une visite d’amitié et de travail à l’invitation du gouvernement japonais. Voilà donc des actions à partir desquelles les gens pourront apprécier l’impact de l’envoi d’un ambassadeur ou ce que la dynamisation de l’ambassade au Japon a pu apporter comme résultats pour les quinze derniers mois.
A côté du renforcement de la coopération, nous avons essayé de l’élargir. Cet élargissement a porté essentiellement sur le domaine parlementaire et la société civile. A niveau du parlement, notre pays avait poursuivi depuis plusieurs années l’opportunité d’établir une Association d’amitié parlementaire entre le Burkina et le Japon. Malheureusement cela n’avait jamais abouti. Je suis content de dire que suite au contact que l’ambassade a initié avec les autorités, le 16 mai dernier nous avons pu lancer cette structure qui a été mise en place en présence d’une délégation de l’Assemblée nationale du Burkina Faso composée d’un député et du directeur de la coopération internationale.

Du côté de la société civile, le Burkina a pu être élu par un groupe qui est très actif dans le domaine hospitalier. Le Burkina Faso a été élu pour bénéficier d’un hôpital et d’un centre d’hémodialyse. Nous sommes dans le processus de matérialisation de cette élection qui sera faite par la signature d’un mémorandum d’entente. Le groupe a à son contrôle 300 hôpitaux. C’est le troisième groupe le plus puissant en la matière dans le monde après deux autres hôpitaux situés aux Etats-Unis. L’initiative du groupe c’est d’aider les populations de tout pays indépendamment de son niveau de développement à avoir un accès à des soins de santé de premier ordre. Sur cette base, le groupe a construit un hôpital de 1000 lits en Bulgarie et un autre est en construction en Thaïlande. Au niveau africain, ils ont élu un certain nombre de pays. A tout pays élu, ils offrent un centre d’hémodialyse. Le centre d’hémodialyse sera doté de 10 appareils gracieusement offerts. Le projet vise à mettre en rapport le gouvernement récipiendaire et le groupe en question, de manière à ce que les deux parties puissent conduire le projet de construction de l’hôpital. C’est un domaine très sensible pour le Burkina Faso et la conclusion de ce projet marquerait également une étape de plus dans l’élargissement de la coopération entre le Burkina Faso et le Japon.

Propos recueillis par Enok KINDO

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