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L’Observateur N° 8384 du 30/5/2013

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ITW El hadj Adama Kindo, P-D.G de SOMIKA : "Plus de la moitié de notre fortune va aux œuvres sociales"
Publié le vendredi 31 mai 2013   |  L’Observateur


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© Autre presse par DR
El hadj Adama Kindo, P-D.G de SOMIKA : "Plus de la moitié de notre fortune va aux œuvres sociales"


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A le voir se dépenser sans compter dans les œuvres sociales, on se demande parfois s'il ne finira pas par s'essouffler. Quand il n'inaugure pas une école, c'est la première pierre d'un dispensaire qu'il pose ou alors il assiste à la bénédiction inaugurale d'une mosquée. Depuis El hadj Oumarou Kanazoé, rarement on n'avait vu ainsi un opérateur économique distribuer à tire-larigot. C'est que pour El Hadj Adama Kindo, Président-Directeur général de la Société minière éponyme SOMIKA et du Comptoir des métaux précieux (CMP), par ailleurs consul honoraire de Guinée-Conakry au Burkina Faso, en s'investissant massivement pour le bien-être des populations, il joue quelque part un rôle de régulateur de tensions sociales, comblant parfois les carences de l'Etat, notamment dans les provinces (37/45) où il intervient. Si l'on croit d'ailleurs ce qu'il dit, plus de la moitié de ce qu'il gagne va dans les œuvres sociales. C'est ce bon samaritain, à la fois très visible depuis quelques années et paradoxalement pas très bien connu que le Marathon international Ouaga-Laye a choisi comme parrain de sa 5e édition, qui se court demain samedi. De ses débuts à Arbinda à son premier filon d'or en 1982 en passant par ses connexions supposées ou réelles avec le pouvoir, ce quinquagénaire nous a entretenu lors de l’interview qu’il nous a accordé, à 21 h, dans son immeuble couleur or à la hauteur de ses ambitions, qui surplombe le grand rond-point de Tampouy.

Comment doit-on vous appeler ? P-D.G, El hadj ou Excellence monsieur le Consul honoraire ?

• Toutes les appellations me conviennent.

Mais si vous aviez à choisir, laquelle préféreriez-vous ?

• El hadj, car c’est une distinction religieuse plus honorifique.

Pour ceux qui ne vous connaissent pas bien, qui est donc El hadj Adama Kindo?

• Je suis né en 1959 à Pogzingbaongo, un petit village de la province du Soum, de feu El hadj Salif Kindo et de Fatimata Zoromé. Je suis époux de deux femmes avec 9 enfants. Mon père était natif du Yatenga d’où nous sommes originaires. Nous vivions surtout de l’agriculture et de l’élevage. C’est vous dire que j’ai gardé des chèvres et des moutons à mon enfance. Je me suis par la suite exercé dans le commerce des pagnes avec un oncle paternel à Arbinda. De là, nous nous sommes installés à Koudougou, le dernier village avant la frontière du Burkina avec le Mali. Voilà pourquoi certains m'appellent «Adama Koudougou». Il y en a qui pensent que c’est mon nom traditionnel ou de famille alors que c’est en référence à mon séjour dans ladite localité. De Koudougou donc, mon oncle et moi, nous sommes retrouvés à Bergoula, un village situé à 21 km de Koudougou et relevant d’Arbinda, où j’ai commencé à m’intéresser à l’activité minière en 1982.

Que signifie Pogzingbaongo ?

• Je pense que la localité a été nommée ainsi parce qu’il devait y avoir beaucoup de femmes teint clair.

Vous parliez tantôt de vos enfants. S’intéressent-ils à l’activité minière ? Ou bien vous les en éloigner ?

• Je respecte le choix de chacun d’entre eux. Celui qui s’y intéresse, je l’initie pour qu’il puisse s’en sortir. Ceux-là aussi qui optent pour d’autres domaines bénéficient de mon accompagnement et de mes bénédictions.

Vous avez été cité parmi les 500 personnalités africaines qui font l’économie africaine par «Africa 24 magazine». Comment avez-vous accueilli cette distinction ?

• Je pense que c’est à la fois un honneur et une invite à la persévérance. C’est certainement les efforts que nous déployons constamment pour le développement du pays qui nous ont valu cette distinction du journal. Pour nous, le rôle d’un opérateur économique n’est pas seulement d’amasser des richesses. Il a aussi le devoir d’accompagner le gouvernement dans ses projets et programmes de développement. Nous ne sommes pas de ceux qui accumulent de l’argent pour ne servir que leurs propres intérêts. Nous voulons que les Burkinabè sachent que notre fortune est aussi la leur. Cette solidarité, nous l’exprimons avec nos compatriotes à travers diverses réalisations telles que des infrastructures de base (écoles, centres de santé, mosquées…).

Comme vous le savez, le gouvernement seul ne peut pas tout faire. Et les localités dont les doléances ne sont pas satisfaites sont parfois frustrées. Nos actions consistent donc à soulager un tant soit peu les souffrances de ces populations. Ce qui contribue, je pense, à apaiser les tensions sociales.

Vous vous êtes lancé dans l’or en 1982. Qu’est-ce qui vous a conduit vers ce filon ?

• Comme je vous disais tantôt, j’ai commencé par le commerce des pagnes. Je me suis fait une popularité si fait qu’à Arbinda, toute personne qui avait de l’or à vendre ne s’adressait qu’à moi. A l’époque, le Comptoir burkinabè des métaux précieux (CBMP) n’existait pas encore et j’en achetais pour revendre aux bijoutiers de Ouahigouya, Djibo et Yalgo. C'est ainsi que c'est parti.

De 1982 à nos jours, les choses ont beaucoup évolué !

• Notre engagement dans l’activité minière n’était pas décisif au départ. C’est plus tard que nous nous sommes rendu compte que ce secteur pouvait contribuer à l’essor économique du Burkina Faso. C’est ainsi que nous nous sommes accrochés à l’activité jusqu’à nos jours. Je suis peut-être mal placé pour apprécier les réalisations faites par la société au profit des populations. Mais ce qui est certain, nous comptons plusieurs actions concrètes, visibles sur le terrain, et qui témoignent de notre engagement pour le développement du Burkina Faso.

D’aucuns racontent que le métal jaune serait maléfique et qu’il faut des précautions pour le manipuler. Qu’en pense le P-D.G de SOMIKA ?

• (Sourire). Je ne crois pas à ces préjugés. Quand je commençais cette activité, les gens racontaient effectivement qu’il faut garder l’or avec de la viande, du soumbala ou du petit mil. A défaut, disent-ils, le métal peut dévorer son possesseur. Moi je n’ai jamais vécu un tel phénomène pour attester que l’or a un tel mystère. J’ai des frères qui travaillent avec moi, j’ai mes deux épouses et mes enfants ; sauf mon père qui est décédé en 2006, ma mère vit toujours et tout ce monde est bien portant. Je n’ai jamais perdu un enfant. Si l’or était vraiment un métal maléfique et dévorerait ceux qui le manipulent, je pense que même s’il m’épargnait, mes proches n’auraient pas échappé.

SOMIKA, de 1982 à nos jours, c’est devenu une grande société. Combien de personnes emploie-t-elle et quelle est la masse salariale mensuelle que vous distribuez ?

• Comme vous le savez, l’orpaillage n’emploie pas beaucoup de diplômés. Il y en a qui travaillent dans la société pour des ristournes. Quant aux salariés à proprement parler, ils sont des centaines qui coûtent à la société 50 à 70 millions par mois. A eux s’ajoutent ceux qui vivent de notre activité et que je peux estimer à 50 000 personnes. Pour vous en convaincre, sachez que nous sommes dans 37 provinces sur les 45 que compte le Burkina. Ça fait beaucoup de monde.

A combien vous évaluez les taxes et impôts reversés à l’Etat ?
• C’est beaucoup. Nous payons des sommes importantes avant même l’écoulement de l’or. Nous passons d’abord au Trésor où les taxes sont évaluées et versées avant de pouvoir procéder à la vente du métal. A cela s’ajoutent d’autres dépenses si bien que nous ne pouvons pas évaluer ce que nous reversons à l’Etat.

L’orpaillage connaît beaucoup de problèmes avec des milliers de personnes sur les sites. Cette ruée vers l’or a des conséquences souvent déplorables telles que les problèmes de santé, la drogue, etc. Comment vos sites sont gérés pour juguler ces difficultés ?

• Comme vous le savez bien, le gouvernement a balisé le terrain avec le Code minier où tout est détaillé. Nous nous appuyons sur ce document pour mener nos activités. Mais depuis 2011, les gens foulent aux pieds cette réglementation et personne ne respecte encore les consignes relatives au plan des excavations sur les sites. C’est ce qui explique tous les problèmes dont on fait état dans l’orpaillage. N’eût été cette pagaille, à moins d’une inondation, il y aurait moins de drames et bien d’autres difficultés que nous rencontrons sur le terrain.

Au niveau de la SOMIKA par exemple, nous luttons contre l’emploi des enfants sur les sites. Mais nous rencontrons des gens qui sont prêts à vous affronter lorsqu’on leur fait savoir que cela est interdit. C’est même clairement prescrit dans le cahier des charges.

Pour ce qui est de l’environnement, partout où nous sommes présents, nous finançons pour le reboisement. C’est une obligation. Nous apportons également un appui au centre de santé le plus proche pour faciliter l’accès aux soins non seulement au profit des localités hôtes des sites mais aussi des gens venus de tous les horizons pour l’activité minière. Cependant, depuis les remous sociopolitiques qui ont secoué le pays en 2011 (Ndlr marqués notamment par les mutineries de la soldatesque), l’incivisme est devenu criard dans les mines. Tenez, avant, nous parcellions les sites pour les orpailleurs. Les gens ne respectent plus cette mesure. Ils font des trous comme des terriers de rats et en cas d’éboulement, c’est catastrophique car tout s’effondre. Voilà pourquoi nous faisons chaque fois appel aux médias pour nous aider à sensibiliser les orpailleurs afin que chacun comprenne la nécessité même de préserver sa vie. Je pense qu’on a besoin d’argent pour son bien-être et non pour ruiner sa vie, voire la perdre.

Bref, toutes ces difficultés que nous vivons sur les différents sites miniers sont consécutives à la crise de 2011.

On vous accuse aussi d’acheter l’or à vil prix.

• Ce sont des ragots. Si vous connaissez un orpailleur qui se plaint, demandez-lui sa quittance de vente ; car chaque fois que nous achetons de l’or, nous délivrons un reçu au client. S’il ne vous présente pas un document de vente, sachez qu’il n’y a jamais eu de transaction entre ce dernier et la société. Ce sont des mensonges qu'on vous raconte.

Nous sommes différents de ceux qui partent écouler leur or à Lomé et s’achètent une voiture «au-revoir la France» et reviennent sur les sites pour revendre leur véhicule en achetant en même temps le métal jaune. Ces derniers n’ont pas de permis d’exploitation et, partant, aucune taxe à payer. Ils n’ont non plus aucun cahier des charges à remplir obligatoirement. Ces derniers, même si le site prenait feu à minuit, peuvent décamper. Tel n’est pas notre cas, car étant officiellement sur le terrain, nous devons répondre devant l’autorité compétente de tout incident. Vous comprendrez donc que le prix d’achat ne peut être le même que celui que fixera un acheteur qui exerce dans l’illégalité ou celui qui vend la drogue ou autres produits prohibés pour racheter de l’or. Nous, c’est notre activité principale dont l’organisation du site nous incombe : la sécurité des orpailleurs, l’obligation sociale d’investir dans la santé, l’éducation, le reboisement…Quant aux autres, c’est une concurrence déloyale qu’ils nous font subir. Rien que les bénéfices que ces gens tirent de la vente de leurs produits prohibés dont la drogue suffit pour nous concurrencer. Parce que ce qu’ils y ont gagné est important pour ne plus chercher de bénéfice dans l’achat de l’or. C’est pour tout cela qu’on nous accuse à tort d’acheter l’or à vil prix.

D’aucuns racontent que vos agents spolient les orpailleurs de leur or.

• Nous entendons cela comme vous. Mais je peux vous assurer que la société, depuis sa création, n’a jamais spolié quelqu’un de son or. Même lorsqu’une personne est prise en flagrant délit de fraude, nos agents paient son or et la libère.

Vous savez, il y a trop de problèmes sur les sites d’orpaillage. Parfois, la police interpelle des gens pour enlèvement de filles mineures ou pour vol. Lorsqu’ils sont emprisonnés, certains pointent du doigt la société. Pourtant, nous n’y sommes pour rien car ces infractions n’ont aucun rapport avec notre activité. Par ailleurs, le service de renseignements peut informer la police de la présence de bandits sur les sites. Là aussi, en cas d’arrestation, les gens n’hésitent pas à accuser la société. Comment pouvez-vous comprendre qu’on arrête des délinquants et qu’on attribue la responsabilité à la société ? C’est comme un véhicule fond rouge qui écrase quelqu’un et tout de suite on chante partout que les dirigeants tuent les citoyens. Alors qu’ici, c’est la faute du chauffeur du véhicule et non celle du gouvernement.

Cela dit, je reconnais que les agents de la société ne sont pas toujours irréprochables. Car dans toute activité humaine, des erreurs ne peuvent pas manquer.

L’or est en train de tuer l’école dans certaines localités avec la présence des enfants sur les zones aurifères. Que faites-vous dans ce domaine ?

• C’est une réalité. Ce que nous constatons, tout commence par le chef de famille qui quitte la maison pour s’établir sur un site d’or. La femme, quant à elle, espère que son mari ramènera une fortune pour bien s’occuper des enfants. Lorsque cette dernière va apprendre que l’homme fait la belle vie avec une autre conjointe sur le site, elle va y déménager avec toute la cour. L’école des enfants, ce n’est plus sa préoccupation. J’ai eu même à faire une sensibilisation des hommes dans ce sens. Celui qui fait fortune doit craindre Dieu et regagner les pénates pour en faire profiter à sa famille. Mais quand on opte d’y vivre avec une «tampoaka» (Ndlr : appellation courante sur les mines d’une femme qui y a élu domicile généralement, à proximité des collines ; le contraire, «tandaogo», désigne l’homme), alors que l’épouse, laissée à la maison et n’ayant pas de quoi faire tourner la marmite, n’a pas d’autre choix que d’y rejoindre son mari. Il peut arriver que son époux ne s’intéresse plus à elle. Conséquence, elle aussi va aménager dans une hutte pour vivre par exemple de la lessive. Et c’est le moindre mal si elle ne s’adonne pas à la prostitution. Les enfants, quant à eux, deviendront des bonnes ou des garçons à tout faire pour les gens du campement. Voilà ce qui conduit certains enfants sur les sites d’orpaillage. Sinon, ce n’est pas l’espoir de faire fortune qui les y amène.

Il y a des hommes dont les parents exigent qu’ils aillent avec leur famille sur les sites. Parce que ces derniers savent que ce n’est pas sûr que leurs fils reviennent. Des conflits sont fréquents entre les femmes et leurs beaux-parents. Sur ce plan, les orpailleurs ont besoin d’être sensibilisés. A Tambiri, j’ai supplié les orpailleurs de songer à leurs parents qu’ils ont abandonnés dans leurs villages respectifs. Lorsque certains gagnent de l’argent, ils chargent leur portable avec 2 000 F CFA d’unités pour téléphoner à des amis en Côte d’Ivoire, à Bobo-Dioulasso ou à Niamey, pendant que ceux qui les ont mis au monde n’ont même pas un franc pour se payer de la cola. Honnêtement, il faut être maudit pour se comporter ainsi. Nulle part, on ne peut gagner l’argent facilement. J’ai beaucoup voyagé à travers le monde pour me convaincre de cette réalité. Même aux Etats-Unis où j’ai été, des compatriotes sont venus partager avec moi les difficultés qu’ils vivent. Mais ici, un orpailleur peut avoir un million qu’il va dilapider le même jour sans être sûr de gagner une pépite dans un proche avenir. Si les femmes et les enfants s’établissent sur les sites, ce sont les hommes qui sont responsables.

Des produits toxiques interdits sont utilisés dans l’exploitation de l’or avec des conséquences dramatiques sur l’environnement, sur les hommes et sur les animaux. Que fait-on concrètement dans votre société contre ces pratiques ?

• La dégradation de l’environnement est le fait des produits chimiques. Le ministère en charge de l’Environnement a interdit leur utilisation sur les sites. Cependant, vous allez trouver des gens qui ont chargé des sacs de ces produits pour les utiliser sur le site. Eux, ils ne savent même pas les conséquences sur l’environnement. Dans nombre de localités aujourd’hui, il est difficile de voir des poissons ou des grenouilles dans les marigots, car décimés par les fameux produits. Même le cheptel, tout comme les hommes, ne sont pas épargnés par ce fléau.

Nous luttons farouchement contre ce phénomène aux côtés du ministère de l’Environnement. Malheureusement, la cupidité a rendu les gens sourds à la sensibilisation sur la préservation de l’environnement. Même le cyanure dont on parle tant, les gens se trompent. Lorsqu’on vous met dans la tête qu’avec un sac de ce produit chimique, vous pouvez vous en sortir avec 10 millions, ce sont des histoires. Il y a des individus, au nombre desquels parfois, malheureusement, des agents de l’Etat, qui n’hésitent pas à s’y investir. Résultat, dans beaucoup d’endroits, lorsque nous attirons l’attention des gens sur le danger du cyanure, c’est souvent les autorités qui se mettent du côté des auteurs de mauvaises pratiques pour nous combattre. Ce n’est pas interdit de l’utiliser, mais il y a des normes à suivre. Ça nécessite la mobilisation des services de plusieurs ministères, dont l’Environnement, la Santé et l’Eau, pour des études préalables sur la zone où vous voulez vous servir du cyanure pour savoir la conduite à tenir. Maintenant quand vous arrachez l’étiquette du crâne alertant sur le danger du produit pour aller corrompre un chef coutumier qui vous autorise à faire usage du produit dans son champ parce que c’est sa propriété, c’est vraiment criminel. Car, beaucoup ne se soucient pas du tout de la santé des populations et de la préservation de l’environnement. Nous parlons de tous ces problèmes mais les gens s’en foutent royalement. Qu'y pouvons-nous ?

Depuis quelques années, vous construisez des écoles, des centres de santé, des mosquées. Quel en est la motivation

• De quoi a besoin un malade si ce ne sont que des soins ? Si nous n’accompagnons pas les populations, ce n’est pas bien. Dans beaucoup de localités, lorsque nous parlons aujourd’hui, nous sommes écouté. C’est en reconnaissance à nos actions de bienfaisance. Voilà pourquoi nous aussi, nous ne ménageons aucun effort pour soutenir ces populations en même temps que le programme du gouvernement. C’est comme je l’ai dit plus haut, si les besoins des populations ne sont pas satisfaits, ça les frustre. Ainsi, si nous arrivons à satisfaire leurs doléances, elles seront attentives à nos conseils parce qu’elles connaissent déjà nos objectifs dans nos affaires. Pour votre gouverne, sachez que nous consacrons plus de la moitié de ce que nous gagnons aux œuvres sociales, au bien-être des populations.

Ne finirez-vous pas par vous essouffler à ce rythme ou même à tuer la poule aux œufs d'or ?

• Non, nous sommes guidés dans nos actions par notre foi en Dieu. Nous pensons que Dieu a créé tout le monde selon sa volonté. Il reconnaît les riches comme les pauvres. C’est lui qui a créé les pauvres et il est capable de les rendre riches. Ainsi, les gestes que nous faisons, c’est en son nom et par sa volonté, sinon ce ne sont pas les pauvres que nous aidons. Cela fait que ce que nous épargnons a plus de valeur que ce que nous déboursons. Nous sommes donc confiant que nous ne nous essoufflerons pas.

L’orpaillage a sans doute besoin de réforme pour juguler un tant soit peu les difficultés qu’on connaît. Que faut-il faire à votre avis ?

• Notre souhait, c’est une sensibilisation sur le contenu du code minier. Que toute personne, qui se lance dans ce secteur, s'en imprègne d'abord et applique les règles qui y ont été édictées. C’est à ce prix qu’on sera épargné de toutes les querelles et qu’il y aura plus de transparence. Car, à mon avis, le code minier règle tous les problèmes ; même s’il est perfectible, en attendant nous estimons que c’est son non-respect qui est source de tensions.

SOMIKA se distingue également par son engagement dans le domaine du sport, vous avez d’ailleurs initié une coupe à cet effet à Djibo ? Quel sens donnez-vous à un tel engagement ?

• J’aime vraiment le sport. C’est un choix. Vous savez, ce sont les jeunes les futurs bâtisseurs du pays. C’est un devoir pour nous de les accompagner dans tout ce qui peut les épanouir. Voilà pourquoi nous parrainons ou soutenons des initiatives de qui que ce soit (maires, chefs coutumiers, particuliers) dans ce sens. Nous nous sommes rendu compte que cela n’était pas suffisant et nous avons créé la coupe SOMIKA pour favoriser un brassage entre les jeunes du Sahel. En vérité, elle a porté fruits dans le Soum car cela a permis aux jeunes des 9 départements de la province de se frotter et de se connaître davantage. Outre cette activité, nous nous sommes engagé dans la lutte davantage contre le chômage des jeunes en initiant à leur profit une opération «Permis de conduire» chaque année à raison de 5 personnes par département.

N’y a-t-il pas en réalité une motivation politique derrière votre coupe et vos multiples œuvres sociales ?

• Non, pas du tout !

Nous savons pourtant que vous êtes un peu dans la politique. Peut-on s’attendre à ce que vous vous engagiez un jour ?

• Nous ne sommes que de simples accompagnateurs et non des hommes politiques. Cependant, en période électorale, les populations sont attentives à notre point de vue pour la paix sociale. Nous, notre politique, c’est l’accompagnement du programme du gouvernement. En dehors de cela, nous n’avons pas d’ambition d’occuper un poste de responsabilité politique.

Avez-vous fait du sport à votre jeunesse ?

• Bien sûr ! J’ai joué au football à Arbinda ainsi qu’à Koudougou et à Bilholé. Mais quand mes activités se sont intensifiées et l'âge aidant, je n’avais plus le temps pour le sport.

L’Observateur Paalga, pour la 5e édition de son marathon Ouaga-Laye, vous a choisi comme son parrain. Qu’est-ce qui a bien pu motiver votre accompagnement au journal ?

• En fait, je m’intéressais à cet événement sportif depuis la première édition. Nous prions tous Dieu pour qu’il ait une renommée internationale qui attirera des participants et des spectateurs du monde entier. Vous comprenez que quand on formule de tels vœux et que les organisateurs sollicitent votre accompagnement, c’est une grande aubaine. Notre choix pour parrainer cette 5e édition est un grand honneur. Nous sommes fier, et nous lançons un vibrant appel pour que cet événement connaisse plus de succès que les précédents.

Vous avez sans doute entendu parler du dossier d’Africaminingintelligence sur la mainmise du cercle des proches du président du Faso sur l’exploitation de l’or. Comment votre nom s’y est-il retrouvé ?

• Dieu seul le sait. En tout cas, pour ce qui me concerne, je n’ai rien compris dans cette publication.

Mais est-ce possible pour une société comme SOMIKA d’évoluer dans un tel secteur sans avoir partie liée avec les premières autorités de ce pays ?

• L’or est un bien commercial. Le développement de l’activité dépend de la qualité de la collaboration avec les partenaires. C’est possible de prospérer sans que les autorités ne mettent leur main. Mais sachant que l’activité nécessite des papiers, bien sûr qu’en cas de difficultés ou d’obstacle quelconque, il faut bien qu’elles s'impliquent d'une manière ou d'une autre. Sinon, pour ce qui est du travail, à proprement dit, quand on est honnête, on bénéficie toujours de la confiance des partenaires et tout marche normalement.

Depuis plus d’un an, vous êtes consul honoraire de la République de Guinée-Conakry au Burkina. Comment se passe votre mission ?

• Jusque-là, nous n’avons rencontré aucune difficulté dans l’exercice de notre mission. Je me réjouis vraiment d’être utile aux Guinéens qui ont aujourd’hui plus de facilités pour l’établissement de leurs documents administratifs (renouvellement et prolongement des passeports, etc.). Il en est de même pour les visiteurs de la Guinée qui ne peinent plus pour l’obtention de visa.

Interview réalisée par

Hamidou Ouédraogo

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