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Sidwaya N° 7427 du 30/5/2013

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Masato Futaishi, Ambassadeur du Japon au Burkina : « A la TICAD, les attentes sont fonction du niveau de développement des pays »
Publié le vendredi 31 mai 2013   |  Sidwaya


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© AIB par DR
Diplomatie : Masato Futaishi nouvel ambassadeur du Japon au Burkina Faso, a remis ses lettres de créance au chef de la Diplomatie burkinabè Djibrill Bassolé


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Masato Futaishi a présenté ses lettres de créance au président du Faso, Blaise Compaoré, le 19 avril 2013, faisant de lui le deuxième ambassadeur-résident du Japon au Burkina, après l’ouverture de l’ambassade nippone à Ouagadougou, en janvier 2009. A la faveur de la TICAD V (la 5e Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique), qui s’ouvre demain 1er juin, M. Futaishi parle, dans cet entretien, de l’importance de cette rencontre pour l’Afrique. Il fait part également de ses ambitions pour la coopération bilatérale et évoque certains sujets propres à son pays.

Sidwaya (S.) : Que saviez-vous de l’Afrique et du Burkina, avant votre nomination comme deuxième ambassadeur-résident ?

Masato Futaishi (M. F.) : En Afrique, j’ai exercé des fonctions au Maroc, au Cameroun, au Sénégal et le Burkina Faso est le quatrième pays africain où je suis heureux de continuer ma carrière diplomatique. Comme j’ai aussi effectué des missions dans un certain nombre de pays africains, je pense connaître un peu les pays d’Afrique. Les traditions et les cultures sont différentes d’un pays à l’autre et j’ai pu faire, chaque fois, de nouvelles découvertes. J’espère avoir le plaisir de découvrir quelque chose de nouveau aussi au Burkina Faso pendant mon séjour. Au Sénégal, j’ai entendu dire que les Burkinabè sont des hommes polis, sincères et travailleurs. J’ai aussi appris qu’ils respectent l’heure. J’ai également eu l’image d’un pays de culture où l’organisation du SIAO et du FESPACO, tous les deux ans témoigne de son dynamisme culturel.

S. : Quelles sont vos ambitions en terme de coopération entre le Burkina et le Japon ?

M. F. : Je me réjouis du fait que les relations entre les deux pays sont très bonnes depuis l’indépendance et je suis très heureux de constater que nos relations bilatérales se développent de manière spectaculaire depuis l’ouverture de notre ambassade à Ouagadougou, en janvier 2009. L’année dernière, par exemple, l’excellence de ces relations s’est matérialisée, à travers la visite au Japon de monsieur Djibrill Bassolé, ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération régionale, la participation du Japon à la 13e édition du SIAO comme « Pays invité d’honneur » et la coprésidence de la réunion des hauts fonctionnaires préparatoire à la TICAD V ici à Ouagadougou. J’ai la ferme intention d’œuvrer à renforcer davantage ces relations. La TICAD V qui aura lieu à Yokohama du 1er au 3 juin se focalisera particulièrement, sur la croissance de l’Afrique. Pour l’atteinte de cette croissance, la combinaison harmonieuse de plusieurs éléments essentiels est nécessaire. D’abord, il faut la paix et la stabilité dans cette sous-région. Car, sans la paix et la stabilité, aucun développement n’est envisageable. De ce point de vue, je voudrais tout d’abord, féliciter les efforts inlassables du président du Faso pour résoudre les conflits sous-régionaux, en tant que médiateur, et puis le Japon aussi fournira des efforts, en collaborant avec les organisations internationales pour la stabilité de cette sous-région. Lors de la conférence des donateurs organisée par l’Union africaine, le 29 janvier 2013, le Japon a pris l’engagement de l’offre de 120 millions de dollars américains pour la stabilité et la paix dans cette sous-région ouest-africaine. Ensuite, il est nécessaire de préparer un environnement pour promouvoir la croissance. A cet effet, la formation des ressources humaines constitue un des points les plus importants. Sans ressources humaines bien éduquées, bien qualifiées, il est bien difficile d’espérer le développement solide et durable.

S. : Selon vous, quel est le secteur qui sera la locomotive de la croissance au Burkina Faso ?

M. F. : En plus de l’éducation, l’aménagement des infrastructures économiques joue un rôle très important pour la croissance. Tenant compte de la situation géographique du Burkina Faso, à savoir la situation enclavée de ce pays, l’intégration économique sous-régionale sera également, un volet important de la croissance. C’est à travers la coopération avec l’UEMOA que le Japon voudrait contribuer au désenclavement de ce pays. Alors, quel est le secteur essentiel qui sera la locomotive de la croissance au Burkina Faso ? C’est certainement l’agriculture et particulièrement, la transformation des produits agricoles. Ceux-ci ne doivent pas être destinés seulement à la consommation locale, mais aussi à l’exportation. Le Japon voudrait accompagner les efforts du gouvernement burkinabè pour assurer tout d’abord la sécurité alimentaire et exporter les produits agricoles. Ces trois piliers, à savoir le développement agricole, l’amélioration de la qualité de l’éducation, ainsi que l’intégration économique sous-régionale, sous-tendent la coopération entre le Japon et le Burkina Faso et constituent, pour moi, un grand pilier pour soutenir la croissance du Burkina Faso. De plus, dans le cadre de la mise œuvre de la Stratégie de croissance accélérée et de développement durable (SCADD), il ne faut pas perdre de vue la sécurité humaine. Malheureusement, au Burkina Faso, la pauvreté constitue une question récurrente depuis longtemps. En conséquence, le renforcement des services sociaux de base est également primordial. Dans cette optique, nous accompagnerons les efforts du gouvernement dans les domaines de l’eau, de la santé, de l’assainissement et de l’environnement qui sont indispensables pour assurer un développement durable.

S. : Avec votre arrivée, doit-on s’attendre à une réorientation des axes de coopération entre les deux pays ?

M. F. : Je considère que le point le plus important de la diplomatie est la « continuité diplomatique ». Aussi, je pense qu’il est nécessaire de formuler des projets concrets en tenant compte de ce que j’ai dit plus haut, pour renforcer la coopération.

S. : Le Japon accorde une attention particulière à l’Afrique, à travers la TICAD. Quelles pourraient être les retombées de cette rencontre pour les Africains, à l’issue de la rencontre de ce mois de juin 2013 ?

M. F. : Je voudrais, tout d’abord, remercier le président Blaise Compaoré pour sa participation à la 5e édition du sommet de la TICAD. Je dois aussi souligner que le président du Faso a participé à toutes les éditions de la TICAD. Le gouvernement japonais l’en remercie infiniment. Les pays d’Afrique sont différents les uns des autres en matière de politique sociale et de niveau de développement. Donc, les attentes seront évidemment différentes, selon les pays dans le cadre de la TICAD. Mais, je voudrais surtout insister sur le fait que le principe fondamental de la TICAD repose sur l’appropriation et le partenariat. Chaque pays africain doit créer son avenir dans son environnement et par sa propre initiative. La TICAD respecte ces initiatives et constitue un cadre d’échange de nos expériences et de réflexion sur les programmes de coopération qui peuvent être réalisés concrètement.

S. : Le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, revenu aux affaires en décembre 2012 (après avoir occupé le même poste entre 2006 et 2007), a promis de redresser économiquement, son pays et lui redonner son lustre d’antan. Quelque six mois après, qu’en est-il exactement ?

M. F. : Le Premier ministre Shinzo Abe a pris fonction le 26 décembre 2012 et plus de cinq mois se sont écoulés. Comme vous le savez, depuis que le Japon a fait l’expérience de la bulle économique au début des années 1990, la situation de déflation et d’un yen fort s’est poursuivie et a engendré un faible taux de croissance économique. Pour sortir de cette situation, le Premier ministre Abe, dès sa prise de fonction, a engagé un programme économique appelé « les 3 flèches », axé sur une « politique monétaire audacieuse », une « politique budgétaire forte » et une « stratégie de croissance ». A travers ce programme intitulé : « Abenomics », on constate la baisse du yen et la hausse des actions entraînant l’amélioration de la conjoncture économique. Je pense que la participation du Japon au Trans-pacific strategic économic partnership (TPP) ou partenariat transpacifique, où un des mots-clés de la stratégie de croissance est « l’ouverture à l’extérieur », deviendra la principale force motrice permettant désormais au Japon de faire un retour spectaculaire à sa vitalité économique d’antan.

S. : Ces promesses sont-elles réalisables, quand on sait que la dette du Japon équivaut à 230% du PIB et que depuis 2010, il a cédé son titre de 2e puissance mondiale à la Chine continentale ?

M. F. : Depuis les années 1990, l’économie du Japon est en stagnation. De plus, le tremblement de terre survenu en mars 2011, à l’Est du Japon, a accentué les difficultés de notre pays. C’est dans ces conditions que le gouvernement de M. Abe a lancé plusieurs politiques pour reconstruire le Japon. Pour le moment, des résultats positifs sont perceptibles. Le gouvernement Abe a, particulièrement, pour objectif, d’atteindre un taux d’inflation de 2% après deux ans. J’espère qu’en réalisant cet objectif, le Japon renaîtra et renouera avec la croissance pour devenir un pays revigoré.

S. : Courant 2012, votre pays a été confronté à un contentieux portant sur les îles Senkaku revendiquées par le Japon et ses voisins chinois (les deux Chines) et sur les iles Takeshima réclamées cette fois, par la Corée du Sud. Pouvez-vous nous éclairer sur ces revendications territoriales et quels sont vos sentiments par rapport à cette situation ?

M. F. : Depuis 1885, les autorités japonaises ont procédé à plusieurs reprises à des études sur le terrain dans les îles Senkaku. Après une vérification méticuleuse des résultats montrant que ces îles étaient, non seulement inhabitées, mais qu’elles ne présentaient également aucune trace d’une occupation par la Chine, le gouvernement japonais a rattaché officiellement les îles Senkaku au territoire national, le 14 janvier 1895. Depuis cette date, les îles Senkaku constituent une partie du territoire japonais. Et elles n’appartiennent pas aux îles Pescadores que la Chine a cédé au Japon après la guerre sino-japonaise (1894-1895). De même, elles ne sont pas mentionnées dans le Traité de paix de San Francisco, conclu à l’issue de la Seconde guerre mondiale, parmi les territoires rétrocédés par le Japon, mais au contraire, placées sous juridiction américaine comme faisant partie de l’archipel nippon, mais sans aucune contestation du côté de la Chine ni de Taïwan. C’est seulement à partir de la seconde moitié des années 1970, avec la publication du rapport de la Commission économique et sociale sur l’Asie et le Pacifique de l’ONU sur les gisements pétroliers dans les mers avoisinantes, que la Chine et Taïwan ont commencé à revendiquer leur « souveraineté territoriale » sur les îles Senkaku. La souveraineté du Japon sur les îles Senkaku est incontestable, tant au plan historique qu’à celui du droit international. Le Japon exerce effectivement, son autorité sur ce territoire. Les relations entre le Japon et la Chine sont particulièrement importantes. Afin de permettre la stabilité et la prospérité de la région Asie-Pacifique, il est indispensable que la Chine joue un rôle constructif.

S. Et qu’en est-il des îles Takeshima ?

M. F. : En ce qui concerne les îles Takeshima, je voudrais indiquer que de nombreuses sources historiques attestent d’une souveraineté japonaise sur ces îles remontant au moins au milieu du 17ème siècle. Il n’existe par ailleurs, aucune preuve d’une souveraineté coréenne antérieure à l’établissement de la souveraineté territoriale japonaise sur les îles Takeshima.
En janvier 1905, le gouvernement japonais a rattaché par décision du Conseil des ministres, le territoire de Takeshima au département de Shimane. Plus tard, lors de la rédaction du Traité de paix de San Francisco à l’issue de la guerre mondiale, la Corée du Sud a demandé que les îlots de Takeshima soient inclus dans les territoires auxquels le Japon devait renoncer. Mais cette demande a été rejetée par les Nations unies. A la lumière des faits historiques et sur la base du droit international, les îles Takeshima font partie intégrante du territoire japonais. Malgré cela, la Corée du Sud a promulgué, unilatéralement en 1952, une ligne de démarcation artificielle et a proclamé sa « souveraineté marine » sur la vaste zone intérieure de ladite ligne, en complète violation du droit international. Les îles Takeshima étaient inclues à l’intérieur de cette ligne et depuis la Corée du Sud occupe illégalement ces îles. Depuis lors jusqu’en 1965 (conclusion de traité de pêche), de nombreux chalutiers japonais ont été arraisonnés et un grand nombre de pêcheurs japonais emprisonnés. Beaucoup de ressortissants japonais sont morts ou ont été blessés lors de cette période.
En 1954, 1962 et 2012, le Japon a proposé à la République de Corée de soumettre conjointement, la question de Takeshima à la Cour internationale de justice, mais la Corée s’y est opposée à chaque fois. Par ailleurs, le Premier ministre Noda a adressé, en date du 17 août 2012, une lettre au sujet de Takeshima à l’attention du président sud-coréen de l’époque, Lee Myung-bak. Cependant, la Corée est allée jusqu’à refuser de recevoir cette lettre, sous prétexte qu’elle contenait le mot « Takeshima ». Ces attitudes anormales montrent clairement à quel point la République de Corée est peu sûre de ses propres revendications concernant la souveraineté de Takeshima.

S : Quel est l’état des lieux après le terrible séisme de mars 2011, suivi de la catastrophe nucléaire de Fukushima. Comment les autorités japonaises contrôlent-elles la situation ?

M. F. : Je voudrais tout d’abord, réitérer mes sincères remerciements aux autorités gouvernementales et au peuple burkinabè pour les messages de compassion et de solidarité qu’ils nous ont adressés, à la suite de ce drame. Deux ans sont passés après la survenue de cette catastrophe et la réalité est que la résolution des problèmes occasionnés par la centrale nucléaire n’est pas facile. Actuellement, une zone d’un rayon de 20 km à partir du site de la centrale nucléaire de Fukushima Dai-ichi, d’où la population a été évacuée, est désignée « zone d’alerte » et interdite d’accès même aujourd’hui à la population. Cela signifie combien c’est difficile de résoudre cette question nucléaire. Mais, à travers cette épreuve, nous avons appris et reçu beaucoup de choses. En particulier, nous avons été profondément touchés par les chaleureuses marques de sympathie et les Kizuna (les liens d’amitié) que les Burkinabè et les amis du monde entier nous ont témoignés. Le peuple japonais, caractérisé par sa résilience, parviendra à surmonter cette difficulté, à se reconstruire et en ressortira renforcé. En outre, le Japon continuera de fournir des efforts, main dans la main, avec la communauté internationale, pour contribuer à la construction d’un monde de paix et stable.

S. : Officiellement, le doyen du monde est un Japonais de 116 ans. Quel commentaire cela vous suscite-t-il ?

M. F. : L’espérance de vie moyenne au Japon est très élevée. Selon les statistiques de 2011, elle est de 79,44 ans pour les hommes et 85,9 ans pour les femmes. Je crois que cette espérance de vie est due à un système médical renforcé et à des facteurs sociaux de longévité. En ce qui concerne le Burkina Faso, le plus important est d’améliorer davantage le système médical et de réduire le plus possible le taux de mortalité maternelle et infantile.

Entretien réalisé par Gabriel SAMA

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