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Burkina : Retour à l’ordre constitutionnel normal après une Transition agitée
Publié le lundi 28 decembre 2015  |  AIB




OUAGADOUGOU –Le 31 octobre 2014, une insurrection populaire mettait fin aux 27 ans de pouvoir du président Blaise Compaoré. Après treize mois de Transition, marquée par des revendications tous azimuts et des coups de frein de l’ex garde rapprochée de M. Compaoré, le Burkina Faso renouera ce mardi avec l’ordre constitutionnel normal, grâce à l’investiture du président Roch Marc Christian Kaboré, un ex poulain de Blaise Compaoré.


Les 30 et 31 octobre 2014, des millions de burkinabè à travers le pays, se sont farouchement opposés à la volonté du président Blaise Compaoré, de modifier la Constitution pour gouverner à terme, au-delà de 28 ans.


Si le monde entier a salué cette prouesse du peuple burkinabè qui a réussi a renversé aux mains nues, un régime qui régnait en maître absolu, la route vers la restauration de l’ordre constitutionnel normal fut longue et parsemée d’embûches pour ce pays dont l’histoire est marquée par de nombreux coups d’Etat.

En effet, le gouvernement de transition conduit par le duo militaro-civil -Yacouba Isaac Zida, Michel Kafando- aux lendemains de la démission de l’ex-président a été, à maintes reprises, confronté à de multiples protestations de la société civile, alors que sa principale mission était l’organisation des élections afin de rétablir l’ordre constitutionnel.


Le Burkina post-insurrection, qui s’est construit autour du slogan "Plus rien ne sera comme avant", la célèbre phrase prononcée par le président Michel Kafando lors de son investiture a traversé par moment, des périodes d’incertitude.


Des ministres, des secrétaires généraux de départements ministériels et plusieurs directeurs généraux d’entreprises publiques soupçonnés d’être de connivence avec l’ancien régime ont été contraints à la démission par des manifestants.


L’économie nationale déjà fragile, a été mise en mal, du fait que les investisseurs ont pris leur distance, alors que la grogne sociale n’a cessé de monter.


Face à cette situation, le gouvernement de transition a tenté de calmer le jeu en prenant un certain nombre de mesures jugées insuffisantes par les travailleurs qui réclament de meilleures conditions de vie et de travail.


Une Commission nationale d’enquête sur la trentaine de personnes tuées lors des journées insurrectionnelles a été mise en place.


Les dossiers pendants tels que l’affaire Thomas Sankara, l’ancien président assassiné en octobre 1987 dans un coup d’Etat qui a porté Blaise Compaoré au pouvoir, ainsi que le dossier Norbert Zongo, journaliste d’investigation retrouvé mort calciné en 1998, alors qu’il enquêtait sur une affaire incriminant le frère cadet de Compaoré, ont été relancés.


Pendant ce temps, le Régiment de sécurité présidentielle (RSP), l’ex-garde prétorienne de Blaise Compaoré, pointé du doigt et dont la dissolution est réclamée par plusieurs acteurs de la société civile, se fait de plus en plus attendre.


Cette unité forte de plus de 1 300 hommes considérée comme la mieux formée et la mieux rémunérée va interrompre à trois reprises le Conseil des ministres du gouvernement de transition, conduite par le lieutenant-colonel Yacouba Issac Zida, ancien numéro deux de cette même garde.


Malgré cette situation d’incertitude, les partenaires techniques et financiers n’ont pas suspendus le financement du processus électoral.


A la recherche d’une porte de sortie, le Conseil national de transition (CNT) qui fait office de parlement intérimaire, a statué sur plusieurs lois. Loi anti-corruption, nouveau code minier, dépénalisation du délit de presse, limitation du nombre de mandat présidentiel à deux, loi contre les violences faites aux femmes, sont, entre autres, les principales lois votées par les 90 membres du CNT.


Dans cette lancée, en avril 2015, ils votent une nouvelle loi électorale excluant tous les proches de l’ancien président qui l’ont soutenu dans son projet de modification de la Constitution, ayant débouché sur l’insurrection populaire.


Cette nouvelle loi controversée interdit, en outre, l’utilisation des gadgets lors des campagnes électorales. En vertu de cette loi, les candidatures des proches de Compaoré ont été écartées, notamment à la présidentielle.


PUTSCH!


Le 16 septembre, à quelques jours de l’ouverture de la campagne électorale pour la présidentielle et les législatives prévue le 11 octobre, le Régiment de sécurité présidentielle (RSP) sous la conduite de l’ancien bras droit de Compaoré, Gilbert Diendéré fait irruption sur la scène politique.


Ces soldats prennent d’assaut le siège de la présidence où se tenait un Conseil de ministres, avant de prendre en otage le président Kafando, son Premier ministre et deux autres ministres. Les militaires s’emparent du pouvoir sous le "Conseil national pour la démocratie (CND)".


"Il s’agit du coup d’Etat le plus bête au monde", font remarquer les observateurs à travers le monde.


Comme principale revendication, les putschistes dénoncent la nouvelle loi électorale et la gestion de l’équipe de la transition. Des manifestations organisées à Ouagadougou, dans la même soirée, sont violemment réprimées par des militaires à l’aide de balles réelles.


Comme premières mesures, l’instauration d’un couvre-feu et la fermeture des frontières ont été décrétées. La tension monte à l’intérieur du pays, où les populations manifestent sans être inquiétées par les forces de défense et de sécurité, alors que la capitale, Ouagadougou, enregistre les premières victimes.


Une équipe de médiation de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), conduite par les présidents sénégalais, Macky Sall et béninois, Boni Yayi, est arrivée, le 18 septembre à Ouagadougou, pour entamer des négociations avec tous les acteurs impliqués dans la crise.


Le président intérimaire du Burkina Faso, Michel Kafando sera libéré sous la pression de la rue et les militaires loyalistes venus de l’intérieur du pays.


Le gouvernement de transition reprend son chemin, mais la peur dans le ventre. Le dispositif sécuritaire est renforcé, car les putschistes, dont le cerveau a été arrêté sont soupçonnés de faire appel à des "forces étrangères".


Le premier conseil des ministres post-coup d’Etat prend la décision de dissolution du RSP et ouvre une enquête. Plusieurs officiers et d’anciens cadres du parti de Compaoré sont mis aux arrêts.

Suite aux multiples appels, plusieurs centaines de putschistes se rendent. Mais il faudrait un assaut éclair des forces loyalistes pour déloger les ‘’irréductibles’’ de leur camp.



La résistance à ce coup de force a fait 15 morts et plus de 200 blessés, essentiellement des civils. Le 9 octobre 2015, alors que la Nation rendait un hommage aux martyrs tombés sous les balles des putschistes, des individus lourdement armés ont attaqué un poste de gendarmerie à la frontière avec le Mali, tuant trois gendarmes burkinabè.


ELECTIONS "LIBRES" ET "TRANSPARENTES"


Du côté du ministère en charge de l’Administration du territoire, on accélère l’organisation des élections présidentielle et législatives pour le 29 novembre, date retenue par consensus.


Les quatorze candidats dont deux femmes pour la présidentielle et près de 7 000 candidatures pour la députation (127), se sont lancés à la conquête de l’électorat, le 8 novembre 2015. De l’avis des observateurs, cette campagne électorale s’est déroulée sans incident majeur.

Deux favoris, à savoir Roch March Christian Kaboré ex-Premier ministre de Compaoré et Zéphirin Diabré, ancien chef de file de l’opposition se font remarquer par les analystes politiques.


Le 29 novembre, plus de 5,5 millions de burkinabè se rendent dans les urnes. Comme la campagne, ces élections se sont bien déroulées, nonobstant quelques couacs liés à des retards dans l’ouverture des bureaux de vote et du manque de matériel.


A l’issue de ces élections, Roch Marc Christian Kaboré a été élu président avec 1.669.214 de voix, d’où 53,46%, tandis que son principal challenger, Zéphirin Diabré, obtient 924.879 de voix, soit 29,62%.



Le taux de participation a été évalué à 59,87%, selon le Conseil constitutionnel. Et l’ancien Premier ministre de Blaise Compaoré, Roch Marc Christian Kaboré devient ainsi le troisième président civil du Burkina Faso, depuis 1960.


Roch Marc Christian Kaboré, 58 ans, marié et père de trois enfants et banquier de formation a collaboré pendant près de 25 ans avec Blaise Compaoré. Plusieurs fois député et président de son parti, il a été aussi son Premier ministre, puis président de l’Assemblée nationale, avant de le quitter en janvier 2014.


Le nouveau président qui entre en fonction ce mardi, devra faire face à de multiples défis dans ce pays de près 18 millions d’habitants.


M. Kaboré qui a déclaré avoir comme l’une des priorités le changement de la Constitution, devant aboutir à une Ve République afin d’éviter que le Président ne règne sur toutes les institutions du pays, est attendu sur plusieurs autres chantiers.


Emploi, justice sociale, santé, éducation, redressement de l’économie sont, entre autres, les attentes des Burkinabè dont la majorité vit avec moins d’un dollar par jour.


"Je crois à la capacité de notre peuple à relever les défis qui se dressent devant nous pour bâtir ensemble un Burkina Faso de démocratie, de progrès économique et social, de liberté et de justice", a lancé à la foule M. Kaboré, quelques minutes après son élection.


"Les chantiers qui s’ouvrent exigent la pleine participation des fils et des filles du Burkina Faso engagés dans la lutte pour le progrès et l’amélioration de la gouvernance du pays", a-t-il prévenu.

Agence d’Information du Burkina

ndt/taa
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