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Appel au dialogue au Burundi : de qui la communauté internationale se moque-t-elle ?
Publié le mercredi 16 decembre 2015  |  Le Pays




Dans la descente du Burundi aux enfers, déclenchée par le mandat présidentiel de Pierre Nkurunziza, le temps ne se mesure plus qu’en nombre de cadavres. L’écho des crépitements d’armes, renvoyé par les collines de Bujumbura, semble avoir sonné le réveil de la Communauté internationale qui reste cependant caractérisée par les contradictions depuis le début de cette crise. Alors que l’Union européenne (UE) s’accroche à son dialogue inclusif entre une opposition martyrisée et son bourreau sorti tout droit des abîmes apocalyptiques, l’Union Africaine (UA), elle, souffle dans sa musette favorite : le manque de moyens. Et pourtant, l’UE se dit prête à casquer la bagatelle de 2,5 millions de dollars US réclamée par le médiateur Joweri Museveni.

Le médiateur choisi par la Communauté internationale n’a pas l’étoffe d’un faiseur de paix

Cet entêtement de la Communauté internationale à prôner le dialogue semble relever de la myopie, dans un contexte où tous les panneaux de signalisation indiquent clairement une voie sans issue. Primo, quelles sont, en effet, les chances d’aboutissement d’un dialogue qui s’annonce avec des sujets tabous comme la non-remise en cause du mandat de Nkurunziza obtenu en violation de toutes les dispositions constitutionnelles au Burundi ? Et même si le miracle se produisait sur les rives du Lac Victoria comme autrefois sur celles du lac Tibériade et que les acteurs politiques parvenaient à des accords, le Burundi s’installerait dans un cercle vicieux. On partirait des accords d’Arusha malmenés par Nkurunziza pour peut-être y revenir sous une autre forme, après un parcours onéreux et jonché de cadavres. Secundo, le médiateur choisi par la Communauté internationale, loin d’être crédible, n’a pas l’étoffe d’un faiseur de paix. Evoluant aux antipodes de la démocratie, Yoweri Museveni est l’antithèse des aspirations du peuple burundais en lutte contre la dictature de Nkurunziza. Les caractéristiques de dictateur qu’il partage avec Nkurunziza et leur commune appartenance aux syndicats de chefs d’Etats que sont l’UA et l’EAC, font douter de son impartialité. Il n’a donc pas d’autorité morale pour contraindre les protagonistes de la crise à la paix. Enfin, tertio, le dialogue ne saurait remplacer la Constitution qui définit le contrat social et politique au Burundi. Il ne peut y avoir de solution durable à l’équation burundaise si l’on ne revient pas au socle de la loi fondamentale.
En fait, l’apologie de ce dialogue, manifestement improductif, faite par les Occidentaux, prouve qu’ils se gaussent de la démocratie des nègres. Jacques Chirac qui affirmait que la démocratie était un luxe pour les Africains, disait tout haut ce que beaucoup d’Occidentaux pensent tout bas. Seules les richesses du continent africain qui font, depuis la nuit des temps, l’objet de leurs convoitises, restent au centre de leurs intérêts et leur prosélytisme démocratique ne vise que de précaires échafaudages pour créer la stabilité nécessaire à leur exploitation. Les idéaux de liberté et d’égalité qui sous-tendent leur discours sur la démocratie, n’est qu’un marchepied vers les immenses richesses de l’Afrique. Les 2,5 millions de dollars mis sur la table pour financer le dialogue inter-burundais, s’apparentent à un capital dont les bénéfices sur investissement motivent plus l’UE que les aspirations du peuple burundais. En plus de répéter l’immuable schéma mental des Européens depuis la Traite négrière où la simple pacotille suffisait à des chefaillons pour livrer leurs frères aux négriers, cette somme traduit la vaste hypocrisie orchestrée par la communauté internationale pour ne pas heurter les consciences, manipulant ainsi à dessein le spectre du génocide.

Le dialogue prôné n’est qu’une stratégie de diversion

Les effets induits de cette hypocrisie en espèces sonnantes et trébuchantes, en plus de renforcer le satrape de Nkurunziza en faisant jouer le temps en sa faveur par d’interminables palabres, enrichissent des dictateurs comme Museveni qui ne se fera pas de scrupules pour puiser dans la cagnotte. Pire, cette hypocrisie peut entraîner la prolifération sur le continent, de conflits monnayables.
Quant à l’UA, elle ne fait pas mieux face au drame fratricide burundais. Masquant son incapacité derrière le manque de moyens, elle cache mal son manque de volonté politique. Comme si elle renonçait à la souveraineté du continent qu’elle clame à cor et à cri. Encore que dans le cas burundais, elle dispose de solutions où elle n’a nullement besoin de casser la tirelire pour produire des résultats. Les démocrates du continent n’attendent d’elle qu’elle décide de l’isolement diplomatique de Nkurunziza et qu’elle vote à son encontre de véritables sanctions économiques qui puissent le faire plier. Mais avec Robert Mugabe comme chef de file, ce n’est certainement pas demain la veille.
Le dialogue prôné n’est qu’une stratégie de diversion mise en place par une Communauté internationale qui s’est faite l’alliée de Nkurunziza contre le peuple burundais. Et tout laisse croire donc que la solution à cette crise ne viendra ni de l’UE qui ne se meut qu’au tintement de ses intérêts, ni de l’UA, apathique du fait de son manque de volonté.
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