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Salifou Dembélé, ministre de la jeunesse á propos de l’emploi des jeunes : « La jeunesse n’est plus une question d’emploi, mais une question de sécurité nationale… »
Publié le mercredi 16 decembre 2015  |  Le Quotidien
Le
© Autre presse par DR
Le ministre de la Jeunesse, de l’Emploi et de la Formation professionnelle Salifou Dembélé




Dans cette interview réalisée à Bobo-Dioulasso, le dimanche 13 décembre 2015, le Dr Salifou Dembélé, ministre de la Jeunesse, de la Formation professionnelle et de l’Emploi fait le bilan de son séjour de 13 mois à la tête du ministère. Pour lui, la jeunesse n’est même plus une question d’emploi, c’est une question de sécurité nationale car dit-il: « Le jeune qui est assis et qui ne fait rien est une proie facile pour les Djihadistes qui ont besoin de recruter ».

Après un an passé à la tête du ministère de la Jeunesse, quel bilan, surtout sur le plan de l’emploi, pouvez-vous dresser à quelques jours de la fin de la transition?

Je suis d’avis avec vous que la question de l’emploi des jeunes est la préoccupation de tout gouvernement, beaucoup plus même pour le gouvernement de la Transition quand on sait comment ce gouvernement est arrivé au pouvoir, à la suite d’une insurrection populaire qui a été essentiellement l’œuvre des jeunes. Pour dresser un petit bilan rapide, en termes d’emploi des jeunes, il faut dire que dès que nous avons pris fonction, nous nous sommes attelés à revoir tout le dispositif institutionnel qui a été mis en place en ce qui concerne l’emploi des jeunes. Il fallait donc opérer un petit diagnostic pour voir les insuffisances et voir dans quelles mesures on peut trouver des solutions idoines qui puissent véritablement résoudre la question de l’employabilité de cette jeunesse-la.

Qu’a révélé ce diagnostic ?

A ce titre, nous avons fait un premier constat : c’est que le dispositif qui a été mis en place relativement à l’insertion socioprofessionnelle des jeunes avait une petite faille. Dans la mesure où, qui dit insertion socioprofessionnelle, que ce soit par la formation des jeunes diplômés ou que ce soit les jeunes qui ne sont pas diplômés, on avait l’impression qu’il y avait un accompagnement qui ne suivait pas. En d’autres termes, lorsque des jeunes bénéficiaient d’un programme (programme d’appui à l’insertion socioprofessionnelle des jeunes), on les mettait en stage dans les entreprises. Les stages durent trois (03) mois.
Qu’est ce que ces jeunes deviennent après le stage ? Après ce stage, le jeune doit-il demeuré chômeur ou doit-il être accompagné ?

Le deuxième élément concerne le volontariat : Dans le dispositif d’insertion socioprofessionnelle des jeunes, on a vu qu’on a mis en place un dispositif de volontariat qui, lui aussi, pose un certain problème dans la mesure où, à l’issue du volontariat, même si le jeune avait donné grande satisfaction à l’administration publique, le jeune ne peut pas être directement recruté dans la mesure où le règlement de la fonction publique suppose impérativement un test. Ça, ça posait beaucoup de problème. Deuxième élément par rapport au volontariat dans l’insertion socioprofessionnelle des jeunes, c’est que ça ne donnait pas droit à une attestation de service national de développement or, sans celle-ci, on ne peut pas accéder à tout emploi. Troisième élément par rapport au volontariat, c’est que le secteur privé avait purement et simplement été abandonné. Or, le moteur du développement de tout pays, c’est bien le secteur privé.

Les maux sont connus, quel a été l’ordonnance que votre ministère a prescrite à ce dispositif d’insertion socioprofessionnelle des jeunes ?

Au regard de tous ces constats, nous avons mis en place un nouveau dispositif institutionnel qui puisse prendre en compte tous ces éléments-la. Toujours au niveau de l’emploi des jeunes, nous avons mis l’accent sur ce que nous appelons auto-emploi. Il est beaucoup plus facile pour un jeune qui a des projets (et Dieu seul que les jeunes ont des projets et de très bons projets d’ailleurs) de s’installer plutôt que de recourir à un tiers et solliciter de ce tiers qu’il embauche le jeune. Le privé n’embauche pas parce qu’il a envie d’embaucher ! Le privé embauche parce qu’il a besoin des compétences. Or, les jeunes ont beaucoup de projets. Nous avons des fonds de financement. Nous avons des programmes de kits que nous remettons aux jeunes. Nous avons mis l’accent sur l’auto-emploi des jeunes. Cela s’est concrétisé par la mise à la disposition des jeunes d’équipements et de fonds de roulement pour leur permettre d’exercer leurs activités, de faire leur premier pas dans le monde des affaires et de pouvoir eux-aussi, contribuer à créer des emplois. Cela a été fait en début d’année et nous allons le faire encore à partir de la semaine (ndlr : à partir du lundi 14 décembre 2015) car les kits sont encore arrivés. A côté de ces équipements, nous avons les fonds de financement. Des instructions ont été données pour que l’accent soit mis sur des projets porteurs et qui sont susceptibles d’être pérennisés. La plupart des fonds de financement sont allés sur cette base pour pouvoir accompagner les jeunes dans la création de leurs propres emplois. Mais la faille que nous avions, est qu’on n’avait pas un bon dispositif de suivi. Ce qui fait que lorsque nous donnons les financements et qu’il n’y a pas d’accompagnement, le jeune ne s’en sortira certainement pas et cela pose un problème. Le dispositif de suivi a également été mis en place de telle sorte que nous soyons rassurés que dès l’instant que le jeune commence son activité et dès qu’il commence à avoir des problèmes qu’on l’appuie immédiatement car, on sait très bien que les deux premières années sont les plus difficiles. Pour que l’employabilité des jeunes soit une véritable réalité, il faut une modification institutionnelle. Je pense que c’est ce qui est très important. Le jeune qui est installé a besoin d’exercer ses activités. Pour le faire, on passe souvent des marchés publics. Dans les dispositifs de passation des marchés publics, les jeunes sont oubliés. Il faut avoir une certaine expérience ; il faut avoir une caution forte ! Le jeune qui commence ne peut pas le faire. Ce qui a lieu de faire actuellement, c’est de voir toutes les procédures de passation des marchés pour pouvoir rendre tout ce dispositif-la beaucoup plus souple afin que les jeunes puissent véritablement trouver aussi leur compte. Enfin, il faudrait que le dispositif social et fiscal puisse être allégé. Le jeune qui vient de créer son activité, si vous lui demandez de payer les impôts, il n’a pas les moyens de le faire. Il faut que les premières, un dispositif d’accompagnement soit mis en place pour leur permettre de manière progressive, de pouvoir rentrer dans le système fiscal. C’est ça aussi l’accompagnement. Pour ce faire, il faut que le ministre des Finances soit réellement impliqué parce que le ministère de la Jeunesse, à lui seul, ne peut pas faire tout ce travail.

Vous l’avez dit, il faut l’implication du ministère des finances. Mais concrètement, qu’est ce que vous avez fait dans ce sens?

Vous savez, lorsque vous voulez faire des modifications en termes de fiscalité, c’est le domaine le plus rigide et c’est là où les gens sont plus conservateurs. Nous avons deux visions. Une vision financière qui est celle de tout le ministère des Finances qui veut récolter le maximum d’impôts et nous, nous avons une vision beaucoup plus économique qui est de pouvoir placer nos jeunes afin qu’ils puissent avoir un emploi durable. Donc, c’est de la confrontation de ces deux visions qui doit aboutir à un résultat. Pour ce faire, le dispositif qui permet de mettre en place cette souplesse-la, c’est la loi des finances. Et la loi des finances est arrivée à un moment où nous avons eu le coup d’état manqué du 16 septembre 2015 qui a fait que le dispositif a trainé. Mais dans tous les cas de figure, nous avons fait des propositions dans ce sens en ce qui concerne les jeunes pour qu’on puisse prendre en compte deux dimensions parce que la loi va être adoptée dans peu de temps. Les jeunes vont payer les impôts comme tout citoyen, c’est normal ! Mais tout ce que nous souhaitons, c’est qu’on mette en place un dispositif de faveur au profit des jeunes qui viennent de s’installer nouvellement.

Et en quoi devra consister ce dispositif de faveur ?

Ce dispositif de faveur va permettre aux jeunes de payer l’impôt certes, mais à un taux très faible. Par exemple, la première année, 10% ; 20% la 2ème année ; 30% la 3ème année ; 40% la 4ème année ; 50% la 5ème année. Et à partir de la 6ème année, on paye l’impôt. Ça, c’est un accompagnement très important. Ce dispositif va faire l’objet d’un débat. Le deuxième élément, c’est au niveau de la sécurité sociale. Nous voulons un emploi décent et durable pour les jeunes. Pour qu’un emploi soit décent, il faut impérativement que l’employé que le jeune va prendre ou lui-même puisse être immatriculé à la Caisse de sécurité sociale pour pouvoir assurer ses arrières. Mais les taux aujourd’hui sont très élevés pour un jeune qui vient de s’installer en raison du manque de ressources. Pour ce faire, un dispositif (ça n’a pas encore été proposé) va être été soumis au nouveau gouvernement afin qu’au niveau des cotisations sociales, on puisse également avoir un système incitatif qui puisse accompagner ces jeunes-la. Et enfin, ce qui a effectivement été mis en place dans le cadre de l’accompagnement des jeunes, c’est que pour tout financement de projet des jeunes, nous mettons de côté 10% du montant global au titre de suivi et d’accompagnement des jeunes. Et ça c’est effectif ! C’est en cela que nous pourrons pérenniser les activités des jeunes car, si leurs activités ne sont pas pérennes, les remboursements ne pourront pas s’en suivre. Et s’il n y a pas de remboursement, il serait difficile de continuer à financer d’autres jeunes. Je pense qu’il faut avoir une vision intégrée de cette question de la problématique de l’emploi des jeunes qui est transversal. Ce n’est pas un travail seul, du ministère en charge de la jeunesse. C’est l’ensemble du gouvernement notamment des ministères du Commerce, des Finances qui doivent vraiment nous accompagner. C’est un travail gouvernemental qui est entrain d’être posé. Et ce que nous n’avons pas pu faire, nous les avons consigné dans un document que nous appelons: « le libre blanc » que nous allons laisser à notre successeur. Ce libre va faire le point du diagnostic, du travail qui a été fait et de ce qui doit être fait pour que la question de l’emploi des jeunes puisse être prise en compte dans toute sa mesure.

Tout ceci est bien. Mais qu’est ce qui est prévu pour les jeunes qui sortent des Centres de formations professionnels ?

De manière générale, il faut comprendre que nous avons au Burkina Faso un centre de formation de référence qui est situé à Ziniaré. Lorsque nous avons pris fonction, nous avons rencontré les apprenants de ce Centre qui sont déjà sortis. Ils nous ont fait comprendre qu’ils sont à 80 ou à 90% des chômeurs. Toute chose que nous avons trouvée inadmissible. On ne peut avoir un Centre de formation de référence qui forme des chômeurs. A ce moment, ça ne pourra jamais attirer les jeunes. Nous leur avons dit que notre souhait est de faire en sorte que tous les apprenants de ce Centre-la puissent trouver un emploi. Mon objectif c’était d’utiliser le Centre de formation de Ziniaré comme un exemple. Un exemple qui va mettre en avant l’importance de la formation professionnelle au Burkina Faso dans l’obtention des emplois. Pour ce faire, des engagements ont été pris. Et ces engagements, c’est de mettre à leur disposition des équipements pour leur permettre de s’installer. Les équipements sont bien arrivés et seront mis à leur disposition dès lundi (ndlr : lundi 14 décembre 2015). Deuxièmement, j’ai demandé aux fonds de mettre en place une forme de ségrégation positive de telle sorte que les jeunes qui sortent de ces centres soient prioritaires dans l’octroi des financements. Par ce que, l’illustration par l’exemple, est la meilleure publicité que nous devons faire de notre formation professionnelle. Quand les jeunes verront que leurs aînés qui sont sortis des Centres de formation professionnelle sont bien, il est évident qu’ils seront attirés vers ces centres-là. Un autre élément que nous avons fait dans le cadre du gouvernement de la Transition, c’est la reconnaissance des diplômes livrés dans ces centres. Le texte a été adopté. Cela veut dire qu’à partir de maintenant, les diplômes de ces centres seront mentionnés dans les dossiers de candidatures lors des concours de la Fonction publique. Aussi, lorsque ces jeunes seront recrutés dans le privé, on saura à partir de l’équivalence qui existe, leur trouver leur grille indiciaire. Ce qui n’était pas le cas auparavant. Et c’était la raison pour laquelle les jeunes délaissaient la formation professionnelle. Tous les jeunes qui sont issus des Centres de formation doivent être prioritaires dans le cadre d’un accompagnement financier tout comme en kits. Voilà le dispositif que nous avons mis en place.

Vous êtes en fin de mandat. Avez-vous le sentiment d’avoir réussi votre mission ?

On ne peut jamais être satisfait de la mission qui nous avait été assignée. On a essayé de faire le maximum mais il faudra simplement reconnaître que dans une administration, il y a un certain nombre de méandres qui font que tout ne peut pas être mis en œuvre comme on l’aurait souhaité. Si je prends le côté finance, on a des idées qu’on aimerait mettre en place mais, nous n’avons pas les moyens. Quand nous sommes arrivés, nous avions mis en place un plan d’action très important en ce qui concerne la question d’emploi des jeunes et de la formation professionnelle. Mais, il s’est avéré qu’il y avait Ebola. Donc, il a fallu détourner le financement vers une question de santé publique. Du coup nous avons manqué de financement. Le premier problème que nous avons eu, c’est la question du financement qui n’a pas permis de mettre en œuvre toutes les actions. Deuxième élément par rapport à ce qu’on aurait voulu bien faire et qu’on n’a pas pu faire, c’est au niveau institutionnel. Il y a certes, certaines actions qui ont pu être menées notamment au niveau du volontariat. A ce niveau, nous avons pu faire passer la durée du volontariat à une année. Aussi, pour celui qui a fait une année du volontariat, n’est plus obligé de faire le SND. Un autre élément très important que nous n’avons pas pu mettre en place au regard de la procédure législative, c’est le recrutement automatique d’un volontaire qui a donné satisfaction à la Fonction publique. Un autre élément, que nous n’avons pas pu faire et qui pose véritablement un problème qu’il va falloir résoudre à mon sens, c’est l’harmonisation de la problématique de la formation professionnelle au Burkina Faso. Comme vous le savez, il y a un ministère qui est entièrement dédié à la formation professionnelle. Mais, ce ministère n’a même pas la visibilité sur l’ensemble des centres de formation professionnelle car, il y a des ministères qui se sont accaparés certains Centres (dans l’agriculture, dans l’élevage). Or, tout devait être harmonisé et coordonné au niveau de mon département ministériel et maintenant et le côté opérationnel se faisait dans ces entités-la qui avaient les ressources humaines. Ça, on n’a pas pu le faire. Mais je pense que pour avoir une réelle visibilité sur la question de la formation professionnelle, cette donne-là doit être prise en compte. Il faut coordonner toutes les questions de la formation professionnelle au sein du ministère qui, a, à sa charge cette problématique. Et un élément aussi qui me semble important, c’est la valorisation des structures déconcentrées du ministère de la jeunesse. Au niveau des services déconcentrés, mon ministère est le plus mal logé en termes financement. Sachez à titre illustratif que le budget pour mener les activités au niveau des directions régionales est de trois (03) millions de francs CFA par an. Trois millions pour chacune des treize directions régionales. Qu’est ce qu’on peut faire avec trois millions par an? Quand nous sommes arrivés, nous avons mis à la disposition des directions régionales, quinze (15) millions supplémentaires donc, 18 millions de francs CFA pour que ces directions puissent jouer leurs rôles parce que, ce sont elles qui sont en contact direct avec la jeunesse. Le budget des directions régionales de la jeunesse doit être revu à la hausse de façon substantielle. Si on estime que la question de l’emploi des jeunes est une priorité, il faudra que cela se traduise dans l’affectation budgétaire au profit de ce département ministériel.

Justement Monsieur le ministre, vous avez combien comme budget?
En termes de pourcentage, le budget du ministère de la Jeunesse, de la Formation professionnelle et de l’Emploi représente 2% du budget de l’Etat. Nous souhaitons avoir 10%. Si nous avons 10% du budget de l’état, on fait du boulot concret parce que 10%, c’est autour de 150 à 200 milliards de francs CFA. Si nous avons ça, on peut faire du bon travail. Vous être conscients que si vous avez un budget de 40 à 50 milliards, vous ne pouvez pas faire grand chose pour la Jeunesse. C’est insignifiant ! Ça ne sert à rien de continuer de financer les jeunes dans les créneaux qui sont saturés. Mais avec ce budget, c’est ce qu’on peut faire alors qu’il faut tendre vers des nouveautés mais qui demandent énormément des moyens. Il faut oser ! Je pense que c’est ce qui est important. Le budget qui doit être affecté à la Jeunesse, doit être à la mesure de la politique qu’on veut mettre en œuvre pour cette jeunesse-la. Si on estime que la jeunesse est une priorité, il faut d’abord lui allouer un budget conséquent parce que, la jeunesse n’est même plus une question d’emploi, c’est une question de sécurité nationale. Vous voyez les mouvements Djihadistes et autres, ils recrutement où ? C’est dans les jeunes. Le jeune qui est assis et qui ne fait rien est une proie facile des Djihadistes. Donc il faut que nous arrivions à les occuper. Mais, comment ? Il faut qu’ils puissent être formés puis avoir un emploi décent. Dans toutes mes sorties, j’ai toujours dit qu’il faut qu’on mette en place un plan « Marchal » pour la jeunesse. Ce n’est pas une question qui peut se résoudre au niveau d’un seul pays. C’est une vision qui doit être prise en compte par la communauté internationale. Si on ne le fait pas, il est sûr que toutes les politiques que nous allons mettre en place auront des effets conjoncturels. La question doit donc se traiter de façon structurelle. Il faut aller au-delà des discours pour joindre l’acte à la parole.

Monsieur le ministre, nous allons revenir à Bobo-Dioulasso. À l’occasion de la commémoration du 55e anniversaire de l’indépendance du Burkina Faso, des leaders d’OSC ont été décorés à Ouagadougou. Ceux de Bobo-Dioulasso se sentent laissés pour comptes. Comment appréciez-vous cette situation ?
Je pense qu’il faut quelques fois reconnaître ses erreurs. C’est tout à fait normal que les acteurs de la société civile qui se sont impliqués comme nous le savons, non seulement dans l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 mais aussi contre le coup d’Etat manqué du 16 septembre 2015 puissent être distingués par la Nation. C’est tout à fait normal ! Nous savons aussi que la jeunesse de Bobo-Dioulasso a été le socle de précurseur à l’issue du coup d’Etat du 16 septembre 2015. C’est cette jeunesse-là qui s’est installée à la place Tiéfo Amoro pour dire qu’elle ne bougera jamais tant que les fauteurs de troubles ne partaient pas. C’est ce qui a emmené les autres jeunes des différentes localités du Burkina Faso à faire de même. A ce titre, la jeunesse de Bobo-Dioulasso méritait aussi une reconnaissance de la Nation. J’ai eu une rencontre avec ces jeunes-la pour leur faire comprendre qu’ils n’ont pas été abandonnés par le pouvoir, ni par le gouvernement. C’est parce que les choses sont allées un peu trop vite à cause du coup d’Etat manqué qui est venu perturber un peu, tout le calendrier. Nous avons échangé avec eux pour voir les formules qui sont les plus adaptées pour pouvoir donner beaucoup de considération à cette jeunesse des Hauts-Bassins qui a été le porte-parole de l’ensemble de la jeunesse du Burkina Faso dans le cadre du combat contre le coup d’Etat manqué. Donc des initiatives vont être prises à partir de la semaine prochaine (ndlr : semaine du lundi 14 décembre) pour corriger l’erreur que les jeunes semblent vivre au niveau de la région des Hauts-Bassins pour faire de telle sorte que les OSC des Hauts-Bassins puissent être hissés à un niveau qui, à mon sens, doit être le niveau 1 de la lutte des OSC contre le coup d’Etat manqué du 16 septembre 2015. Ils ont tout à fait raison. Mais, ils n’ont pas été abandonnés. Nous allons corriger cette erreur car ce sont ces OSC qui nous ont portés et nous leur devons toute la reconnaissance de la Nation.

Avant l’insurrection populaire il y a eu des débats sur le projet de modification de l’article 37. Certains jeunes l’ont soutenu, d’autres pas. Il est clair que cette situation a laissé des stigmates au niveau de la
jeunesse. Quel est votre message à l’endroit de cette jeunesse ?
Je pense qu’aujourd’hui nous sommes arrivés à un stade où nous devons préconiser l’union. Je l’ai dit. Tout le monde peut se tromper. Mais quand on se trompe, il faut reconnaître à un moment donné qu’on s’est trompé et on fait son mea-culpa et bien-entendu, on prend le train du développement économique et social de notre pays. La jeunesse étant la frange de la population la plus importante, ne saurait être divisée. Si dans un pays la jeunesse est divisée, ce pays ne peut pas prendre son envol économique et social. Voilà pourquoi je lance véritablement ce cri de cœur pour que la jeunesse du Burkina Faso puisse se donner la main pour qu’ensemble, nous puissions construire notre pays car, ce pays est à eux. S’ils sont divisés, jamais le développement tant entendu ne pourrait être une réalité. C’est l’union qui fait la force. Il faut que la jeunesse du Burkina retienne cela !

Interview conjointement réalisée par Mady BAZIE (le Quotidien) et Serges Téhé (Radio LPC/Bobo)
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