Accueil    Shopping    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Burkina Faso    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article



 Titrologie



Le Reporter N° 118 du

Abonnez vous aux journaux  -  Voir la Titrologie

  Sondage



 Autres articles


Comment

Politique

Situation nationale : Ce pays est-il vraiment gouverné ?
Publié le samedi 25 mai 2013   |  Le Reporter


Activités
© aOuaga.com par A.O
Activités du premier ministre: le Premier ministre, Luc Adolphe Tiao anime un point de presse à l’issue de sa visite dans les universités publiques de Ouagadougou
Lundi 18 mars 2013. Le chef du gouvernement, Luc Adolphe Tiao a rencontré le personnel de l’université de Ouagadougou. Photo : Luc Adolphe Tiao


 Vos outils




La question mérite d’être posée, au regard de la succession des évènements et de la chienlit dans laquelle s’enlise progressivement le pays depuis un certain temps. Cette situation a atteint son point d’orgue avec les derniers développements de ce qu’il était convenu d’appeler bras de fer entre le gouvernement et les travailleurs de la santé, regroupés au sein de leur syndicat, le SYNTSHA. Le dénouement de cette affaire, à travers la pirouette spectaculaire du Premier ministre Luc Adolphe Tiao, quelques jours seulement après son discours de fermeté devant la représentation nationale, montre, si besoin en était encore, le degré d’amateurisme ou de louvoiement, sinon toute la légèreté qui caractérise la gouvernance de ce pays.



Luc Adolphe Tiao doit nécessairement revoir sa copie, au risque de repartir comme il est venu 4 Diagnostic déroutant dans cette affaire reste incontestablement le sort réservé au rapport de la mission de l’Inspection technique des services de santé, dépêchée sur le terrain à Séguénéga, au lendemain du drame.

Vraisemblablement, cette mission organisée avec l’argent du contribuable n’aura servi à rien. En effet, au terme de leur séjour sur le terrain, après avoir écouté l’ensemble des acteurs et s’être suffisamment imprégnés des circonstances de la survenue du drame, les membres de la mission ont fait des recommandations en vue des suites à donner à l’affaire. Nulle part cette solution par le licenciement n’a été recommandée ni proposée. Manifestement, dans sa logique hasardeuse, le gouvernement a tout simplement rangé ces recommandations et s’est lancé dans la jam-session.

Les résultats, on les connaît aujourd’hui. Des innocents ont sans doute payé cher pour ces turpitudes de leurs dirigeants, suite au mot d’ordre de grève lancé par le SYNTSHA. Face à l’artillerie lourde qu’avait commencé à déployer le camp adverse, à savoir le syndicat, avec notamment la redoutable « opération caisses-vides », ainsi que les risques d’embrasement de l’ensemble du corps social, le Premier ministre a dû ravaler son discours martial devant les députés et s’est résolu à la reculade. C’est lui-même qui a présidé les négociations avec les syndicats qui ont abouti à la levée de la sanction. Pourquoi n’a-t-il pas commencé par là avant de se livrer, devant l’Assemblée nationale, à ce discours de fermeté dont il n’avait pas pratiquement les moyens politiques de mise en œuvre?

Une succession de louvoiements déroutants


Dorénavant les masses ne se laisseront pas compter
S’agissant de l’autre point de revendication du SYNTSHA, relatif à l’affectation jugée arbitraire d’un autre de ses militants, comment comprendre qu’on puisse affecter un agent du Poni au Kadiogo, soit disant pour nécessité de service et laisser l’intéressé poiroter plusieurs mois durant sans poste fixe ? Qu’est devenue entre-temps la fameuse nécessité de service ayant motivé son affection ? Face à tous ces atermoiements, quel crédit et quelle légitimité reste-t-il encore de ce gouvernement ?

Du reste, ce n’est pas la première fois que des décisions sont prises apparemment sans avoir été mûries ou que des décisions prises en Conseil des ministres restent lettres mortes. L’on est encore mémoratif de l’affaire Guiro, du nom de l’ex-DG des douanes, démis de ses fonctions par décret présidentiel express et déféré à la MACO. Depuis la province du Gourma, où il était en visite, le Premier ministre avait donné de la voix. L’écho, se rappelle-t-on encore, avait été si retentissant que l’on est aujourd’hui encore tout simplement abasourdi devant les tournures que prend cette rocambolesque affaire.

Quid de la liste des personnes épinglées dans les rapports de l’ASCE, exigée avec beaucoup d’effets médiatiques par le Premier ministre au détour d’une visite courant septembre 2012 au sein de ladite institution. La promesse ferme de châtier à la hauteur de leurs forfaits les personnes identifiées comme responsables de fautes lourdes de gestion ou de détournement de deniers publics s’est finalement muée en simple mirage au fil des mois. Le délai fatidique du mois d’octobre 2012 auquel s’était engagé le Premier ministre à l’occasion, est passé sans que personne ne crie gare. Les auteurs de malversations roulent allègrement carrosse et continuent de narguer les honnêtes citoyens avec les biens mal acquis. La question des nominations en Conseil des ministres est une autre manifestation de cette spécialité gouvernementale. C’est à croire que le Conseil des ministres est devenu une banale réunion de «causettes» où tout peut passer sans la moindre jugeote. Des nominations complaisantes aux plus fantaisistes, tout y passe désormais. C’est ainsi que des gens peuvent être nommés à des postes au cours d’un Conseil des ministres et être remplacés à la session suivante du même Conseil. Le cas de cette ex-gouverneur nommée par on ne sait quelle acrobatie inspectrice technique au ministre de la Santé, au grand mépris des textes en vigueur en la matière, est assez illustratif de cet état de fait.

Heureusement qu’il y a eu dans ce ministère, des gens encore soucieux du respect des textes, pour s’opposer énergiquement à cette dérive. Finalement, l’intéressée n’a jamais pu prendre service malgré sa nomination en Conseil des ministres. Toujours dans le même ministère de la Santé, que dire alors du projet de délocalisation de l’hôpital Yalgado Ouédraogo? Ce projet, adopté par le gouvernement et annoncé en grandes pompes en 2009 comme solution transitoire, en attendant la reconstruction de cet hôpital, se trouve aujourd’hui dans une situation des plus écœurantes. Les travaux lancés le 26 octobre 2010 et prévus pour être exécutés en 10 mois, sont loin d’être achevés plus de 2 ans après. Pourtant, c’est la bagatelle de 15 milliards FCFA qu’il a fallu mobiliser pour sa réalisation. En sa session du 6 mars dernier, le Conseil des ministres a décidé de la suspension pure et simple de l’opération. Motif invoqué, le projet « rencontre d’énormes difficultés liées à la faiblesse des études architecturales et d’ingénierie ». Chose curieuse, le 7 février dernier, soit un mois auparavant, le nouveau ministre de la Santé déclarait lors d’un point de presse que «l’initiative était sur de bons rails ».


Luc Adolphe Tiao doit nécessairement revoir sa copie, au risque de repartir comme il est venu
Mais il n’y a pas que ça. La construction et le bitumage de la route allant de l’échangeur de l’Est à l’hôpital Yalgado Ouédraogo a fait l’objet d’un marché public attribué en Conseil des ministres, le 27 octobre 2010, à l’entreprise Oumarou Kanazoé pour un montant de 10751 377 925 FCFA TTC. Le finance ment du projet est assuré par le budget de l’Etat, exercice 2010. Près de 3 ans après, la route reste toujours en l’état, sans qu’aucune explication valable ne soit donnée aux contribuables. Lorsqu’un gouvernement rassemble à lui seul autant de turpitudes et d’incongruités, que peut-il attendre de ses administrés ? Cette montée fulgurante de l’incivisme au sein des populations et cette déliquescence prononcée de l’autorité de l’Etat que l’on déplore de plus en plus depuis un certain temps, ne sont-elles pas les conséquences logiques de ces flétrissures du gouvernement? Sans nul doute. Le comportement du troupeau étant tributaire de celui du berger. Les agissements du gouvernement ont fini par convaincre les masses que leurs attentes ne seront satisfaites qu’au terme de rapports de force. Cette forme de gouvernance consistant en une culture du non- respect de la parole donnée et en une ruse perpétuelle avec les citoyens n’est, en réalité, qu’une forme d’éducation à la violence qui, à terme, est nuisible à tous, le gouvernement au premier chef.

Après avoir accumulé tant de maladresses, on en est à présent à demander aux médias de sensibiliser les citoyens au civisme. Mais est-ce vraiment la solution ? Qu’on ne s’y trompe pas ; tant que le sommet continuera de multiplier les gaucheries, tant que les dirigeants ne donneront pas le bon exemple, tant qu’ils continueront d’entretenir l’impunité et l’injustice, le petit peuple suivra ses pas. Et là, quels que soient les talents et les capacités de sensibilisation des médias, ils n’y pourront rien. C’est dire que les premiers rôles dans cette quête de changement des comportements incombent d’abord aux gouvernants.

C’est à eux d’impulser ce changement à travers une révision de leur mode de gouvernance. Tout autre cheminement ne sera que fuite en avant et perte de temps inutile.

 Commentaires