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Quartiers non-lotis : L’accès à la planification familiale requiert toute une stratégie
Publié le mardi 8 decembre 2015  |  Sidwaya




Le problème d’accès aux services de santé de la reproduction et de la planification familiale est réel dans les zones non-loties de Ouagadougou, où s’exprime au quotidien la précarité. Cependant, des associations comme SOS/Jeunesse et défi (SOS/JD) adoptent des projets innovants permettant de répondre un tant soit peu aux besoins non satisfaits de cette catégorie de la population. Constat en ce mois de novembre 2015, de l’usage des méthodes de contraception chez les jeunes femmes mariées à Nioko 2, à Polosgo, Sakoula, Songdin (…), des zones périphériques de Ouagadougou.


Les populations des quartiers non-lotis de Ouagadougou, souvent démunies, accèdent difficilement aux services de la Planification familiale (PF), pour des raisons socioculturelles mais aussi économiques. Le monde associatif travaille afin de lever les différentes barrières d’accès à la PF. En effet, l’association SOS Jeunesse et défi (SOS/JD) et ses animatrices ont leur stratégie pour faire face à la situation.
Mme Haoua Ouédraogo habite la zone non-lotie de Nioko 2, située à la sortie Nord-Est de la ville de Ouagadougou. Elle est animatrice bénévole à SOS/JD et travaille sur les questions de santé depuis une quinzaine d’années. Elle a été retenue en 2014 par SOS/JD, pour travailler à l’amélioration de l’accès des jeunes femmes mariées aux services de la planification familiale, un projet financé par l’ONG Pathfinder.
Agée de 57 ans, Mme Haoua Ouédraogo est l’une des doyennes des animatrices. Jeune fille, elle n’a pas connu les produits contraceptifs. Mais depuis qu’elle a compris les avantages de la planification familiale, elle s’évertue à sensibiliser les jeunes femmes à l’utilisation des méthodes de contraception.
Au démarrage de l’activité à l’endroit des jeunes femmes mariées, elle a fait du porte -à- porte dans la zone non-lotie de Nioko 2 zone n°6 et rencontré les leaders religieux de son quartier afin d’avoir leur accompagnement. D’un certain âge, bien connue dans la zone, celle que l’on appelle affectueusement « tantie », bénéficie d’une oreille attentive de la population. En un an d’animation, soit une causerie par mois, elle a pu convaincre 25 jeunes femmes, à se mettre sous contraception.
« Nous donnons des références aux jeunes femmes en les orientant au centre de santé et de promotion sociale de Kossodo où elles nous renvoient les contre-références. Cela nous permet de les suivre », dit-elle.
Certaines femmes, selon Mme Ouédraogo, veulent se mettre sous contraception mais leurs maris ou leurs belles-mères leur opposent un refus. Ce qui les contraint à l’utilisation clandestine des produits contraceptifs tels que les pilules et les injections. Dans ce jeu de cache-cache avec l’entourage, d’autres jeunes femmes préfèrent les contraceptions injectables.
« Nous avons pu convaincre des couples pour l’usage des contraceptifs. Sans risque de me tromper, 90% des femmes de Nioko 2 planifient leur naissance », se réjouit-elle.
Grâce à elle, les femmes de la zone n°6 de Nioko 2 ont connaissance de toute la gamme des méthodes de contraception. Mme Safi Monique Compaoré fait partie de celles qui ne ratent pas les séances de sensibilisation de SOS/JD. Ménagère, mariée depuis 8 ans, mère de deux enfants, elle a toujours pris part aux causeries animées par « tantie ».
« Dans les causeries, on apprend comment vivre en harmonie avec son mari et ses enfants en évitant des grossesses rapprochées », affirme Mme Compaoré. La contraception qu’utilise cette jeune dame de 25 ans est l’injectable depo-provera pour une durée de trois mois. Pourquoi utilise-t-elle une méthode de contraception ? « Elle me permet d’éviter des grossesses non désirées et des accouchements rapprochés et de préserver la santé de mes enfants », répond- elle. « Mon mari a donné son accord pour que j’utilise la contraception. Mieux, il me rappelle les délais tout en me donnant l’argent nécessaire pour le renouvellement », ajoute-t- elle.
« Tantie » est aidée dans sa tâche par une pair-éducatrice, Caroline Zoungrana, 29 ans, mariée, mère de deux enfants. « Nous avons travaillé pendant un an et nous constatons que la vie de nos consœurs s’est beaucoup améliorée », lance-t-elle fièrement. Son rôle consiste à discuter directement avec ses camarades femmes. La sensibilisation des belles-mères, beaux-frères ou belles-sœurs et les maris est du ressort de « tantie », l’animatrice.


345 femmes mises sous contraception par SOS/JD


Dans les quartiers non-lotis tels que Polosgo, Songdin, Sakoula et Roumtenga relevant des arrondissements n°4 et n°9 de Ouagadougou, l’association SOS/JD a enrôlé 345 nouvelles jeunes femmes utilisatrices de méthodes de contraception. Pour parvenir à ce résultat, l’association a mis à contribution une dizaine de pairs-éducatrices et une cinquantaine d’animatrices qu’elle a formées.
« Nous avons constaté que le mari peut ne pas être réfractaire à l’utilisation de la contraception par sa femme, mais souvent le frère, la sœur ou la belle-mère peut s’opposer. Ces derniers qui constituent un handicap d’accès à la contraception pensent que la pratiquer signifie, ne plus faire des enfants. Il y a eu des cas de résistance qui ont suscité des actions spécifiques par des visites à domicile.
Notre action était de leur faire comprendre ce qu’est la PF et ses avantages », explique le chargé de programme de l’accès des jeunes femmes mariées aux services de la planification familiale de SOS/JD, Etienne Koula. M. Koula est satisfait de l’activité menée par son association à l’endroit des jeunes femmes ­­mariées. Bien que le projet ait pris fin, les animatrices et les pairs-éducatrices sont toujours sollicitées pour des causeries-débats. Les animatrices et les pairs-éducatrices sont rémunérées sur la base des activités réalisées. M. Koula espère que des partenaires les appuieront afin que ces acteurs puissent bénéficier d’une somme forfaitaire par mois, ne serait-ce que le temps du projet. « Nous souhaitons les motiver afin de les stabiliser », a dit M. Koula.


Boureima SANGA
bsanga2003@yahoo.fr
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