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Société : le bon ménage entre féticheurs et politiciens
Publié le lundi 7 decembre 2015  |  Autre presse
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© Autre presse par D.R
Un lieu de fétiche




La peur, l’incertitude des jours à venir pousse parfois certains croyants catholiques à s’adonner à certaines pratiques jurant avec leur foi. Dans la quête du mieux-être, dans la conquête du pouvoir, il arrive que certains, s’écartent de la pratique droite des préceptes évangéliques, en accueillant des manières de faire souvent révélatrices de leur manque de confiance au Dieu qu’ils confessent. Ces pratiques se vivent-elles vraiment en politique ?

Un fait observable

Ce n’est plus un secret pour personne. Depuis les écrits de Pascal Airault, Georges Dougueli, Malika Groga-Bada, intervenus à la fin de la crise postélectorale ivoirienne, l’opinion tergiverse de moins en moins sur le fait de l’attachement des hommes politiques africains au fétichisme. Selon ce collectif d’auteurs, en effet, l’un des premiers gestes des forces pro-Ouattara a consisté à détruire les fétiches de Laurent Gbagbo. « Les jours suivant la capture de l’ex-chef d’État et de son épouse Simone, le 11 avril, à la résidence présidentielle de Cocody, expliquent-ils, les Abidjanais ont vu les bulldozers démolir des monuments, notamment au carrefour Saint-Jean à Cocody, à L’Indénié, à Adjamé et à Yopougon-Siporex ». Ces affirmations s’amplifieront par le canal de la presse nationale ivoirienne témoin qui établira alors, que les démolisseurs ont trouvé dans cette fouille archéologique peu habituelle, « des écritures bibliques, des statuettes et des ossements ». Véritable syncrétisme. Pour celui qui n’y croit pas, cependant, tout cela ne constitue que des allégations tendancieuses et manipulatrices parce que ne pouvant bénéficier d’aucune preuve scientifique. Soit. Une chose, par contre, reste irréfragable, celle que bien des politiques se dépouillent volontiers de leur titre, et de leur prestige et s’adonnent à ces pratiques, certains à visage découvert, d’autres par des intermédiaires bien désignés. Il semblerait que ce ne soit pas une praxis dont seuls les Africains aient le monopole. Félicité Annick Foungbé, politologue et analyste, l’écrit si bien qui dit ceci : « Il serait illusoire de penser que le fétichisme est l’apanage de l’Afrique, tous les continents ayant une tradition païenne. A ce propos, l’histoire des grandes nations constitue un témoignage éloquent. Madame de Montespan aurait ainsi sacrifié des innocents dans l’optique de pérenniser son emprise sur son royal amant Louis XIV ».
En Occident, ils consultent les astrologues, des géomanciens, entre autres, parce qu’ils ont vidé Dieu de leur vie. Manquant de repère et habités par une morbide psychose, ils recherchent auprès de ceux qui prétendent leur donner de l’assurance, le supplément de force qui confirme leur suprématie et les met définitivement à l’abri des assauts des potentiels émules. Mais qu’est-ce qui peut justifier qu’en Afrique, où l’on se vante d’être naturellement religieux, les responsables politiques s’adonnent à la fréquentation et aux prescriptions des devins, charlatans et féticheurs, qui, souvent, se révèlent être de fins artificiers d’un commerce sélecte et vélocement enrichissant ? Les hommes politiques dans leur ensemble, en effet, n’ont pas peur d’afficher publiquement leur appartenance religieuse, ce qui est une bonne chose. Y a-t-il un seul président en Afrique de l’Ouest qui ne sache pas conclure ses discours en invoquant la bénédiction de Dieu sur son pays ? Mais dans le même temps, ils ne tournent pas le dos aux fétiches, et il y en a même dont on célèbre les hauts faits dans le domaine. L’actuel chef de l’État, l’évangélique Boni Yayi, toujours prompt à invoquer Dieu dans ses discours a « envoyé des émissaires visiter les plus hautes divinités du pays lors de son arrivée au pouvoir en 2006 », assure un proche et un habitué du palais de la Marina, dont les propos sont reportés dans le site unmondelibre.org.

Le politicien burkinabè exempté ?

Chez nous au Burkina, depuis un peu plus d’un an maintenant, s’il y a un sujet qui a alimenté les conversations dans le tourbillon des secousses politiques, c’est bien celui de la pratique du fétichisme. Curieusement, vous l’aurez remarqué, aucun homme politique n’en a jamais fait cas dans ses propos ou prises de parole en public. Doit-on trouver dans ce silence tonitruant, l’aveu d’un tabou qui doit entourer ce sujet ou l’expression de la crainte de dévoiler un pan de sa propre histoire secrète ? Accordons-leur à tous, la présomption d’innocence, en les encourageant à être plus assidus dans les temples et les églises, s’ils sont des chrétiens. En attendant, Yattara, un féticheur de renom au Mali, est loin de les tenir à l’abri de tout soupçon. Selon Étienne Dembélé qui est son porte-parole, « Ils (les hommes politiques) viennent de partout » Il en reçoit du Mali, de la Côte d’Ivoire, du Burkina Faso, du Gabon, du Cameroun… ». « Je reçois des chefs de guerre aussi confie Yattara lui-même ». Selon les récits de Pascal Airault, Georges Dougueli, Malika Groga-Bada, « ils viennent se préparer pour les combats et sur demande des fétiches, des bœufs, boucs, poulets ou chiens sont immolés au cours de cérémonies parfois spectaculaires ». Que dire de ce que les réseaux sociaux ont révélé à la veille du meeting d’un parti au stade omnisport de Bobo-Dioulasso ?

La peur au banc des accusés

En vérité, les politiciens ont réussi dans leur peur du lendemain à « requiniser » leur milieu, faussant l’atmosphère des relations qui les lient. Dans cette jungle où parfois tous les coups sont permis, personne ne veut se laisser surprendre. Et cette façon de faire, comme par contagion, gangrène souvent toute l’administration de nos Etats. Est-ce surprenant de nos jours de constater que chaque fois qu’une personne est appelée à de nouvelles fonctions, elle s’entoure d’un maximum de précautions ? « Lors de chaque élection, confesse un homme politique d’ici, je sais que l’on organise pour moi des sacrifices d’animaux ; mais comme je suis chrétien, je ne mêle pas, je regarde à distance parce qu’après tout, ça ne gâte rien ». Sur 57 personnes interrogées dans un quartier de Ouagadougou, toutes confessions religieuses confondues, 11 seulement ont désapprouvé le fait que les hommes politiques consultent les fétiches. Le reste y marque son accord, arguant que ne pas le faire revient à s’exposer à un risque. Le plus épatant c’est quand des chrétiens avouent que de telles pratiques n’entament en rien leur foi en Dieu, en qui ils croient et de qui ils attendent tout. L’échantillon n’est que symbolique me direz-vous, mais assez symptomatique d’une pratique à laquelle nos responsables politiques devraient faire attention.

Rester humain pour gouverner

Comment l’homme politique, redevable aux populations qui l’ont investi, peut-il prétendre promettre à celles-ci l’émergence économique, par exemple, lorsqu’il se convainc qu’il est investi par un fétiche ? Les politiques africains inféodés à ces pratiques, et qui intègrent en sus des fétiches, des confréries, des loges maçonniques et des cercles ésotériques créés par les Occidentaux, à vrai dire, distraient leurs peuples. La surenchère qui accompagne souvent les prescriptions ordonnancières les conduit pareillement à des comportements infra humains qui finissent par les isoler des peuples qu’ils sont censés gouverner. La fréquentation des fétiches installe dans les ministères et dans les services de l’Etat ou du privé, la méfiance et la suspicion, qui mènent inéluctablement à la balkanisation et aux malsaines émulations entre collègues. Comment peut-on, dans de telles circonstances, rêver de créer l’harmonie nécessaire pour avancer ensemble et amorcer l’envol économique obligatoire pour l’émergence d’une nation ? Bientôt, croyez-moi, dans certaines directions de service, on ne manquera pas d’assister aux changements de mobiliers et de décor. Le prédécesseur est craint, il faut rompre tout lien avec lui pour être à l’abri. Il semble que dans certains pays africains est institué, bien que secrètement à la présidence, un secrétariat chargé de la gestion de ces pratiques occultes. Il va sans dire que l’argent du contribuable y exhale quelque chose de son parfum inodore !

Les dangers encourus par les pratiquants

Est-il trop tard de souligner que cet article s’adresse à tout chrétien catholique surtout qui serait tenté alors qu’il exerce la chose politique ou quelqu’autre responsabilité de prendre pour habitude de compagnonner avec les féticheurs ? A ceux-là, je veux simplement dire que de telles pratiques vont, de façon inévitable, gêner le développement de leur expérience religieuse proprement dite. La fréquentation des fétiches, ou l’enrôlement dans ces sectes réservées aux initiés, n’aide jamais ceux qui y ont recours. Ce sont des fréquentations qui les empêchent à la longue de s’intéresser à l’ensemble de la vie et à aller de l’avant en restant disponibles. Celui qui s’y installe perd petit à petit le goût de chercher à résoudre les problèmes collectifs puisqu’il se sent bien dans sa coquille avec la fallacieuse conviction d’y être intouchable. Il se retrouve comme englué et privé de tout esprit de critique par rapport à soi-même, dépourvu de tout esprit de créativité dans les relations humaines. Tout lui est inspiré par son prescripteur, son jugement s’en trouve altéré et épointé quoiqu’inconsciemment. En voulant mettre la main sur l’avenir, en voulant dominer l’incertitude du lendemain, on casse forcément quelque chose dans sa propre pratique religieuse, on s’affaiblit. Si vous ne voulez donc pas de surprise, fuyez à grandes enjambées ceux qui vous tourneront l’esprit vers ces pratiques et adonnez-vous responsablement et en droiture d’esprit et de corps, à vos devoirs d’Etat. C’est chaque jour que l’on doit vivre en croyant, avec pour certitude que la foi au Fils ressuscité et l’abandon entier de son être à Lui, désarme l’adversaire. Que WENDE vous y aide tous !

Abbé Joseph KINDA
www.egliseduburkina
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