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Résultats provisoires des élections couplées du 29 novembre 2015 : les plaisantins et les rêveurs en ont pris pour leur grade !
Publié le vendredi 4 decembre 2015  |  Le Pays
Présidentielle/législatives
© aOuaga.com par A.O
Présidentielle/législatives 2015 : Zéphirin Diabré fait le rang pour voter
Dimanche 29 novembre 2015. Ouagadougou. Le candidat de l`Union pour le progrès et le changement (UPC) à la présidentielle, Zéphirin Diabré, a fait le rang avant de rentrer voter dans son quartier de Zogona




Je vous avais demandé, à la veille de la fin de la campagne électorale, de laisser, nous les électeurs, faire
désormais notre boulot. Effectivement, d’Est en Ouest et du Nord au Sud, 60 Burkinabè sur 100 sont allés aux urnes pour voter le Président du Faso et les 127 députés. Le vote étant secret, je ne vous dirai pas le candidat ni le parti sur lesquels s’est porté mon choix, mais l’essentiel est que, de façon démocratique, mes compatriotes et moi ayons pu élire nos dirigeants. Pour revenir aux résultats, le vainqueur annoncé par les « dieux » des sondages et des bruits de couloirs, a été confirmé. Roch Marc Christian Kaboré, le candidat du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), est désormais Son Excellence, Monsieur le Président du Faso, président du Conseil des ministres, qui aura recueilli 53, 49% des voix. Le natif de Tuiré a damé le pion à Zéphirin Diabré de l’Union pour le progrès et le changement (UPC) qui a obtenu un score de 29, 65%. Au nom de tous les fous, je voudrais féliciter le vainqueur Roch, tout en espérant qu’au cours de son mandat, il n’oublie pas certains Burkinabè pour ne favoriser que d’autres. En tout cas, je ne veux plus être victime de l’apartheid économique et social que le régime passé avait installé au Burkina Faso. D’ailleurs, je ne vois pas d’un mauvais œil que ce soit un ancien homme­clé du régime de Blaise Compaoré, qui sorte vainqueur de cette élection présidentielle.

Pourquoi ? Parce que les maux de la gouvernance diagnostiqués au Pays des hommes intègres, sont aussi du fait de Roch et de ses camarades. Quoi donc de plus normal que ceux qui ont contribué à retarder le Burkina, soient mis aujourd’hui devant leurs responsabilités. Je dirais à Roch qu’il a là, une occasion historique de donner du contenu à son « mea culpa », en travaillant à faire du Burkina Faso un pays où tous les citoyens, quels qu’ils soient, soient satisfaits de sa gestion !

L’électeur burkinabè d’aujourd’hui veut qu’on le prenne au sérieux

En regardant les résultats provisoires de l’élection présidentielle, je constate que Roch et Zèph totalisent à eux deux, 83,14% des voix, laissant les 12 autres candidats à la traîne. Quand j’observe les choses de près, je vois que dans la réalité, il y a eu deux candidats et 12 autres « accompagnateurs » comptant pour du beurre. Sinon, comment comprendre que pour une élection que les spécialistes des sciences politiques annonçaient comme compétitive, on se retrouve avec des écarts de voix « hallucinants » ? En dehors de ces deux mastodontes politiques, c’est la bérézina pour tout le reste. Constatez vous­mêmes les chiffres : 0,26% ; 1,21% ; 1,22% ; 1,73% ; 2,77% ; 0,49% ; 1,93% ; 0,68% ; 0,48% ; 3, 09% ; 1,63% ; 1, 36%...Faut-­il en rire ou en pleurer ? Je crois que si chacun a récolté ce qu’il a semé, c’est parce que les électeurs burkinabè ont sanctionné les plaisantins et les rêveurs qui, il faut le dire, en ont pris pour leur grade. Ce faisant, certains candidats devraient tirer les leçons de ce qui leur est arrivé. Si malgré leur activisme politique, les sommes d’argent qu’ils ont dépensées, les ambitions qu’ils ont pour le Burkina Faso, certains se retrouvent avec moins de 100 000 voix, c’est qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas politiquement rond.

Mais pouvait­il en être autrement ? Je connais des « leaders » politiques qui ne vont vers les populations que pendant les campagnes électorales. Ils sont à Ouagadougou, roulent dans leur V8. De temps en temps, ils distribuent des « vlops » (enveloppes) et dès qu’il y a élection, ils accourent pour solliciter des voix. Et c’est tout ! Les populations ne peuvent pas compter sur eux pour avoir des forages, des micro­crédits, des salles de Il y a aussi ces candidats qui savent qu’ils ne peuvent pas mobiliser une basse­cour, mais qui rêvent du fauteuil de Kosyam ; comme si l’élection présidentielle était une mince affaire !

En sus, il y a ces leaders politiques qui passent leur temps à faire balader mes amis et confrères journalistes. Ils n’ont jamais le temps pour donner une interview aux médias nationaux. Mais dès que RFI, Jeune Afrique ou autre médias internationaux les appellent pour des entretiens, ils sautent sur l’occasion en oubliant que les élections se passent au Burkina Faso et que c’est d’abord et avant tout aux Burkinabè, d’apprécier leur offre politique. Enfin, plusieurs candidats à la dernière élection présidentielle ont confondu foules et électeurs prêts à voter pour eux. Ils doivent se rendre compte maintenant qu’il ne s’agit pas de rassembler des individus dans un espace vert, quelque part à Ouagadougou, pour se faire élire.

Les mêmes constats se font au niveau des élections législatives. Des 81 partis politiques en lice pour les législatives, seuls 14 ont eu des postes de député. Pour ce qui est des 18 regroupements d’indépendants, tous en sont sortis bredouilles. C’est la preuve que l’électeur burkinabè d’aujourd’hui veut qu’on le prenne au sérieux. Tout le monde sait que certaines personnes ont fait de la politique, une entreprise où elles espèrent gonfler leurs comptes bancaires. Autre leçon à tirer de ces consultations électorales: le temps des saprophytes et autres opportunistes politiques semble désormais révolu. Pour être « quelqu’un » en politique dans ce pays, il faudra dorénavant se mettre au travail. Seul le travail payera. Et pour cela, je félicite le peuple burkinabè pour sa maturité.


« Le Fou »
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