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Art et Culture

Moudjibath Daouda-Koudjo, Rédactrice en chef des magazines Planète Enfants et Planète J’aime Lire: « Un enfant qui aime lire aura toujours une longueur d’avance sur les autres »
Publié le lundi 23 novembre 2015  |  Notre Temps
Moudjibath
© Autre presse
Moudjibath Daouda-Koudjo, Rédactrice en chef des magazines Planète Enfants et Planète




Dans l’univers des enfants, c’est une fenêtre qui s’ouvre. A la suite de Planète Enfants, voici Planète J’aime lire, un autre magazine qui ambitionne de donner au plus tôt le goût de la lecture chez les 5-7 ans. Nous avons rencontré la rédactrice en chef qui nous parle des magazines jeunesse et de la problématique de la lecture en général dans les écoles.

Notre Temps : Après Planète Enfants, vous avez lancé récemment Planète J’aime lire. Qu’est-ce qui a motivé la création de ce nouveau titre ?

Moudjibath Daouda-Koudjo : C’est l’absence presque totale de ce type de lecture-plaisir régulière pour les enfants qui commencent à peine à lire ! Plus tôt on intéresse et habitue les enfants à la lecture, plus vite et plus longtemps ils en feront une passion. Vous me direz qu’à cet âge-là, les enfants ne sont pas tous capables de lire de façon autonome. Certes, mais je précise que c’est pour cela que Planète J’aime Lire est conçu autour du concept lire ensemble pour faire découvrir et aimer la lecture. La lecture est avant tout une transmission, et c’est aux aînés de tenir la main des plus jeunes. Nous espérons que les parents suivront en offrant à leurs enfants ces moments privilégiés de partage autour de la lecture.

Sous quel signe placez-vous cette rentrée scolaire au niveau de vos publications ?

Sous le signe de la relance du dialogue avec les parents et les enseignants, pour le développement de la lecture. A ce sujet, un nouveau site Internet Planète Enfants sera officiellement lancé dès ce mois de décembre. Tous les acteurs de la lecture et du monde de l’éducation sont conviés à le visiter régulièrement : les parents, les enseignants et, bien entendu, les premiers lecteurs que sont les enfants eux-mêmes.

Qu’est-ce qui fait la particularité des magazines Planète ?

Planète Jeunes hier, puis Planète Enfants et Planète J’aime Lire aujourd’hui, chacun de nos magazines a toujours pris en compte les tranches d’âge précis de ses lecteurs, en adaptant ses contenus selon ses besoins. Ce sont des lieux de parole, de découvertes et de rencontres. Plus de 20 ans après la naissance de Planète Jeunes, les magazines Planète sont encore aujourd’hui un modèle unique en Afrique francophone. Ils ont su évoluer avec le temps en restant proches des lecteurs et de leurs préoccupations et centres d’intérêt.

Dans combien de pays êtes-vous présent ?

Les ‘‘Planète’’ sont dans la plupart des pays francophones en Afrique de l’Ouest et centrale, avec des diffuseurs directs par exemple en Côte-d’Ivoire, au Burkina Faso, au Bénin, au Niger, au Togo, au Sénégal, au Mali, au Gabon, etc. Une licence d’exploitation du magazine a été accordée à des éditeurs dans certains pays comme le Congo RDC. Mais, les magazines sont disponibles par abonnement pour tous les pays, y compris hors du continent, comme en France métropolitaine et dans les Dom-tom.

Comment arrivez-vous à satisfaire des publics si différents ?

C’était un choix de départ. La même dimension panafricaine et internationale se retrouve dans l’équipe qui collabore à la réalisation de ces magazines. Même si la rédaction est à Ouagadougou, nous y avons une équipe de plusieurs nationalités. Les collaborateurs extérieurs, journalistes, photographes, illustrateurs sont dans plusieurs pays d’Afrique et d’ailleurs, et ils sont sollicités selon les sujets programmés. Voilà comment toutes les sensibilités sont prises en compte dès la base.

Les contenus de vos magazines sont régulièrement utilisés dans les examens scolaires de plusieurs pays en Afrique. Quelle appréciation faites-vous de cela ?

Cette distinction de nos magazines par les autorités de l’éducation est une reconnaissance du travail pédagogique strict qui existe en amont de ces magazines, malgré leur aspect et leur traitement volontairement ludiques. Ils ont été créés par des professionnels de l’éducation, spécialisés dans la presse jeunesse et qui veillent à ce que le contenu soit au plus près de sa cible : jeune, moderne, africain ouvert au monde mais avec sa culture et sa personnalité propre. Savez-vous que des maisons d’édition bien connues comme Nathan, Hachette ou Belin reproduisent également certains de nos contenus dans des manuels scolaires actuellement en usage dans des pays d’Afrique de l’Ouest ? J’ai une grande fierté et une vraie reconnaissance pour toutes les personnes qui ont contribué à forger ces magazines au fil du temps.

Quelle différence faites-vous entre les livres scolaires et vos magazines ?

Les magazines Planète sont un complément indispensable du livre scolaire, pour faire de la lecture un plaisir et non une obligation. Les livres scolaires remplissent la tête. Nous, nous remplissons aussi le cœur et l’esprit. Parce que nos magazines offrent au lecteur la découverte du monde et de soi-même, à son rythme et selon son envie, sans compte à rendre. Nos magazines ne sont pas des manuels scolaires, mais ils sont à l’intérieur des écoles car ils sont aussi conçus pour accompagner, de façon ludique, les apprentissages formels qui sont donnés à l’école.

Ne pensez-vous pas que vos magazines coûtent un peu cher ?

Toutes proportions gardées, absolument pas ! Quand on regarde la qualité des contenus, et que l’on calcule le coût total de réalisation et de mise à la disposition du lecteur, on doit, à l’honnêteté, reconnaître que si l’objectif de développer la lecture n’avait pas été à la base de la création de ces magazines, une entreprise qui voudrait seulement rentrer dans ses investissements aurait déjà fermé boutique ! Cela dit, beaucoup de familles ont effectivement des moyens financiers limités, et des charges nombreuses. Mais soyons honnêtes : tout est une question de priorité. …

Globalement, le goût de la lecture se développe-t-il dans nos écoles ?

Il y a vraiment une évolution à deux vitesses dans ce domaine. La réponse est oui et non. Les enfants lisent toujours, mais ils lisent différemment. Mais nous devons éviter de cantonner la question du développement de la lecture uniquement dans les écoles. Faire lire nos enfants relève de la responsabilité conjointe des parents, des enseignants et de l’Etat. La famille doit prendre conscience que savoir lire et aimer lire fait toute la différence. L’Etat doit offrir des cadres appropriés à cet exercice. Les promoteurs du livre et de la presse spécialisée doivent tenir compte des cibles les plus sensibles. L’implication de tous les acteurs pour la promotion de la lecture est indispensable.



Quels sont, selon vous, les problèmes majeurs de l’éducation en Afrique ?

C’est avant tout une question de synergie. Au niveau de la lecture, le premier défi de l’enfant africain, dans la plupart de nos pays, c’est la barrière de la langue. Natif d’une langue, on attend de lui des performances dans une langue qui n’est pas la sienne et qu’on lui enseigne comme une langue maternelle. Il faut corriger cela, mais en même temps lui proposer de quoi nourrir son savoir dans sa langue. Des initiatives notables sont en marche dans certains pays. C’est d’ailleurs dans cette dynamique que s’inscrit le SAELLA, le tout premier salon international de l’écrit et du livre en langues africaines qui aura lieu à Bamako du 3 au 6 décembre prochain.

En Côte d’Ivoire comment faire pour abonner son enfant au magazine Planète Enfants ?

Le principal circuit de diffusion dans tous les pays est l’abonnement dans les écoles. Il y a également un service qui s’occupe globalement des abonnements à l’adresse abonnements@bayard-afrique.com. La responsable de la distribution des magazines au Côte d’Ivoire est Mme Khady Coulibaly , joignable au 06 64 33 38 . On retrouve aussi les magazines en vente au numéro dans les kiosques, supermarchés et librairies partenaires.

Un dernier mot ?

Le fait d’abonner nos enfants à un magazine ou de leur offrir occasionnellement des livres ne suffit pas pour nous dédouaner de notre devoir de les accompagner dans la découverte et la pratique de la lecture. En lisant pour eux, avec eux, on transmet du sens, car les parents sont les premiers modèles de leurs enfants. Le virus de la lecture s’attrape pour longtemps. Un enfant qui aime lire restera éternellement un amoureux de la lecture. Et grâce à cela, il aura toujours une longueur d’avance sur les autres.

Interview réalisée par Dayang-ne-Wendé P. SILGA
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