Le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) de retour ? On est fondé à le croire, vu la forte mobilisation dans l’après-midi du dimanche 15 novembre 2015 à Saaba, commune située à la périphérie est de Ouagadougou, à l’occasion du meeting de lancement de la campagne de ce parti pour les élections législatives du 29 du mois courant. Les militants de l’ex-parti majoritaire, auxquels ont été officiellement présentés ses candidats du Kadiogo à la députation, ont démontré que «le beurre n’est pas mort, il dort».
La campagne politique bat son plein dans la capitale burkinabè. C’est de bonne guerre, puisqu’elle est l’occasion pour les partis de conquérir le maximum de voix aux élections présidentielle et législatives couplées du dimanche 29 novembre prochain. Pour ce faire, il importe de mettre toutes les chances de son côté.
Les Cdpistes n’ont donc pas fait dans la dentelle pour prouver qu’ils restaient maîtres dans l’organisation des grandes rencontres. Tout le long de la nouvelle voie conduisant aux confins de Saaba, on aperçoit des d’affiches aux couleurs du parti. Les arbres, les poteaux électriques, les murs… sont en effet tous couverts de logos de l’ex-parti au pouvoir. Sur l’avenue principale de la commune, de jeunes militants euphoriques se livrent à des acrobaties comme dans les cortèges de mariage.
Au lieu du meeting, un terrain vague situé en face de la préfecture, avant le début effectif de la manifestation, la foule est déjà celle des grands jours, très compacte. Des haut-parleurs diffusent la musique de vedettes de la chanson moderne bien connues au rythme de laquelle des danseurs rivalisent de déhanchements.
Les femmes, sans se faire prier, se lancent dans un djandjoba improvisé, comme pour signifier qu’au CDP on a toujours le réflexe des grands rassemblements. Sous les tentes dressées pour l’occasion, assises ou debout, les différentes couches de la population sont fortement représentées. Les bonnets rouges y sont en bonne place.
Sur le podium où s’agite comme un beau diable l’inimitable traducteur et harangueur de foule, Ambroise Tapsoba, le défilé des troupes d’animations est continuel, chacune faisant montre d’ingéniosité et de créativité pour tenir en haleine le public qui grossit à vue d’œil. 15 heures 50 : arrivée très remarquée d’El hadj Mahamadi Kouanda, directeur provincial de la campagne législative du CDP.
Il est triomphalement escorté par des hôtesses et des jeunes jusqu’à la place officielle qui lui est réservée. Peu de temps après, c’est le vice-président du parti, Achille Tapsoba, qui arrive sur les lieux du jamboree. Il est accompagné de quelques personnalités du Congrès comme Salif Sawadogo. On procède à l’exécution de l’hymne du parti. Commencent alors les différentes interventions de circonstance.
Le rituel est le même : le défilé au parloir des représentants de toutes les sensibilités de la société. Invité à prendre la parole, le chef de Saaba préfère la laisser au représentant des personnes âgées. Après lui, se succéderont devant le microphone ceux des jeunes, des femmes et la directrice communale de la campagne législative du CDP, Josiane Kabré. Tous ont traduit leur satisfaction pour le choix de la commune de Saaba pour le lancement de la campagne du parti pour la conquête des voix le 29 novembre prochain.
Ils ont tour à tour magnifié les prouesses de leur formation politique sous le règne de l’ex-président Blaise Compaoré, non sans lancer de temps en temps des piques à qui l’on sait. Les différents orateurs ont marqué leur disponibilité et celle de ceux qu’ils représentent à toujours œuvrer au rayonnement du parti de l’épi et de la daba. Ils ont tous invité leurs militants à ne pas céder au découragement et à sortir massivement comme ils l’ont toujours fait, pour accomplir leur acte citoyen, et donner ainsi une victoire de 100% aux législatives au CDP à l’issue du scrutin du 29 novembre 2015.
L’ex-parti majoritaire n’est pas mort
Après des pauses musicales, le tour est revenu à El hadj Mahamadi Kouanda, directeur provincial de la campagne, et à Achille Tapsoba, vice-président du parti, de parler aux camarades militants. Après une minute de silence observée à la mémoire des disparus des récents événements survenus au Faso, à la Mecque et à Paris, ils ont tiré leur épingle du jeu malgré les caprices de la technique qui ont, par moments, rendu inaudibles leurs messages.
El hadj Kouanda a manifesté sa joie de communier avec les inconditionnels du CDP pour solliciter leurs voies dans la dignité et le respect. Le Congrès, a-t-il dit, est toujours là pour participer à la construction du Burkina Faso à travers ses représentants à l’Assemblée nationale. Il est aussi là, selon lui, pour la consolidation de la paix et de l’unité nationale.
Pour le directeur provincial de la campagne, son parti veut participer à la recherche de solutions pour l’accès des Burkinabè à l’éducation, à la santé, à l’eau potable et à la sécurité. Le CDP est ouvert à tous les autres partis qui aiment la paix, a-t-il ajouté. Achille Tapsoba pour sa part, a surtout insisté sur la détermination du parti à participer aux élections. A son avis, parler de la mort du CDP est circonstanciel, une lecture des circonstances et des événements.
Le parti de l’épi et de la daba est un parti social démocrate, un parti républicain et démocrate. Dans cette mesure, il ne peut et ne doit en aucune façon se débiner par rapport aux élections et aux interpellations électorales. Pour cette raison, affirme le vice-président, le parti est déterminé à participer au scrutin, quelles que soient les conditions. La participation du CDP cette fois-ci, a-t-il reconnu, est réduite aux consultations législatives. Le parti ne participera pas directement à la présidentielle avec un candidat. Qu’à cela ne tienne ! La loi, c’est la loi, martèle Achille Tapsoba, qui soutient par ailleurs qu’au CDP on est légaliste.
Sa formation politique étant un parti d’expérience, de terrain, il se dit très confiant. Compte tenu de ces facteurs favorables, M. Tapsoba pense que le CDP pourra surmonter les difficultés pour parvenir à des résultats assez probants à l’issue des prochaines consultations. Le parti, a-t-il conclu, est toujours sur l’échiquier politique et entend continuer à contribuer à la construction du pays.
Evariste Ouédraogo
Tous les articles d'actualités
