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Le Quotidien N° 769 du 20/5/2013

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Amadé
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Arrestation et probable déferrement de Amadé Ouérémi à la CPI - Au-delà du chef milicien, il y a les chefs militaires
Publié le lundi 20 mai 2013   |  Le Quotidien


Amadé
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Amadé Ouérémi, chef de milicien d’origine burkinabé, qui occupait la forêt classée du mont Péko depuis plusieurs années, dans l’Ouest de la Côte d’ivoire, mis aux arrêts


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Fin d’hégémonie pour Amadé Ouérémi dans la partie occidentale ivoirienne qu’il tenait avec une main de fer depuis plusieurs années. Originaire du Burkina, Amadé Ouérémi aura réussi à faire beaucoup parler de lui ces dernières années. Riche grâce à l’exploitation du cacao et puissant grâce à la milice qu’il dirigeait et ses pouvoirs mystiques, l’homme est vite allé en besogne en défiant l’autorité ivoirienne qui exigeait son retrait de la foret classée du mont Péko qu’il occupait illégalement. En refusant sa réédition malgré les multiples tractations du gouvernement ivoirien et de l’armée, Amadé Ouérémi avait sans doute poussé son outrecuidance très loin. Toute chose qui ne pouvait rester passive aux yeux du pouvoir ivoirien qui s’est résolu à prendre ses responsabilités en utilisant la force. C’est ainsi donc que le 19 mai dernier, il a été arrêté dans le village de Bagohouo, à 37 km de Duékoué au cours d’une opération lancée par le Bataillon de sécurisation de l’Ouest (BSO) composé de 200 soldats et gendarmes, dirigé par le commandant Losseni Fofana. Selon la version officielle, son arrestation s’explique par deux faits principaux à reprocher à Amadé Ouérémi, originaire du Burkina.
En effet, dans une vaste opération de déguerpissement des aires protégées, Amadé Ouérémi aurait refusé de quitter le parc national du mont Péko qu’il occupe. Aussi est-il accusé d’avoir exécuté avec ses hommes plus de 300 personnes lors de la prise de la ville de Duékoué par les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI).
Sur le premier cas, il faut retenir précisément qu’au titre des charges retenues contre l’homme qui s’est installé dans la zone à l’âge de 22 ans, en 1986, qu’après la crise post-électorale, le chef milicien est retourné dans le parc national du Mont Péko cultiver du cacao en toute illégalité, terrorisant les populations alentours et amassant un conséquent butin de guerre. Sommé de négocier sa reddition, ce tristement célèbre chef milicien burkinabè aurait refusé tout pourparler avec les autorités ivoiriennes, craignant de servir de bouc émissaire pour les crimes commis pendant la crise par les éléments loyaux au président Alassane Dramane Ouattara. Dès lors, il organise une résistance plusieurs mois durant contre les tentatives du gouvernement et de l’armée pour le déloger du parc national. Un défi contre l’autorité qui a fini par faire les choux gras des opposants au régime qui ne partait du dos de la cuillère pour décréter l’impuissance du pouvoir de Ouattara face au Burkinabè. Du reste, la question de l’occupation de la zone par Amadé Ouérémi et ses hommes s’est imposée dans le débat politique et chacun y allait de ses commentaires pour satisfaire son pédantisme. Alea Jacta est pour Amadé Ouérémi depuis le 19 mai dernier, laissant ainsi pantois ceux qui avaient des commentaires démesurés.
La deuxième charge contre Amadé Ouérémi porte sur son implication au massacre du quartier carrefour de Duékoué, fin mars 2011, qui d’ailleurs, a révélé Amadé Ouérémi au grand public. Massacre pour lequel, son nom a été plusieurs fois cité dans les rapports des organisations internationales de droits de l’homme. Accusé donc d’avoir assassiné 300 personnes pendant la crise post-électorale, c’est en toute logique que le chef de milice réponde de ses actes.
Voilà des arguments suffisamment convaincants pour ses détracteurs pour le présenter comme un tortionnaire, voire un sanguinaire et qu’il faut à tout pris présenter devant des juridictions. Cette étape n’est d’ailleurs qu’une question de temps et de procédure. Même si dans la mémoire de défense de l’intéressé, on note qu’il argue avoir pris les armes « pour une question de vie ou de mort », car soutient-il, « lorsque la crise a éclaté en 2002, certains ont décidé de nous exproprier de nos plantations par des attaques récurrentes ». « Je ne suis pas un hors-la-loi. Je veux la paix. Des gens qui ne me connaissent pas racontent que je suis un sanguinaire, mais ce n’est pas vrai. Je suis un enfant de pauvre et je ne peux être au-dessus de la loi », se défend mordicus celui dont le sort est en train d’être scellé par la justice ivoirienne. Rejetant donc en bloc toutes les accusations de massacre portées contre lui, l’homme qui était jusque-là le plus craint du Mont Péko, dément : « Ce n’est pas possible puisque je n’étais pas sur le théâtre des opérations, le jour de l’attaque de Duékoué. J’étais ailleurs en train de protéger ma famille et les planteurs qui m’ont fait confiance. J’ai protégé les chefs de Nidrou et Bagohouo, ils sont en vie et peuvent en témoigner ».
En attendant donc des instances organisées et reconnues pour qu’il réponde de toutes ces accusations, accusations pour lesquelles il se susurre qu’il pourrait rejoindre Laurent Gbagbo à la Haye, son arrestation ne manquera pas de faire des commentaires et qu’elle ne sera non sans conséquence fâcheuse sur la manifestation de la vérité sur les tueries de la crise post-électorale à l’Ouest de la Côte d’Ivoire. En effet, s’il y a une chose qui ne souffre d’aucun doute, c’est bien les accointances entre les autorités politiques et militaires actuelles de la Côte d’Ivoire et Amadé Ouérémi. Et son jugement pourrait bien révéler certains dossiers qui, forcément ne seront pas de nature à assurer la sérénité au sein du pouvoir ivoirien. Par ailleurs, même si nous convenons de la responsabilité de Amadé Ouérémi dans les tueries de Duékoué, il semble que bien de chefs militaires proches du pouvoir en sont aussi responsables. Donc, au même titre que Amadé Ouérémi, ces derniers doivent aussi être remis à la CPI pour d’éventuels jugements. Auquel cas, Amadé Ouérémi ne sera que le dindon de la farce destiné à distraire l’opinion nationale et internationale pour les détourner des vrais coupables du massacre de Duékoué. Et la seule option pour Alassane Dramane Ouattara d’éviter d’être toujours taxé d’installer une justice à deux vitesses, c’est de mettre à la disposition de la justice certains de ses proches cités dans les rapports des organisations de droits de l’homme. Amadé Ouérémi n’est qu’un petit poisson parmi les gros que doit pêcher Alassane Dramane Ouattara pour la cuisson à la justice.

La Rédaction

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