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La CCVC s’adresse aux candidats à la présidentielle du 29 novembre 2015
Publié le lundi 16 novembre 2015  |  RTB
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© Autre presse par A. Sanfo
Les responsables de la Coalition contre la vie chère (CCVC) ont animé une conférence de presse le 15 septembre 2015 à Ouagadougou




Ceci est une adresse de la Coalition nationale de lutte Contre la Vie Chère, la corruption, la fraude, l’impunité et pour les libertés (CCVC) aux candidats à la présidentielle du 29 novembre 2015. Dans ce message la CCVC interpelle les 14 candidats pour la prise en compte des préoccupations des populations. La coalition de syndicats et d’organisations de la société civile invite aussi les candidats à mener une campagne électorale « responsable », et à éviter de « semer des germes de guerre civile, en titillant la fibre ethnique, confessionnelle ou régionaliste… ».

Adresse aux candidats aux élections présidentielles du 29 novembre 2015

Mesdames, Messieurs les candidat(e)s aux élections présidentielles du 29 novembre 2015

Vous qui aspirez à assumer la lourde tâche de présider aux destinées du Burkina Faso pour les cinq prochaines années, les populations burkinabè en leurs diverses composantes attendent de vous, à l’entame de la campagne électorale, des éléments d’assurance à travers des projets de société courageux et déterminants pour leur bien-être et leur plein épanouissement.

Intervenant dans un contexte post-insurrectionnel et de lendemains de résistance populaire victorieuse contre le coup d’Etat de type fasciste du 16 septembre 2015, ces élections ne sauraient constituer un simple tremplin pour l’accession au pouvoir de politiciens, champions en promesses de campagnes mais en réalité, peu soucieux des préoccupations et attentes de notre peuple.

A la faveur de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 en effet, le peuple burkinabè a montré sa volonté et sa capacité à prendre en main son destin. Faut-il le rappeler, c’est au prix de vies humaines arrachées, de sang versé et de sacrifices divers consentis par le peuple burkinabè, que le mouvement populaire insurrectionnel des 30 et 31 octobre 2014, conduit sur l’ensemble du territoire a chassé Blaise COMPAORE du pouvoir. Le Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques (CODMPP) puis la CCVC ont pris une part active à ces longues années de luttes et de résistance populaire, qui ont contribué à fragiliser les fondements de ce régime et à conduire à sa chute.

Aujourd’hui encore, ce même peuple reste mobilisé et déterminé. Il veille et veillera à ce que ses préoccupations pressantes, celles portées par la CCVC notamment, soient pleinement satisfaites.

Mesdames, Messieurs les candidat(e)s

En toute légitimité, le peuple insurgé des 30 et 31 octobre 2014 a cru qu’en se débarrassant du système Compaoré, il verrait, au moins, poindre quelque lueur d’espoir en de lendemains meilleurs.

Hélas, à coups de promesses rarement tenues, le pouvoir de transition aura réussi, par un malicieux tour de passe-passe, à mettre en mode négation les attentes pressantes du peuple, notamment en matière de lutte contre l’impunité des crimes de sang et des crimes économiques. Tout autant, c’est avec une complaisante soumission à la nébuleuse communauté internationale, lui imposant comme but ultime de sa mission l’organisation d’élections, que les autorités de la transition ont systématiquement relégué au second plan les préoccupations des nombreuses couches de nos populations en matière sociale.

Le constat reste donc que, depuis quelques années, la situation sociale des populations burkinabè s’est particulièrement dégradée. Une telle situation s’explique, pour l’essentiel, par les facteurs suivants :

Le règne ambiant et persistant de l’impunité, du fait de la mise sous tutelle de la justice ;

La négation de fait des libertés politiques et démocratiques, consacrée par le verrouillage du jeu politique au bénéfice du clan Compaoré et associés ;

La poursuite de l’application des Programmes d’ajustement structurel (PAS), qui secrète un lot de conséquences désastreuses au détriment de nos populations, en matière de santé, d’éducation, de logement, d’emploi des jeunes, etc., hypothéquant toute possibilité de développement et maintenant ainsi notre pays sous domination ;

Le renchérissement continu des prix de produits de grande consommation (riz, sucre, lait, huile, savon, hydrocarbure, etc.) qui restent hors de portée de larges couches de nos populations ;

Le mépris et la marginalisation des populations paysannes, spoliées de leurs terres par de nouveaux riches et souvent victimes d’évictions forcées et de répression sauvage, telle que ce fut le cas à Kounkounfouanou dans la province du Gourma et dans d’autres localités de notre pays ;

Les menaces répétées contre les libertés publiques fondamentales (d’opinion et d’expression, de manifestation, d’organisation, etc.), gages du droit citoyen d’interpellation et de contrôle de l’action publique.

Mesdames, Messieurs les candidat(e)s

Il est évident qu’aucun pouvoir ne pourra bénéficier de quelque sursis que ce soit, si les préoccupations suivantes ne sont pas satisfaites à terme :

I. POUR LES MARTYRS DE L’INSURRECTION POPULAIRE DES 30 ET 31 OCTOBRE 2014 ET DU PUTSCH AVORTE DU 16 SEPTEMBRE 2015.

Identification complète, vérité et justice pour les martyrs de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 et ceux du putsch avorté du 16 septembre 2015 ;

Indemnisation des familles des martyrs de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 et de celles du putsch avorté du 16 septembre 2015 et prise en charge totale des blessés de l’insurrection populaire et du putsch avorté du 16 septembre 2015 ;

Accord de statut de Pupilles de la Nation aux enfants des martyrs, ainsi qu’à ceux des blessés handicapés à vie.

II. CONTRE L’IMPUNITE DES CRIMES DE SANG, DES CRIMES ECONOMIQUES, LA CORRUPTION ET LA FRAUDE.

4. Réouverture effective et instruction sérieuse du dossier Norbert ZONGO et compagnons ;

Vérité et justice pour DABO Boukari, disparu dans les locaux de l’ex-régiment de Sécurité Présidentiel (RSP), alors installé au sein du Conseil de l’Entente ;

Vérité et justice pour Thomas SANKARA, Flavien NEBIE, Salifou NEBIE, Oumarou Clément OUEDRAOGO, Blaise SIDIANI et Emile ZIGANI et toutes autres victimes de crimes de sang impunis ;
Jugement et sanctions de tous les commanditaires et auteurs de crimes de sang et de crimes économiques, qui doivent être frappés d’indignité politique et électorale ;

Mandat d’arrêt contre Blaise COMPAORE et François COMPAORE et mise aux arrêts de toute personne impliquée dans des crimes de sang et crimes économiques ;

Identification et jugement de ceux qui ont ordonné de tirer, ainsi que de ceux qui ont tiré sur les insurgés les 30 et 31 octobre 2014 et sur les résistants au putsch du 16 septembre 2015, causant de nombreuses pertes en vies humaines et de nombreux blessés ;

Prise de mesures concrètes et efficaces contre la corruption et la fraude. Assainissement de la gestion des marchés publics, aussi bien au niveau des procédures d’attribution que dans la résiliation des marchés (institutions, DGMP, Faso Baara, DACR …) ;

Identification et saisie des biens et fonds détournés par les dignitaires du régime de Blaise Compaoré et prise de mesures nécessaires en vue de recouvrer les fonds expatriés ;

Audit des départements ministériels, des sociétés d’Etat et autres institutions et projets. Audit de la gestion des communes, notamment des opérations de lotissements. Jugement et sanctions des auteurs de pillages et leur expropriation au profit des populations ;

Audit sur l’accaparement abusif des terres rurales au détriment des paysans et expropriation des personnes coupables de ces faits, au bénéfice des populations ;

Audit des privatisations réalisées dans le cadre des Programmes d’Ajustement Structurel (PAS) et nationalisation des sociétés bradées.

III. CONTRE LA VIE CHERE, POUR LA JUSTICE SOCIALE.

15. Non signature par le Burkina Faso des Accords de partenariat économique (APE) dont le contenu actuel est porteur de graves dangers pour l’économie nationale, particulièrement l’agriculture et l’industrie ;

16. Relèvement des salaires, des pensions de tous les agents de l’Etat et de ses démembrements, des travailleurs du privé, en activité ou à la retraite en rapport avec le coût de la vie relèvement du SMIG à hauteur de 50 000 FCFA et suppression de l’IUTS sur ledit SMIG ;

17. Réduction significative et contrôle des prix et de la qualité des produits de 1ère nécessité : riz, mil, maïs, haricot, huile, sel, sucre, lait, etc. ;

18. Réduction des taxes sur les produits pétroliers, de l’IUTS, des taxes qui frappent les petits commerçants, les artisans, les prestataires de services et suppression de la TVA sur les prêts bancaires ;

19. Amélioration des conditions de vie et d’études des élèves et étudiants, notamment par la réinstauration de bourses scolaires, l’augmentation des bourses et aides des étudiants, la construction d’infrastructures scolaires et universitaires (écoles, CEG, lycées, amphithéâtres, cités universitaires adaptées, etc.), ouverture de lignes de transport en commun spéciales en faveur des élèves et étudiants dans les centres urbains ;

Effectivité de l’école gratuite et obligatoire pour tous jusqu’à l’âge de 16 ans pour les enfants des deux sexes ;

Formation professionnelle gratuite des jeunes et adoption et mise en œuvre d’un programme de résorption du chômage notamment des jeunes ;

Suppression des cotisations obligatoires et autres cotisations spéciales pour les parents d’élèves et audit des fonds collectés par les Associations de parents d’élèves (APE) ;

Prise en compte des langues nationales dans les différents ordres d’enseignement et dans l’administration publique et éradication de l’analphabétisme ;

Prise en charge gratuite des urgences médicales, chirurgicales et obstétricales ;

Arrêt de l’expropriation des paysans de leurs terres. Révision à la hausse des prix d’achat du coton et autres produits des paysans. Baisse des coûts des intrants agricoles et disponibilité desdits intrants notamment pour les céréales ;

Accès au logement décent pour les populations en ville comme en campagne et baisse des loyers des maisons à usage d’habitation ;

Accès à l’électricité et à l’eau potable ;

Désenclavement des zones rurales ;

Construction de barrages, de retenues d’eau et de système de canalisation au profit des agriculteurs et des éleveurs ;

Arrêt des P.A.S. et des privatisations sauvages des entreprises publiques. Institution d’une allocation chômage particulièrement pour les travailleurs victimes des P.A.S.

IV. POUR LE MAINTIEN ET L’ELARGISSEMENT DES LIBERTES POLITIQUES ET DEMOCRATIQUES.

31. Renforcement des acquis de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 et de la résistance au putsch du 16 septembre 2015, notamment par :

la garantie effective de la liberté de presse, d’expression, de réunion, d’organisation, de grève, de circulation, de manifestation sur la voie publique ;

le libre accès des citoyens et des différentes composantes de la société burkinabè aux médias d’Etat ;

l’introduction dans la loi fondamentale de la reconnaissance de « l’insurrection populaire » comme mode de contestation et de lutte du peuple face à tout pouvoir qui violerait les droits des populations ;

la garantie de la sécurité des personnes et des biens sur toute l’étendue du territoire national ;

Garantie effective du respect de la vie humaine, de l’inviolabilité du domicile, du secret de la correspondance et de la communication ;

Respect des libertés démocratiques et syndicales, notamment par :

l’annulation des dispositions et mesures attentatoires au droit de grève (levée de l’interdiction du droit de grève des magistrats) ;

l’annulation de la mesure d’exclusion et reprise des étudiants exclus de l’université de Koudougou ;

la reconnaissance du droit d’organisation et de grève pour tous les corps paramilitaires (police, douanes, eaux et forêts) ;

la relecture de la loi 013, portant régime juridique applicable aux agents et emplois de la Fonction Publique, de la loi 27 portant régime juridique applicable aux emplois et aux agents des collectivités territoriales et de la loi 028, portant Code du travail au Burkina Faso (y compris la grille salariale) ; l’application effective des dispositions réglementaires sur le tâcheronnat ;

Démantèlement des bases militaires étrangères installées au Burkina, qui constituent une menace pour la liberté et l’indépendance du pays.

Mesdames, Messieurs les candidat(e)s

En cette période de campagne électorale, marquée par une effervescence particulière, votre responsabilité à toutes et tous est pleinement engagée, quant à la préservation de la concorde entre filles et fils du Burkina.

Aussi, notre peuple n’admettra qu’aucun(e) d’entre vous, dans la perspective enivrante de la conquête et de la gestion du pouvoir d’Etat, n’en vienne à semer des germes de guerre civile, en titillant la fibre ethnique, confessionnelle ou régionaliste de nos populations pour parvenir à ses fins.

Mesdames, Messieurs les candidat(e)s aux élections présidentielles du 29 novembre 2015

La CCVC vous soumet ainsi, les préoccupations pressantes de notre peuple qui, au-delà de simples promesses de campagne, attend de chacune et chacun de vous des réponses sous formes d’actions concrètes.

En tout état de cause, la CCVC s’emploiera à renforcer la mobilisation populaire et à poursuivre la lutte :

- pour la vérité et la justice pour les martyrs et blessés de l’insurrection populaire et de la résistance au putsch du 16 septembre 2015 ;
- contre l’impunité des crimes de sang et des crimes économiques ;
- pour la préservation et la garantie des libertés publiques ;
- pour le bien-être de nos populations des villes et campagnes ;
- pour la souveraineté et l’indépendance véritable du Burkina Faso.

Veuillez agréer, Mesdames, Messieurs les candidat(e), l’expression de notre considération distinguée.

Ouagadougou, le 13 novembre 2015

Pour la Coordination nationale,

Le premier vice-président

Chrysogone ZOUGMORE


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