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Le Pays N° 5358 du 16/5/2013

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Grève des médecins au Niger : Issoufou victime du passif de Tandja ?
Publié le jeudi 16 mai 2013   |  Le Pays




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Le secteur de la santé au Niger est malade, paralysé, ces jours-ci, par une grève des blouses blanches. Cette grève, il faut le rappeler, est subséquente à la volonté du régime de Mahamadou Issoufou de « diminuer drastiquement, de 35% à 5%, le taux des ristournes versées au personnel sur l’ensemble des prestations des formations sanitaires en dépit du protocole d’accord intervenu entre les deux parties sous la médiation de l’Assemblée nationale ». Des axes d’analyse qui se dégagent de ce fait, l’on peut retenir que le gouvernement a des raisons d’agir de la sorte, mais il s’en trouve piégé. Puisque, du côté des grévistes, on se ferait fort de faire valoir que dans l’Administration, un acquis est un acquis et il n’est pas question d’y revenir, de le remettre en cause.

Les raisons qui tiennent du côté du gouvernement

Le gouvernement de Mahamadou Issoufou qui fait face à l’une de ses premières grandes épreuves sociales, fait montre de son désir de faire subir à ses dépenses, une cure d’amaigrissement. Aussi cela entre-t-il dans la politique générale entamée par le président nigérien depuis son arrivée au pouvoir. Il donne le bon exemple, du reste, en instaurant une rupture avec la gestion de son prédécesseur Tandja. C’est de bonne guerre. Il peut se risquer à dire qu’il est parvenu à hisser le Niger au rang des pays en guerre réussie, ou presque, contre la corruption et la malgouvernance. Mais, c’est un sujet délicat, longuement larvé. Mahamadou Issoufou est victime quelque peu du passif de Tandja. Ce problème, au fait, est issu d’une ambiance générale de gestion scabreuse du régime de Tandja, ce Néron autiste sahélien, sous le magistère duquel l’Assemblée nationale, en 2001, avait voté la loi accordant aux agents de santé ces ristournes, aujourd’hui, objet de grève. Le péché de Mahamadou Issoufou, dans cette affaire, est de vouloir abroger cette disposition sans passer par l’Assemblée nationale. Les textes seuls le permettent-ils ? Mais, l’essentiel ne doit pas être à chercher forcément à personnaliser le problème. Il faut trouver une solution, et vite. Il faut surtout éviter le bras de fer, si ce n’est déjà fait ; cette grève n’étant qu’un remake après une première grève observée, il y a sous peu. En attendant, même s’il y a un service minimum assuré, ce sont les pauvres qui trinquent. Une grève dans le secteur de la santé a toujours eu des conséquences fâcheuses.

Le syndicat n’a pas tort

Les agents de santé n’ont peut-être pas tort d’exiger du gouvernement la régularisation de leurs ristournes à 35%, avec effet rétroactif. Certains diraient qu’il s’agit d’une question administrative et qu’en ces termes, les acquis doivent rester en l’état, c’est le principe du droit acquis. Si on ajoute à cela le fait que le secteur de la santé est, en général, mal loti, les disciples nigériens de Hippocrate ont des raisons de se fâcher. Cela dit, ce tableau clinique grisaillé du secteur de la santé est presqu’une épidémie dans la sous-région. Du Gabon au Burkina Faso, en passant par le Tchad, le diagnostic du secteur de la santé révèle qu’il est victime d’un mal dont l’agent causal est à rechercher dans les exigences des institutions de Bretton Woods qui, semble-t-il, privilégient les secteurs producteurs de biens économiques au grand dam des activités productrices de services comme celui de la santé. En tous les cas, le gouvernement nigérien doit réagir et il risque de reculer non sans la pression. Mais attention, il doit avoir une vue d’ensemble dans sa stratégie de gestion des problèmes. Il faut éviter que la résolution d’un problème ne provoque ou n’exacerbe un autre. L’essentiel c’est de savoir utiliser les rares ressources disponibles. Que l’on évite, par exemple, de claironner d’un côté qu’il n’y a pas d’argent et de l’autre, de provoquer des dépenses somptueuses, inutiles, et sources de révoltes.

Migraines ou tension artérielle du secteur de la santé nigérien, le gouvernement nigérien est le seul agent de santé à même de trouver la potion magique qui le guérira, pas besoin d’invoquer Asclépios ou même Saint-Camille.

Boureima DEMBELE

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