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Art et Culture

Portrait : Elimane Ciss, un pur talent de la mode sénégalo-burkinabè
Publié le vendredi 30 octobre 2015  |  Sidwaya




Tout a commencé dans l’atelier de couture de son oncle à Dakar où, il a fait son entrée dans la profession. Mais l’homme avait déjà à cette époque, le goût de l’aventure. Il dépose ainsi ses valises au « pays des Hommes intègres » en 1998. Aujourd’hui bien intégré dans le marché de la couture burkinabè, ce natif de Bambey au Centre-Ouest du Sénégal, Elimane Ciss, ne pense plus retourner vivre dans son pays natal.

Née en 1971, Elimane Ciss est un couturier sénégalais installé à Ouagadougou depuis 1998. « J’ai suivi la CAN 98 », se rappelle-t-il avec émotion. Il commence son aventure de couturier auprès d’une couturière burkinabè. Après avoir passé trois mois à se perfectionner, il ouvre son propre atelier au quartier Paag-la-yiri, à côté du lycée Saint Joseph de Ouagadougou, dans une cour qui lui sert également de domicile. Tout début est difficile. Elimane n’a pas échappé à cette réalité de la vie. «Les couturiers que j’employais me jouaient souvent de sales tours. Beaucoup venaient juste le temps de se faire la main, et ils repartaient aussitôt », regrette-t-il.

Il a aujourd’hui sous sa coupole plus de 20 employés de diverses nationalités. Ils sont Burkinabè, Ivoiriens, Togolais et Sénégalais. « Ici l’intégration est en marche », affirme-t-il avec fierté. Cependant, il confie que la gestion des hommes n’est pas du tout facile. Chaque jour que Dieu fait il y a des problèmes avec les employés, mais aussi, avec la clientèle.
Du haut de ses 1,80 m, ce quarantenaire laisse penser à un nonchalant. Erreur ! Il est très rigoureux. «Très souvent, il s’emporte avec les couturiers qui ratent ou qui traînent avec les tenues des clients », nous confie sa secrétaire, NoélieYaro.

L’adage : "on ne finit jamais d’apprendre", prend tout son sens chez Elimane, qui estime que les tendances de la mode évoluent à chaque moment et qu’il faut toujours apprendre ce que les autres font ailleurs. C’est pour cette raison, que ses vacances à Dakar constituent plutôt un moyen de découvrir les tendances de la mode. Il dit apprendre avec les plus jeunes pour acquérir encore plus de connaissances. « J’apprends même avec des gens à qui j’ai appris le métier », confie-t-il avec fierté.

Bien élancé, teint noir ciré comme tout bon sénégalais, Elimane ne sourit presque jamais. « Des gens me disent que je ne souris pas. Mais je pense qu’on ne juge pas quelqu’un par son apparence ». La seule chose qui peut faire sourire ce polygame, c’est la voix de ses parents qui sont restés au pays lorsqu’il les appelle.

Safi Kangoé, cliente de M. Ciss, le décrie comme un couturier professionnel. « Il te réussit les modèles les plus compliqués sur internet et donne rarement de faux rendez-vous. Il connaît son travail », affirme telle.
Du côté de ses proches, on lui reconnaît des qualités comme la sociabilité, la gentillesse, l’amour de son prochain, la rigueur dans le travail, etc. Pour son employé Mamadou Ouédraogo, à qui il confie la gestion d’une grande partie de ses affaires, Elimane est comme un papa. « Il me considère comme son enfant », confirme-t-il.

La sociabilité de l’homme

Son entourage le décrit comme quelqu’un de très sociable. Mais selon Aïcha Ciss/Sawadogo, sa première épouse, il est un peu « compliqué ». « Lorsqu’il n’est pas content à cause d’un client, c’est moi qui récolte les pots cassés. Tout se retourne contre moi », se moque cette dernière. Néanmoins, elle décrit son mari comme étant un des meilleurs maris au monde, ainsi qu’un bon père. « Il lui arrive de m’aider dans la cuisine », explique-t-elle. Et d’ajouter que pratiquement chaque dimanche, il sort avec ses enfants afin de partager de bons moments avec eux. Spécialiste en pelage, Mme Ciss travaille avec son mari. Cependant, elle affirme que le rôle d’épouse et celui d’employée de M. Ciss sont difficiles à concilier. Elimane est père de 4 enfants encore très jeunes (la plus âgée a 10 ans), dont 2 garçons et 2 filles. Ils s’amusent à toucher les machines, même si pour le moment, ils ne s’intéressent pas beaucoup à la couture. «Ils sont encore petits, mais je pense que ça va venir », espère le natif de Bambey.

Après 17 ans passés au Burkina, Elimane garde de bonnes relations avec son pays d’origine, le Sénégal. Mais, il ne compte pas y retourner définitivement. Il est aujourd’hui plus Burkinabè que Sénégalais en dépit de ses quelques mots en mooré. Pour lui, il est perçu comme un étranger lorsqu’il retourne au Sénégal.

A côté de son grand atelier de couture, Elimane dispose d’une boutique, où il expose ses modèles et vend des prêts-à-porter féminins et masculins. En tant qu’Africain, il affectionne particulièrement, les tissus produits en Afrique. Il se réjouit d’ailleurs de la décision du gouvernement de faire désormais du Faso Danfani (pagne traditionnel burkinabè), le pagne officiel de la célébration de la Journée internationale de la femme, prévue le 8-Mars de chaque année. Il estime aussi que l’on devrait promouvoir tout ce qui se fait par les artisans. « Je trouve que ça, c’est pour nous-mêmes », soutient-il en regardant avec admiration ses sandales en cuir. Ses affaires marchent –ils à tout moment ? Le bigame explique qu’on ne fait pas de bonnes affaires à tous les coups. Parfois, c’est le « soutourarek » (ndlr en wolof pour dire on se débrouille), affirme-t-il avant d’ajouter que malgré tout, « il faut continuer le combat ».Son souhait le plus ardent, c’est de pouvoir développer ses activités en formant encore plus de jeunes et en les accompagnant une fois qu’ils seront aguerris. « Je n’arrête pas de donner et je donnerai toujours », soutient-il avec conviction.

Lala KABORE
Abdoul Fhatao TIEMTORE
(Stagiaires)
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