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Sidwaya N° 7415 du 14/5/2013

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Editorial : Ces institutions qui végètent
Publié le mardi 14 mai 2013   |  Sidwaya


Jean
© Autre presse par DR
Jean Guéhéno


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Faut-il en rire ou en pleurer ? La conférence du Comité Permanent Inter-Etats de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel et en Afrique de l’Ouest (CILSS) a avorté samedi dernier, à N’Djaména, la capitale tchadienne. Pourtant la XVIe Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement avait à son ordre du jour divers dossiers importants, en l’occurrence le rapport du Secrétaire exécutif, l’état de mise en œuvre des recommandations et décisions du 15e sommet tenu en mars 2010, l’état de mise en œuvre des résolutions de la 47e session ordinaire du Conseil des ministres tenue en juillet 2012 à N’Djaména, notamment le rapprochement CILSS-CEDEAO.
A cela devaient s’ajouter d’autres dossiers spécifiques dont la stratégie de communication du CILSS, la constitution d’un dispositif organisationnel des ressources humaines, l’Alliance globale pour l’Initiative Résilience-Sahel (AGIR). Les questions administratives et financières : exercice 2012, le plan d’opérations et le budget 2013 devaient aussi être discutées à cette rencontre.
Malheureusement, la rencontre a été de courte durée ; à peine une vingtaine de minutes. L’hôte du sommet, Idriss Deby Itno ayant constaté que le quorum n’était pas atteint pour prendre des décisions importantes sur la vie de l’institution, l’a purement et simplement écourté. Le président tchadien qui attendait nombre de ses homologues membres du CILSS, s’est retrouvé avec ceux du Mali et du Soudan. Le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire se sont fait représenter par leur Premier ministre. D’autres pays-membres ont préféré envoyer leurs ministres d’Etat. Que se passe-t-il au CILSS ? L’institution créée en 1973, et regroupant aujourd’hui 13 pays va-t-elle mourir d’une mort lente ? Des questions dont on est en droit de se poser, étant entendu que personne n’ignore le grand rôle que joue cette organisation dans le domaine de la maîtrise de la sécurité alimentaire dans la sous-région. "Depuis 20 ans, le dispositif de prévention et de gestion des crises alimentaires mis en place dans les pays à l’échelle régionale permet d’assurer un suivi rapproché de la campagne agricole. Grâce à ce outil, l’Afrique subsaharienne est en mesure de prendre des décisions appropriées sur la sécurité alimentaire fondées sur des informations fiables", avait déclaré le ministre tchadien de l’Agriculture et de l’irrigation, Dr Djimé Adoum, à la 47e session du Conseil des ministres du CILSS en 2012. Ce n’est pas la première fois qu’on assiste au report de ladite conférence. Elle était initialement prévue du 4 au 5 juillet 2012 dans la capitale tchadienne pour être reportée à une date ultérieure, puis le 11 mai dernier. Les causes n’avaient pas été données. La conférence avortée de N’Djaména devrait être la quatrième en terre tchadienne, après celles de 1998, de 2010 et de 2012. Les pays membres boycottent-ils les conférences ?
Comme le CILSS, nombre d’institutions africaines ont du mal à susciter un engouement de leurs géniteurs autour d’elles. Et pourquoi ? L’une des raisons est que peu de pays membres sont à jour de leurs cotisations. Il faut donc éviter de se faire tancer lors des sommets. Du coup, les organisations peinent à être performantes et à accomplir les missions pour lesquelles elles ont été créées.
Au-delà des difficultés de financement, il faut déplorer le comportement même de certains dirigeants qui, au lieu d’œuvrer à la solidité des institutions, travaillent à les affaiblir. On se souvient encore que la première tentative d’union politique en Afrique a été l’œuvre de trois Etats d’Afrique de l’Ouest dans les années 1960 : le Ghana, la Guinée et le Mali, lesquels créèrent l’Union des Etats africains. Cette Union, d’inspiration marxiste, était menée par les révolutionnaires africains, Kwamé N’krumah (du Ghana) Modibo Keita (du Mali) et Sékou Touré (de Guinée). Le 23 novembre 1958, l’Union Ghana-Guinée fut créée et renommée Union des Etats africains en mai 1959. Deux ans plus tard, en avril 1961, le Mali adhéra à l’Union. L’Union prit fin en 1962 quand la Guinée s’est rapprochée des Etats-Unis. Trois ans seulement après sa création, sa mort a été constatée et déclarée. Ah l’Afrique !
D’autres organisations comme le Conseil de l’Entente, une organisation de coopération régionale d’Afrique de l’Ouest, à finalité principalement économique, créée en mai 1959 végètent elles aussi. On fonde l’espoir que la récente tentative de la relance dudit conseil sera la bonne.
Les organisations africaines font par ailleurs face à une silencieuse guerre d’hégémonie à laquelle se livrent des leaders. Chacun voulant être le président de telle ou telle institution et non un simple membre. L’heure ne devrait plus être à la tergiversation quand on sait que les querelles ont pour conséquences les fissures et la mort programmée de ces institutions.
Même la plus grande des organisations africaines à savoir l’Organisation de l’unité africaine (OUA), l’ancêtre de l’actuelle Union africaine (depuis 2002) créée par 32 Etats le 25 mai 1963, vit cette guerre de leadership et le non paiement des cotisations par des membres. L’impulsion visant à relancer le processus d’intégration politique, a été donnée en 1998 par Mouammar Kadhafi, alors « Guide de la révolution » de la Jamahiriya arabe libyenne à coup de milliards de francs CFA. Mais cela ne semble pas avoir produit grand effet en dehors du couronnement du guide libyen comme roi des rois d’Afrique ! Même si selon les analyses, l’UA est aujourd’hui une organisation de compromis qui va célébrer son cinquantenaire le 25 mai 2013, elle mérite davantage de soutien. L’Afrique a besoin d’institutions fortes et solides, capables de procurer le développement.
Etant donné que chacun des pays pris individuellement présente de nombreuses tares, la mise en commun des forces et des idées pour un développement du continent devrait être un reflexe naturel. A chaque pays d’apporter sa contribution de façon franche, pour la survie des institutions existantes. Toute attitude contraire est source d’échec pour le continent.


Rabankhi Abou-Bâkr ZIDA

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