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Le Pays N° 5348 du 30/4/2013

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Fete du travail 2013 : La F-SYNTER et le SNESS en grève le 10 mai
Publié le jeudi 2 mai 2013   |  Le Pays




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« Le travail, mes amis, seul fait l’Homme », disait Flavien Ranaivo. Si elle parait quelque peu exagérée, cette assertion du poète malgache n’en conserve pas moins le mérite de rendre un vibrant hommage au travail comme facteur de réalisation de l’Homme. En effet, avec le travail, l’être humain a un moyen d’acquérir les biens nécessaires à sa vie et à celle des siens, de s’épanouir. Mais la réalité est souvent bien différente, le travailleur étant bien des fois réduit à exercer sa tâche dans des conditions fort peu enviables avec en toile de fond la précarité de sa situation, son incapacité « à joindre les deux bouts », selon l’expression populaire, de façon honorable avec ce qu’il tire de son travail. Cette année, la Fête du travail s’est tenue dans un contexte mondial de crise de l’emploi consécutive elle-même à la crise financière qui a installé ses pénates dans les pays développés qui se trouvent être les principaux bailleurs de fonds pour ce qui est de l’aide au développement dans le monde et dont les sociétés transnationales sont les plus grands investisseurs sous nos tropiques. Dans ce contexte, les rares personnes qui arrivent à mettre la main sur un emploi ne sont pas au bout de leurs peines, étant entendu que la menace de licenciement plane comme une épée de Damoclès sur la tête de chacune d’elles. Dans les pays sous-développés, il est notoire que de coutume, les salaires servis ne sont pas à même de permettre aux bénéficiaires de pouvoir vivre à l’abri du besoin même le plus élémentaire.

Au Burkina Faso, cette journée est intervenue sur fond d’augmentations des prix de certains produits de première nécessité. Ces augmentations ne manqueront certainement pas d’avoir un effet boule de neige compte tenu des répercussions inévitables de la hausse des prix de certains produits annoncés sur ceux d’autres produits qui ne seraient pas officiellement concernés. Autant le dire, ces augmentations ne sont vraiment pas un cadeau pour les travailleurs et par extension pour la majorité des populations. Il est notoire qu’un travailleur a, sous nos cieux, l’honneur mais aussi la lourde charge de nourrir plusieurs bouches. C’est dire combien sa fin du mois qui correspond à la période de versement par son employeur de son salaire, est attendue, guettée et à quel point ce salaire est sollicité par des personnes plus ou moins proches, généralement à l’intérieur de ses cercles familial et amical. Ils sont nombreux, les travailleurs, à subir les foudres quand pour des raisons plus ou moins objectives, ils n’arrivent pas à « bien gérer » la situation, c’est-à-dire à répondre un tant soit peu aux sollicitations des uns et des autres. C’est dans ce contexte que le travailleur burkinabè regarde défiler les années, chacune avec son 1er-Mai, synonyme de cette « bien triste » Fête du travail. Et au regard de la floraison des licenciements, du renchérissement continu du coût de la vie, le tout couplé à une certaine modicité, voire à une modicité certaine des salaires, on peut bel et bien se dire que les années passent, mais que les problèmes des travailleurs vont de mal en pis, s’aggravent. Certes, quelques augmentations, dont une hausse de 5% du salaire, ont été accordées aux travailleurs, il y a de cela quelque temps, mais ces augmentations paraissent bien pâles face au renchérissement des prix des produits. On en veut pour preuve la hausse de 25% sur le prix de la bouteille de gaz de 12 kilogrammes.

Les récentes augmentations des prix de certaines denrées au Burkina posent donc problème quant à la capacité réelle des Burkinabè à y faire face avec le moins de dégâts possible, mais elles posent problème aussi et surtout dans le mode opératoire. En effet, on se demande ce que peuvent bien ressentir les organisations syndicales et les travailleurs avec elles, dans leur for intérieur à la suite de l’annonce par le gouvernement de ces augmentations. La question mérite d’être posée quand on sait que l’on vient de sortir d’une rencontre de concertation gouvernement-syndicats et que ces augmentations n’ont pas été au menu des discussions et n’ont, par conséquent, aucune chance de figurer au nombre des points de convergence. Certes, il est évident qu’il peut y avoir des raisons objectives à une révision à la hausse des prix de ces denrées, mais on peut trouver à redire sur la manière cavalière de prendre ces décisions si tant il est vrai que la communication, le dialogue et la concertation sont les maîtres-mots du gouvernement pour éviter tout quiproquo, pour dissiper les rumeurs sourdes et bien des fois, nocives. A présent, les organisations syndicales se doivent de se replacer et le plus vite serait le mieux au centre de ces débats entre les travailleurs et ceux à qui ils sont assujettis afin de trouver un juste milieu. Le message du gouvernement sur la lourdeur des charges que représente la subvention de certains produits est certes compréhensible, mais quid de la nécessité du partage des fruits de la croissance, si tant il est vrai que croissance il y a comme pour l’année 2012 où le même gouvernement annonce un taux de croissance de plus de 8% ? Probablement que les travailleurs ne seraient pas vraiment contre cette soi-disant vérité des prix si d’autres conditions sont réunies. Difficile pour les travailleurs de dire « oui à la vérité des prix » sans broncher si de leur côté, les employeurs, avec à leur tête l’Etat, ne disent pas d’abord et avant tout « oui à la vérité des salaires ». En d’autres termes, les travailleurs demanderont toujours les moyens de faire face aux augmentations de prix faites par le gouvernement sous le prétexte de l’application d’une certaine vérité des prix. Si les syndicats pour une raison ou une autre échouent à jouer leur rôle de porte-voix, il faut craindre que la rue prenne le dessus, les travailleurs de touts bords étant de plus en plus convaincus que leurs problèmes ne sont pas considérés comme il se doit dans le dialogue entre les syndicats et le gouvernement. Il faudra travailler à conjurer un tel sort parce que nul n’ignore le potentiel dévastateur des manifestations spontanées de rue. Et c’est chaque acteur qui s’en trouve ainsi interpellé.

« Le Pays »

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