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Sidwaya N° 7407 du 30/4/2013

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Editorial : Entre espoir et crainte
Publié le mardi 30 avril 2013   |  Sidwaya




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Alassane Dramane Ouattara (ADO), le président ivoirien a annoncé son intention de demander l’onction de ses compatriotes en 2015 pour un second mandat. « …Oui, vraisemblablement, je serai amené à solliciter un deuxième mandat (…) », a-t-il indiqué à notre confrère Jeune Afrique, rapporté par l’Agence France presse (AFP). « Quand on décide de s’engager en politique, c’est parce qu’on a des objectifs. Le mien était d’être président pour apporter ma contribution au redressement de mon pays. Et, a priori, je ne pense pas qu’il soit possible de redresser la Côte d’Ivoire, comme je le voudrais, dans les trois années à venir », a précisé le président Ouattara.
Selon la Constitution de la République de Côte d’Ivoire, rien n’empêche Alassane Dramane Ouattara de briguer un second mandat. En effet, celle-ci dispose en son article 35 que le président de la République est élu pour cinq ans au suffrage universel direct. Il n’est rééligible qu’une fois. Le candidat à l’élection présidentielle doit être âgé de 40 ans au moins et de 75 ans au plus.
Né le 1er janvier 1942 à Dimbokro, en Côte d’Ivoire, de feu Dramane Ouattara et de Nabintou Ouattara née Cissé, Alassane Dramane Ouattara aura 73 ans en 2015. Il peut donc en toute légitimité et légalité solliciter un nouveau bail de cinq ans.
Mais avant, l’homme doit régler quelques préalables d’ici à 2015 s’il veut triompher avec gloire et bonheur à la présidentielle. Sachons tirer les leçons des événements. Le principal parti de l’opposition, le Front populaire ivoirien (FPI), s’est mis en marge des municipales et régionales du 21 avril 2013. La majorité qui a soutenu ADO en 2010, s’est elle aussi fragilisée au sortir de ces élections locales. Des élections locales entachées d’incidents multiples et déplorables. Cela semble un avertissement avant la présidentielle de 2015. Fermer les yeux sur ce qui s’est passé aux élections locales, c’est faire la politique de l’autruche.
Des accusations de fraude, des scènes de violence, des blessés, des casses etc. ont constitué le spectacle offert au monde entier par la Côte d’Ivoire avant, pendant et après le scrutin du 21 avril. Toute chose qui laisse croire que le pays n’est pas totalement exorcisé des démons, deux ans après la fin de la crise née de la présidentielle de novembre 2010, qui avait fait environ 3.000 morts.
On peut louer Dieu que les incidents aient concerné seulement une dizaine de communes. Mais les tensions entre les alliés au pouvoir, montrent qu’il y a de quoi être inquiet. Le Rassemblement des républicains (RDR) d’Alassane Ouattara et le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) de l’ancien chef d’Etat, Henri Konan Bédié, se sont livrés à un spectacle peu honorable aux récentes élections. La coalition se porte-t-elle bien ? Non, est-on tenté de répondre.
La situation difficile dans laquelle était plongée la Côte d’Ivoire semble avoir eu pour conséquence forte, la banalisation de la violence et de la vie. Si des amis se violentent, leurs ennemis ou adversaires ne peuvent qu’en rire.
Les premiers responsables de la coalition ne doivent pas se voiler la face. Après ces incidents honteux, il faut qu’ils se retrouvent pour coudre la calebasse fissurée. Cette fissure peut profiter au parti de l’ancien président, Laurent Gbagbo, qui a d’ailleurs appelé le PDCI au rassemblement.
Imaginons un scénario dans le quel le PDCI-RDA est allié au FPI. Quelle que soit la force de frappe du RDR, il aura fort à faire dans une élection présidentielle. En politique, il n’y a pas de scénario impossible ; l’essentiel c’est de conserver ou de conquérir le pouvoir d’Etat. La fin semble être ce qui compte le plus.
Si Alassane Dramane Ouattara veut conserver son fauteuil en 2015, il a tout intérêt à maintenir une bonne santé de la coalition. Le PDCI reste un allié indispensable pour le RDR.
Les dernières élections ont en outre montré à la face du monde, que la réconciliation entre fils et filles de la Côte d’Ivoire est un travail de longue haleine. La moindre secousse provoque des étincelles capables de réduire à néant, les efforts de paix en Eburnie.
Bien qu’il ait l’intention de rebeloter, ADO devra auparavant batailler dur pour la réconciliation de tous les Ivoiriens avant l’échéance de 2015. Et ce n’est pas impossible.

Le gouvernement sur qui compte la communauté internationale doit poser des actes concrets d’apaisement nécessaire pour ramener la confiance entre les Ivoiriens. Il doit absolument combattre au sein des Ivoiriens, les anathèmes, les ostracismes, les menaces de mort ou l’usage de la force.
La réconciliation en Côte d’Ivoire passe par un dialogue incluant tous les Ivoiriens sans distinction de bord ou de conviction politique ou religieuse sur les sujets touchant à la gouvernance, à la paix, aux droits humains, à la consolidation des acquis démocratiques, à l’unité nationale, à la place de la Côte d’Ivoire dans la sous-région. ADO doit œuvrer à mettre les Ivoiriens à l’abri des violences inutiles ou des oppressions qui donnent le sentiment à certains groupes ethniques que la Côte d’Ivoire n’est plus leur pays.
Le ciment de la paix civile qu’est la réconciliation nationale, demande du courage et de l’audace politique. Croire que le temps fera son œuvre d’ici à 2015, c’est prendre ces rêves pour la réalité, c’est refuser d’admettre que l’homme est un être ondoyant et divers. Le problème ivoirien demeure. Et la vraie réconciliation consiste à remettre tous les Ivoiriens au travail, à garantir l’accès aux droits essentiels et à répartir de façon équitable, les devoirs et les droits entre toutes les filles et tous les fils de la nation. Pendant combien de temps encore les proches de l’ancien régime resteront dans les geôles ivoiriennes ? Beaucoup attendent depuis des mois sans jugement. Sans aucune liberté provisoire, attendant des procès qui se font attendre. Il faut pourtant statuer sur leur sort pour tranquilliser tout le monde, sinon ceux qui parlent de justice des vainqueurs n’auront pas tort.
Le désarmement et l’encasernement des ex-combattants restent aussi des chantiers non achevés. On le sait, « le chien ne change jamais sa manière de s’asseoir ». Tant que des individus détiendront des armes de façon illégale, ils s’en serviront contre leurs frères ou quiconque et tant pis pour la réconciliation nationale. C’est bien beau de déployer de l’énergie et d’utiliser de grosses sommes d’argent pour bâtir ou rebâtir un pays, mais cela ne saurait se faire sans un plein engagement et participation des enfants du pays. Le guide libyen l’a fait en construisant des milliers de cités qui, pour beaucoup sont restées inoccupées, une partie du peuple estimant que ces maisons ne faisaient pas son bonheur. Moralité : sachons tirer des leçons de nos propres erreurs ou de celles des autres.

Rabankhi Abou-Bâkr ZIDA

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