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Le Pays N° 5347 du 29/4/2013

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Accusations contre les Com’Zones : ADO peut-il se faire hara kiri ?
Publié le lundi 29 avril 2013   |  Le Pays




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Des experts des Nations unies viennent de rendre public un nouveau rapport sur la Côte d’Ivoire. Ils mettent en cause les anciens « com’zones » qui n’ont rien perdu de leur influence et qui, soutiennent-ils, ont étendu leurs actions prédatrices à l’ensemble du pays. C’est un véritable coup de tonnerre dans la galaxie du président Ouattara qui ne sait plus désormais à quel rapport se vouer. Car ils sont nombreux les rapports d’Amnesty International ou de Human Rights Watch qui pointent du doigt les proches de Ouattara. Les rapports se suivent et se ressemblent, serait-on tenté de dire. Et cet énième rapport est une véritable douche écossaise pour le président Ouattara qui, naguère seulement, criait à qui voulait l’entendre que la corruption et les passe-droits n’avaient plus droit de cité en Côte d’Ivoire. D’où vient-il alors que des officiers des ex-Forces nouvelles, Wattao , Fofié, Vetcho, Cherif Ousmane, des seigneurs de guerre, pour ainsi dire, peuvent régenter un réseau de contrebande et d’exploitation illégale de ressources naturelles ? Bénéficient-ils alors de la protection du chef de l’Etat ? En tout cas, on le sait, tant que ce sont des hommes politiques, il est plus facile pour le président Ouattara de prendre ses responsabilités. On l’a vu avec l’ex-ministre de l’Intégration, Adama Bictogo, qui avait été dépagnoté pour avoir été cité dans l’affaire de dédommagement des victimes du Probo Koala. Mais que peut faire ADO face à des seigneurs de guerre qui l’ont porté au pouvoir ? Rien. Dans le cas d’espèce, la sagesse commande de faire preuve de réalisme en leur donnant la carte de l’impunité. Car oser sanctionner ces chefs militaires qui constituent même la charpente du régime Ouattara, serait une manière de scier volontairement la branche sur laquelle l’on est assis. Et le président Ouattara le sait mieux que quiconque qu’il n’acceptera pas de se faire hara kiri, même si, il faut l’avouer, il risque un jour de voir voler en éclats le capital de sympathie dont il bénéficie auprès de la communauté internationale. A défaut de sanctionner les anciens « com’zones » pour fait de contrebande et d’exploitation illégale, le président Ouattara gagnerait à les pousser à un changement radical de comportements, s’il ne veut pas que son régime soit régulièrement mis à l’index dans tout nouveau rapport. Cela y va de son intérêt s’il ne veut pas paraître aux yeux du monde entier comme un chantre de la mal gouvernance politique et économique bâtie sur l’impunité. Mais à l’analyse, il serait injuste de mettre exclusivement sur le dos du président Ouattara, la pagaille qui prévaut actuellemet en Eburnie. Les responsabilités sont partagées. Car si l’ancien président Laurent Gbagbo avait reconnu humblement sa défaite, il y a fort à parier que la Côte d’Ivoire ne connaîtrait pas ce chaos sociopolitique généralisé favorisé par un contexte sécuritaire délétère. S’il est vrai qu’en tant que chef d’Etat, le président Ouattara a une responsabilité morale dans tout ce qui se passe en Côte d’Ivoire, il faut cependant reconnaître qu’il a hérité d’une situation très difficile caractérisée par les clivages ethno-régionalistes.

Boundi OUOBA

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