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Mariam Fofana, représentante-adjointe auprès de l’ONU
Publié le mardi 20 octobre 2015  |  Sidwaya




L’ambassadeur représentante-adjointe du Burkina Faso auprès de l’Organisation des Nations unies (ONU), Mariam Fofana, à travers cet entretien réalisé en marge de la 70e Assemblée générale de l’ONU, décrit le quotidien de la Mission permanente. Elle y évoque également la difficile bataille de l’Afrique pour le statut de membre permanent au Conseil de sécurité.

Sidwaya (S) : En dehors des grands rendez-vous comme les assemblées générales, quel est le quotidien de la Mission permanente du Burkina Faso à New York ?

Mariam Fofana (M.F.) : Notre quotidien est rythmé par des réunions.
Pendant la tenue des Assemblées générales (AG), nous participons au débat général comme les autres délégations à l’ouverture, à laquelle participent également le Secrétaire général de l’ONU, le président et tous les Etats membres de l’organisation.
Lors du débat général, le Burkina Faso, à l’instar des autres pays, fait sa déclaration à la tribune, tout en déclinant ses grandes préoccupations.

S : Que faites-vous concrètement au sein de la Mission permanente ?

M.F. : Au niveau de la Mission permanente, nous faisons tout pour que le Burkina Faso soit entendu au sein des Nations unies, que les préoccupations soient prises en compte lors des négociations des résolutions.
Les travaux des commissions vont commencer bientôt et ce sera l’occasion pour les Etats et pour les groupes d’Etats de soumettre leurs propositions.
Lors de ces travaux, un pays ou des groupes de pays peuvent introduire une problématique donnée. Et lorsque cette problématique concerne le Burkina Faso, il peut être co-auteur, s’il est approché.
En ce moment, nous faisons tout, au cours des débats, pour que les préoccupations de notre pays soient prises en compte dans le projet de résolution à adopter. Je prends l’exemple sur la question des enfants. Sur ce sujet, nous nous investissons pour que les difficultés que vivent les enfants burkinabè soient reflétées dans la résolution.

S. : A cette 70e AG, il a été question de nouvel Agenda pour le développement en remplacement des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). De quoi s’agit-il ?

M.F. : Le nouvel Agenda post 2015 est un nouveau référentiel mondial en matière de développement. Il compte 17 objectifs et 169 cibles. Les 17 objectifs prennent en compte toutes les grandes préoccupations des 194 pays membres allant de l’éradication de la pauvreté à l’aide publique au développement. Ce sont notamment des questions de développement, d’économie, de la jeunesse, de la femme… Ce nouvel Agenda tire leçons des OMD.

S. : La question de la gouvernance est toujours d’actualité. Au sein des Nations unies où en est-on ?

M. F. : La question de la réforme du Conseil de sécurité des Nations unies est sur la table depuis des années. Le Conseil de sécurité compte 15 membres dont cinq sont permanents et disposent du droit de veto. L’Afrique qui n’est pas représentée parmi les membres permanents se bat pour revendiquer le droit de veto afin de réparer une injustice causée depuis l’adoption de l’Organisation.

S. : A quand peut-on espérer un siège permanent pour l’Afrique ?

M.F. : Je ne peux pas vous dire que ce sera pour demain, parce qu’au cours des négociations chacun tire la couverture de son côté. Il ressort qu’être membre permanent est conditionné par beaucoup de choses. Aussi, les décisions du Conseil de sécurité concernent tous les Etats membres, même si ceux-ci ne sont pas tous membres. Ainsi, avoir son pays ou son continent représenté au sein de ce Conseil signifie que les intérêts seront plus défendus avec une oreille attentive. Cela ne va pas être facile, mais on y tient, on y croit ; le combat continue à travers le Consensus d'Ezulwini (Ndlr : projet de l’Union africaine qui réclame une pleine présence de l’Afrique dans tous les organes de prise de décisions des Nations unies, particulièrement au Conseil de sécurité) et la Déclaration de Syrte.

S : Est-ce que les cinq membres permanents sont favorables à cette réforme?

M. F. : Vu l’évolution des choses, je crois qu’ils sont conscients qu’on doit y aller.

S. : Quel peut être le poids d’un pays comme le Burkina Faso au sein des Nations unies ?

M. F. : Comme les autres pays, le Burkina Faso compte au sein des Nations unies. Et dans l’Organisation, chaque Etat représente une voix. Le Burkina Faso a pu faire la preuve que sa voix porte et qu’elle peut être entendue. Il a initié un projet de résolution sur une question aussi importante que sont les Mutilations génitales féminines (MGF). Une résolution qui a eu l’adhésion d’un grand nombre de pays et elle a été adoptée à l’Assemblée générale. Aussi, notre pays a pu, avec d’autres Etats membres, soumettre un projet de résolution sur le mariage forcé et le mariage précoce. Ce projet également a été adopté. Ceci pour dire que le Burkina Faso sait faire entendre sa voix, défendre ses intérêts.

S. : Comment avez-vous vécu l’insurrection, la Transition et le putsch manqué, depuis New York?

M. F. : Il est vrai que nous n’étions pas au pays, mais j’avoue que nous avons vécu chaque seconde de ce qui s’est passé, à travers les médias. Nous étions scotchés aux médias (la radio, l’Internet…), tout ce qui pouvait nous informer de ces événements. Nous étions vraiment préoccupés par tout ce qui se passait. Parce que le coup d’Etat est intervenu à un moment où on ne s’y attendait pas. Il s’est produit alors que le Burkina devait lancer la campagne électorale qui était prévue pour le 20 septembre et les élections le 11 octobre 2015. Au moment où le coup a eu lieu, nous étions devant la commission de la consolidation de la paix. Et tous les membres de cette commission louaient le Burkina. Un pays cité comme un exemple et c’est à notre grande surprise, à la fin de la réunion, que nous avons été informés de ce coup d’Etat. Ici à notre niveau nous avons pu faire ce qu’on pouvait afin que le pays recouvre sa stabilité. Nous remercions Dieu que le peuple burkinabè souverain ait pu résoudre ce problème par lui-même et montrer encore une fois de plus que nous sommes un peuple exceptionnel. Nous avons reçu des félicitations de partout. Nous sommes fiers d’être Burkinabè et nous ferons tout pour hisser très haut l’étendard du Burkina Faso au sein des Nations unies.


Propos recueillis à New York par Enok KINDO
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