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Victimes du putsch: «un crime de droit international», selon Amnesty International
Publié le jeudi 15 octobre 2015  |  FasoZine
Putsch
© aOuaga.com par Séni Dabo
Putsch avorté du 16 septembre : Amnesty International fait le point des violations des droits humains
Mercredi 14 octobre 2015. Ouagadougou. Pacific hotel. Amnesty International/Burkina a animé une conférence de presse pour présenter les résultats de ses investigations sur les violations des droits humains commises lors du putsch avorté du 16 septembre




Amnesty International a dévoilé ce mercredi 14 octobre 2015 dans la matinée à Ouagadougou, les conclusions de ses enquêtes menées durant deux semaines sur les atteintes des droits humains au cours du coup d’Etat manqué de l’ex Régiment de sécurité présidentiel (RSP) en septembre dernier. « 14 personnes, dont deux enfants, ont été tués ; six se sont fait tirer dans le dos » indique ledit document qui sera suivi dans les prochains jours d’un rapport complet.

Pour l’ONG des défenses des droits humains, « Pas d’amnistie pour les soldats ayant tué des civils non armés ».
Pour Gaétan Mootoo, l’un des trois chercheurs ayant conduit les investigations, l’enquête a conclu que 14 manifestants et passants avaient été tués par des tirs d’armes automatiques imputables à des membres de l’ex RSP. « Aucune des victimes, dont deux enfants, n’était ni armée ni ne représentait une menace pour les forces de sécurité », souligne un extrait du document.

En a croire le directeur pour l’Afrique de l’ouest de l’ONG, Alioune Tine, cité dans un des passages, « que des soldats ouvrent le feu sur une foule de manifestants non armés, dont des enfants, avec des armes automatiques, est un flagrant usage excessif de la force qui constitue un crime de droit international ».

De plus, selon les conférenciers du jour, les quartiers urbains n’étant pas des champs de tirs, les soldats du RSP savaient bel et bien que les tirs allaient tuer plusieurs personnes. Et selon des témoins que les chercheurs ont rencontrés durant les deux semaines d’investigations, « les personnes sont mortes de balles reçues à la tête, à la poitrine ou au thorax, ce qui indique selon eux, que les soldats qui ont ouvert le feu n’ont pas tenté de réduire le risque de blessures mortelles ».

Roger Minoungou, autre chercheur de l’enquête, estime que, hormis les témoignages des passants et des membres des familles des victimes, l’équipe des investigateurs a également consulté des documents médicaux qui ont permis de savoir qu’un grand nombre des 271 blessés du putsch manqué recensés par le gouvernement l’ont été par des tirs à balles réelles, tandis que des vidéos et témoignages ont confirmé que d’autres ont été fouettés et frappés par le RSP.

Outre ces « homicides illégaux et les blessés », le document présenté aux médias indique également qu’il y a eu des attaques visant des défenseurs des droits humains, des journalistes, et des partis politiques.

Au vu des tous cela, le directeur d’Amnesty international pour le Burkina Faso, Yves Boukari Traoré, a laissé entendre qu’il était donc impérieux que les autorités de la Transition mettent en place une commission d’enquête indépendante afin de faire la lumière sur tous les homicides et les atteintes aux droits humains au cours du putsch.

L’ONG souhaite aussi que le mandat de la commission d’enquête ne s’arrête pas seulement aux causes, et acteurs du coup de force mais s’étende sur « les 10 manifestants abattus lors des rassemblements d’octobre 2014 et sur les meurtres de Thomas Sankara et de Norbert Zongo ». In fine, cette commission devra enquêter sur les violations des droits humains, récentes et passées.

Par ailleurs, Amnesty International a indiqué son opposition sur le fait que les deux généraux inculpés chacun de 11 infractions notamment de menace à la sûreté de l’Etat et de meurtre, soient jugées par le tribunal militaire. Pour l’organisme de défenses des droits humains, ces procès doivent avoir lieu devant les juridictions civiles pour les cas présents. Pour eux, le tribunal militaire doit être réservé au membre de l’armée pour les infractions au code militaire.

De plus, il souhaite que les jugements des incriminés se fassent dans le respect des standards internationaux en la matière et que le jugement ne soit pas expéditif.

Notons que les résultats présentés par l’ONG est le fruit de deux semaines d’enquêtes menées en septembre et en octobre 2015. Au cours de l’enquête, 55 témoins ont été entendus ainsi que des blessés et les proches parents des tués. Les chercheurs ont recueilli également des éléments sur des scènes de crimes et consulté des registres d’hôpitaux. A la suite de ce document, suivra un rapport détaillé.

Dimitri Kaboré
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