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Contre-Analyse / Assaut meurtrier contre la gendarmerie de Samorogouan au Burkina Faso : Une attaque, plusieurs questions
Publié le lundi 12 octobre 2015  |  Le Pays
Burkina
© AFP par OUOBA AHMED
Burkina Faso: une brigade de gendarmerie attaquée à Oursi




Depuis la mise en place de la Transition suite aux événements des 30 et 31 octobre derniers, des attaques (certaines ont été meurtrières) contre le Burkina ont été enregistrées. En effet, il y a eu d’abord l’attaque de la mine de manganèse de Tambao dans le Nord du pays, qui s’était soldée, on se rappelle, par l’enlèvement d’un Roumain chargé de la sécurité des lieux. Dans la même zone, il y a eu ensuite des assauts à la Kalachnikov contre le poste de douanes de Déou et la brigade de gendarmerie d’Oursy. Le dernier acte du genre vient de se produire dans l’Ouest du Burkina par des individus non identifiés, pendant que le pays était en train de pleurer les victimes du putsch manqué du général Diendéré.

L’insécurité est un phénomène qui ne date pas d’aujourd’hui

Les auteurs de cette attaque, une cinquantaine dit-on, cagoulés, ont fait irruption à la gendarmerie de Samorogouan vers 4h du matin, dans la nuit de jeudi à vendredi. Le bilan est tout simplement effroyable : trois gendarmes tués et quatre personnes blessées dont des civils. L’on peut, avant de s’interroger sur l’identité des assaillants de Samorogouan, faire les remarques suivantes : certes, l’insécurité est un phénomène qui ne date pas d’aujourd’hui, mais ce genre d’attaques n’a jamais été observée sous le règne de Blaise Compaoré. La deuxième remarque est que l’on peut avoir l’impression
d’assister à une sorte d’encerclement du Burkina par les forces du mal. Hier, c’était le Nord du pays qui avait reçu leur visite. Aujourd’hui, elles se signalent avec beaucoup de hargne, dans l’Ouest. L’on peut dès lors, si des mesures vigoureuses et efficaces ne sont pas prises contre le phénomène, se poser la question de savoir si le Sud, le Centre et l’Est du Burkina, encore épargnés, ne vont pas connaître leur part d’attaques dans les jours à venir. Ce qui ne serait pas pour déplaire aux anciens partisans du règne à vie de Blaise Compaoré, qui avaient déjà juré que sans leur mentor, le pays serait, à l’instar de certains de ses voisins, une zone de prédilection des attaques terroristes. Et ils savaient certainement de quoi ils parlaient. En effet, leur champion avait réussi le tour de force d’offrir le gîte et le couvert à des individus peu fréquentables sur lesquels pesaient de forts soupçons d’accointances avec les milieux terroristes, et aussi de posséder une expertise en matière de négociations pour la libération des otages aux mains de la nébuleuse djihadiste et terroriste. D’ailleurs, la qualité des relations que certaines chancelleries occidentales entretenaient avec Blaise Compaoré, pourrait trouver sa justification dans ce rôle obscur que ce dernier s’était proposé de jouer à dessein pour se rendre indispensable à la fois pour son pays et pour l’ensemble de la sous-région. De ce point de vue, il ne serait pas insensé de décrypter l’assaut meurtrier contre la gendarmerie de Samorogouan et tous les autres qui l’ont précédé comme des actes de représailles des mouvements
djihadistes et terroristes contre les tombeurs de la personne en qui ils avaient placé leur confiance et qui le leur rendait bien.

Les amis du Burkina doivent aider le pays des hommes intègres à tourner définitivement la page Compaoré

Cette hypothèse est d’autant plus plausible que face à l’insécurité grandissante, le chef d’état-major général des armées, le général Pingrenoma Zagré, avait déclaré en juillet dernier que la menace djihadiste sur le Burkina Faso, était  « une réalité qui n’est pas nouvelle ». Un autre élément que l’on pourrait verser dans l’hypothèse d’une attaque terroriste, est lié au fait que les autorités de la Transition avaient révélé récemment aux Burkinabè et au monde, que les putschistes du général Diendéré avaient prévu, dans leur plan de liquidation de la démocratie au Burkina, de faire appel à des forces terroristes au cas où les choses tourneraient mal. Mais il n’y a pas que cette seule piste qui pourrait être explorée à propos de l’assaut du poste de gendarmerie de Samorogouan. L’on pourrait aussi avancer d’autres hypothèses. La première consisterait à imputer cet assaut aux éléments de l’ex-RSP qui se sont évaporés dans la nature avec des armes qui, selon les autorités, ne peuvent pas déstabiliser le pays. On peut leur rétorquer que pour poser un acte terroriste, l’on n’a pas forcément besoin d’armes lourdes et sophistiquées. Même avec un pistolet artisanal, on peut le faire. En attendant que les enquêtes viennent élucider cette affaire, l’on peut déjà tirer les grands enseignements suivants et ce, en relation avec le putsch manqué que le Burkina vient de vivre. Le premier est que le Burkina a intérêt à juger rapidement, dans l’équité, la transparence et dans les normes, Gilbert Diendéré et ses présumés acolytes. Cela pourrait contribuer à sécuriser le Burkina en ce qu’il pourrait amener les putschistes à faire des révélations susceptibles de briser définitivement le rêve de tous ceux qui croient toujours à une restauration du système Compaoré. L’autre enseignement est que Blaise Compaoré, en tant qu’individu, est parti mais le pilier financier sur lequel reposait son régime, reste intact. Après s’être attaqué à son bras armé que représentait l’ex-RSP et après avoir invalidé la candidature de ceux qui l’avaient accompagné dans sa forfaiture, il reste à s’attaquer à son empire financier. Autrement, l’on peut être sûr que l’on n’est pas au bout de nos surprises. Dans cet ordre d’idées, les amis du Burkina, les vrais, tous ceux qui savent que les individus sont éphémères et que seules les nations sont éternelles, doivent aider le pays des hommes intègres à tourner définitivement la page Blaise Compaoré et son clan en apportant leur contribution à l’effort de sécurisation du pays, entrepris par la Transition. A cet effet, tous les Burkinabè épris de démocratie et de liberté doivent jouer leur partition en termes de renseignements, sans pour autant tomber dans la délation contre-productive.

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