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Concours au Burkina: le directeur de la TV nationale plaide "non coupable" pour "complicité de fraude" (RECIT)
Publié le samedi 10 octobre 2015  |  Alerte-info




Dans une salle d'audience du Tribunal de grande instance (TGI) de Ouagadougou, le directeur de la télévision nationale du Burkina Faso (TNB) Ouézzin Louis Oulon, tout décontracté, se présente à la barre et rejette les faits de "complicité de fraude" aux concours de la Fonction publique session 2015 qui lui sont reprochés.

M. Oulon, 43 ans, chroniqueur de renom dans son pays, chevalier de l'ordre du mérite et promu en janvier à la tête de la télévision nationale par appel à candidatures, a vu son image écornée à la suite de son implication présumée dans une affaire de fuites de sujets de six concours de la Fonction publique session 2015, faisant les choux gras de la presse.

Pour l'aider à "laver son honneur", il est assisté par quatre avocats dont Maitre Halidou Ouédraogo, président d'honneur du Mouvement burkinabè des droits de l'homme et des peuples (MBDHP). Vingt-deux autres co-prévenus comparaissent avec lui dans l'affaire qui a éclaté la mi-août à la suite d'une conférence de presse du gouvernement.

Vendredi, lors d'un procès qui a duré de 9H00 à 21H10 (GMT et locales), il a rejeté en bloc le fait "d'avoir aidé et assisté" trois de ses proches "parents" pour l'obtention "frauduleuse" des épreuves prisées des concours de la douane, des régies de finances (Enaref A, B et C), de conseiller des affaires économiques et celui d'agent itinérant de santé qui se sont déroulées fin juillet-début août.

Selon l'accusation, le journaliste a mis en relation un de ses neveux, une nièce et sa belle-sœur, tous candidats aux épreuves, avec Saydou Birba, un responsable de centres de formation en exercices préparatoires aux concours, qui est parvenu à asseoir sa notoriété à Ouagadougou et dans d'autres villes du pays, par "la qualité" des cours qui y sont dispensés.

Birba, la trentaine, accusé de "faits (directs) de fraude", clame à répétition avoir reçu pour trois sujets, au total "1.110.000 FCFA" du responsable de la TNB qui nie ses allégations. D'autres co-prévenus reconnaissent avoir versé chacun entre "1.000.000 FCFA à 2.500.000 F" pour l'acquisition du "pétrole" (expression pour désigner +le corrigé+) pour un sujet donné au près du "formateur".

"Monsieur Birba s'est mis dans une situation de naufrage. Il se dit +je coule avec tout le monde+ et on s'en fou. Ou il s'est dit qu'avec quelqu'un de mon rang, cela fera taire l'affaire", analyse M. Oulon, dans sa défense. Sinon, "je lui ai remis le 11 juillet un chèque de 100.000 FCFA pour la formation des trois +enfants+", ajoute-il, tout décontracté dans une petite chemise carrelée bleue.

Entre les réquisitions de la procureure, les relances du président du jury et les témoignages des autres co-accusés, le patron de centres de formation finit par admettre qu'il a reçu "à titre exceptionnel un chèque de 100.000 FCFA" du boss de la TNB : "j'ai décidé d'aider M. Oulon pour les relations futures", se justifie-il, créant une cohue dans l'assemblée (environ 50 personnes) que le juge menace de faire évacuer la pièce.

L'accès à la salle est rigoureusement filtré par des gardes de sécurité pénitentiaire (GSP), armés de kalachnikov, sous les regards d'au moins 50 curieux qui attendent juste sous le hall devant. L'audience sera levée deux fois, d'abord dans l'après-midi pour marquer une pause et enfin en début soirée avant les plaidoiries.

A l'issue de l'ensemble des interventions depuis le matin, "il n'y a pas de preuves très claires qui milite en (la) condamnation" de Ouézzin Louis Oulon, estime Me Halidou Ouédraogo, qui conclut que son client "doit être relaxé" pour "infractions non établie et non constituée".

L'affaire dans laquelle le directeur de la télévision nationale est embarqué depuis début septembre après son interpellation au commissariat central de Ouagadougou, devrait connaitre son épilogue le 23 octobre avec son verdict tant attendu.

Un "Comité de candidats pour la reprise des concours concernés par la fraude" s'est constitué dans les premières heures du déclenchement de l'affaire et souhaite que "le droit soit dit dans toute sa rigueur", selon son responsable Moussa Conombo.

Le gouvernement, malgré les interpellations du "Comité" qui a reçu les soutiens officiels de plusieurs organisations de la société civile notamment le Réseau national de lutte anticorruption (Renlac) et le MBDHP, reste dubitatif sur une éventuelle reprise des concours, évoquant des raisons de "temps et de coût".

Ouézzin Louis Oulon, père de trois enfants, à l'instar de ses 22 autres co-prévenus, présumés coupables ou complices de fraude, encoure "six mois à un an de prison ferme et 500.000 FCFA à 1.000.000 F d'amendes", s'il est reconnu coupable, selon l'article 308 du code pénal burkinabè.

HZO
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