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Colonel-Major Alassane Mone, SG du ministère de la défense : « Les armes aux mains des éléments de l’ex-RSP dans la nature ne sont pas d’une ampleur à mettre en péril la sécurité nationale »
Publié le jeudi 8 octobre 2015  |  Le Quotidien




Le coup d’Etat du 16 novembre 2015 et son dénouement. C’était le principal sujet du « Face à la presse » du mercredi 7 octobre 2015. Etaient à la barre, 5 ministres dont René Bagoro de l’Habitat et de l’Urbanisme, Augustin Loada en charge de la Fonction publique et le secrétaire général du ministère de la Défense et des Anciens combattants, colonel-major Alassane Moné. Les questions liées à la date des élections, la polémique autour du bilan humain de l’assaut du 29 septembre, le couvre-feu… ont été abordées.
Le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Frédéric Nikiéma, a, d’entrée, fait le point des événements marquants de l’histoire récente du Burkina Faso. Frédéric Nikiéma a rappelé « le courage et la bravoure » des filles et fils du Burkina qui ont permis de faire échec au coup d’Etat du 16 septembre et de rétablir le processus la transition dans ses droits et « d’envisager avec sérénité la tenue des élections ». Toutefois, jusque-là, aucune date n’a été avancée par le gouvernement de Transition. « Les élections auront lieu à une date consensuelle convenue avec les acteurs signataires de la Charte de la transition ». Sur cette question cruciale, le ministre de la Fonction publique, du Travail et de la Sécurité sociale, Pr Augustin Loada a tranché : « C’est vrai que vous entendez des dates qui sont données par les uns et les autres. Mais, les concertations sont en cours et puis, le président est rentré. La décision finale sera prise dans les meilleurs délais, en concertation avec les parties prenantes. » En outre, Pr Augustin Loada a confié que personne ne voulait prolonger la transition.
Pour sa part, le ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme, René Bagoro, a laissé entendre « qu’il n’ya personne au gouvernement qui n’ait pas envie de partir ». Mais, avec tout ce qu’ils ont vécu ces derniers jours, le juge a indiqué qu’il fallait d’abord gérer les questions sécuritaires avant de songer aux élections : « Nous allons réfléchir sur la question des élections dans les prochains conseils des ministres. »

Du bilan de l’assaut

Ces derniers jours, l’annonce du bilan de l’assaut contre le camp Naaba Koom II avait suscité du scepticisme chez d’aucuns. Et la sortie du Premier ministre, le mardi 7 octobre dernier avait contribué à enfler encore plus la polémique. Malgré tout, le secrétaire général du ministère de la Défense nationale et des Anciens combattants, Alassane Moné a voulu clarifier les choses. Pour lui, il n’y a qu’un seul bilan officiel, celui du président de la Transition. Il en veut pour preuve la visite de Michel Kafando au camp Naaba Koom II avec les journalistes, et le constat fait sur place par la Croix rouge. « C’est dans l’exercice de la sécurité, en ville, que les éléments de l’ex-RSP ont commis des violences sur des personnes et entrainé des morts. Je pense que c’est de ces morts que parle le Premier ministre. Sinon, le témoignage eut être fait dans les centres hospitaliers qu’aucune victime n’a été amenée dans les formations sanitaires, ni dans les morgues », a défendu le secrétaire général du ministère en charge de la Défense. Il a, par ailleurs, indiqué que l’assaut a été mené par les seuls militaires
burkinabè, sans l’aide matériel ni technique d’aucun autre pays. « Dès que les unités sont arrivées des différentes garnisons, il a été mis sur pied un centre des opérations au camp Sangoulé Lamizana avec des officiers qui ont assuré la conduite des opérations. Nous avons l’armement nécessaire pour apprécier la situation. Il s’agit de tirs d’encadrement et de dissuasion qui ont permis aux éléments reclus de l’autre côté de comprendre que le rapport de force leur était défavorable. Je voudrais rassurer que toutes les opérations ont été menées par des militaires burkinabè sans aucune assistance technique de l’extérieur. »
Pour ce qui concerne le sort réservé aux éléments du défunt RSP, le colonel-major Alassane Moné a indiqué que la plupart d’entre eux avait rejoint leur nouvelle unité, sauf une trentaine. Au niveau du groupement central des armées, il a fait savoir que sur les 207 éléments affectés, 204 avaient effectivement rejoint leur poste. Concernant l’armée de terre, une trentaine d’éléments sur les 1 141 affectés étaient toujours en cavale. Par contre, le colonel-major Alassane Moné a rassuré que la gendarmerie et les forces de sécurité sont à pied d’œuvre pour ratisser large sur toute l’étendue du territoire et assurer les uns et les autres « que nous avons encore la main et que la sécurité des populations sera assurée.» Par ailleurs, le RSP étant dissous, le secrétaire général du ministère en charge de la Défense a laissé entendre qu’un groupement de force a été mis sur pied pour assurer la sécurité du président du Faso et l’ensemble des institutions de la république de façon transitoire. Mais parallèlement, le chef d’état-major général des armées a mis sur pied une commission chargée de proposer à l’avenir un groupement composé de forces et conforme aux propositions de la commission de la réconciliation nationale et des réformes pour assurer cette mission.

Des chefs d’accusations contre les putschistes

Depuis la reddition du RSP et l’arrestation du général Diendéré, plusieurs autres personnalités politiques et militaires ont été mises aux arrêts et auditionnés, comme l’a laissé entendre le colonel-major Alassane Moné. « Le cerveau Gilbert Diendéré a été transféré depuis hier (mardi 6 octobre, Ndlr) à la Maison d’arrêt et de correction des armées (MACA) pour avoir reçu son inculpation sur la haute trahison et l’atteinte à la sureté de l’Etat. Nous sommes passés à la phase exécutoire, au niveau de la justice. Pour Djibrill Bassolé, il a été inculpé pour intelligence avec d’autres forces et pour atteinte à la sureté de l’Etat. Il a également rejoint la MACA », a expliqué le secrétaire général du ministère de la Défense nationale et des Anciens combattants.
Quant au ministre René Bagoro, il est revenu en détail sur les chefs d’accusation pour lesquels le commissaire du gouvernement près le tribunal militaire a demandé de poursuivre les accusés. Concernant les infractions retenues, le juge Bagoro a cité, entre autres, blanchiment de capitaux, atteinte à la sureté de l’Etat, haute trahison, enlèvement et séquestration, coups et blessures, assassinats. « Il y a un certain nombre d’infractions. Pour certains, ils sont auteurs, d’autres sont complices. Ces infractions vont certainement être confirmées à la fin de l’instruction ou refusées », a-t-il relevé. Concernant les partis politiques, René Bagoro a fait savoir que les personnes morales que sont ces partis pouvaient être condamnées : « Evidemment qu’on ne va pas condamner un parti à la prison. Mais, si les partis ou leurs dirigeants sont reconnus coupables, cela peut entrainer leur dissolution. Nous avons dit qu’il faut respecter les droits de la défense dans ces procédures ». Par ailleurs, il a laissé entendre que les deux inculpés (les généraux Diendéré et Bassolé, Ndlr) sont maintenant considérés comme de véritables présumés coupables.
Dans la foulée, le ministre Bagoro a indiqué que la raison du retard dans la cérémonie d’inhumation des victimes du putsch n’est autre que l’autopsie pratiquée sur les corps. Pour lui, le but est d’éviter d’éventuelles erreurs judiciaires. « Nous voulons prendre toutes les dispositions pour que les autopsies soient faites. C’est ce qui fait trainer les choses. Il faut faire une autopsie, reverser les éléments dans le dossier avant de procéder à l’enterrement », a confié René Bagoro.

Le procès des fraudeurs, ce vendredi

Sur la question de la reprise des concours entachés par la fraude, le ministre Augustin Loada a indiqué qu’il fallait laisser la justice faire son travail. « Je ne suis pas l’inspecteur Colombo. Je n’ai que ce que les juges me donnent comme information. C’est le gouvernement qui va prendre position, ce n’est pas le ministre Loada. C’est une question qu’il faut aborder avec beaucoup de responsabilités », a-t-il indiqué. En outre, il a invité la presse à suivre le procès des personnes impliquées dans les fraudes, ce vendredi à partir de 8h dans la salle N°1 du tribunal de grande instance de Ouagadougou.
L’autre actualité abordée était celui de la loi sur les loyers. Pour René Bagoro, le temps mis s’explique par la volonté de produire un texte efficace. Pour ce faire, a-t-il rappelé, 3 cabinets ont été recrutés et ces derniers ont transmis tous les avant-projets, à savoir l’avant-projet de décret d’application et l’avant-projet type de contrat de bail. Ces textes seront validés en interne avant qu’un atelier national soit organisé le 16 octobre prochain pour valider les textes : « A l’issue de cela, l’avant-projet sera soumis en Conseil des ministres avant d’aller au niveau du CNT. Comme je l’avais dit, avant la fin de notre mandat, la loi sera là ».
Concernant les indemnisations, un fonds d’indemnisation a été mis en place, foi de Frédéric Nikiéma, avec l’appui de la CEDEAO qui a octroyé un million de dollars. A cela, le gouvernement compte accorder une « contribution significative » pour indemniser ces personnes qui ont besoin d’un appui pour relancer leurs activités.
Pour ce qui est de la levée du couvre-feu, le colonel-major Alassane Moné s’est voulu clair : « Nous venons de vous dire que tous les éléments de l’ex-RSP n’ont pas encore rejoint leurs corps d’affectation. Ils sont encore dans la nature. Il y a des armes qui n’ont pas encore été retrouvées. Pour des questions sécuritaires, nous sommes obligés de maintenir encore le couvre-feu pour quelques temps pour rassurer les uns et les autres de cette stabilité. Mais, en fonction de l’évolution, il y aura des propositions de suspension. Je ne peux pas vous donner une date exacte parce que c’est un travail qui est en train d’être fait pour sécuriser tout le monde. »
Malgré tout, il a tenu a rassuré sur le fait que les armes aux mains des fugitifs ne sont pas des armements de grande ampleur. Même s’il a indiqué qu’on ne peut pas dire qu’il y a un risque zéro, il a avancé que ce n’est pas d’une ampleur à mettre en péril la sécurité nationale. « Les éléments de l’ex-RSP qui se sont exfiltrés avaient des armes à la maison. Il y a des perquisitions qui sont faites dans les domiciles connus. Il pourrait y avoir des planques d’armes. C’est l’occasion de lancer un appel à la population de venir en aide aux renseignements pour toute cache d’armes ou point suspect qui venait à être constatés », a conclu le colonel-Major Alassane Moné.

Par Philippe Bouélé BATIONO
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