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L’apocalypse de saint Kilachiu…
Publié le mercredi 7 octobre 2015  |  L`Observateur Paalga




Et tout d’suite les élucus… Et tout d’suite les élucus… OMEGA ya bon dadio ! Ne cherchez pas ailleurs, c’est de cela que Laurent Bado parlait. Elles ont fini par s’ouvrir à vos pieds les fameuses portes de l’enfer. Fort heureusement, de par la grâce de Dieu elles se sont aussitôt refermées avec tout de même de nombreuses pertes en vies humaines à déplorer.

Comment dit-on en Français facile «Dieu aime le Burkina » ? Eurêka ! On dit : «Dieu aime le Burkina». Mais si les feux des cieux s’étaient abattus sur vous, j’aurais dit que vous l’avez bien cherché.

Lorsque Laurent Bado a commencé à rendre publiques ses prédictions apocalyptiques, j’avais proposé que pour notre survie il fallait absolument contraindre ce prophète de mauvais augure à « retourner sa bouche en arrière ». Cela était indispensable parce que les oracles de Laurent Bado sont infaillibles.

D’ailleurs, Laurent Bado qui nous aime bien a pris soin de nous faire voir de tout petits enfers avant l’enfer. Des enfers à doses homéopathiques pour ainsi dire. La révolte des policiers en 2006, la mutinerie des commandos en 2011, l’insurrection populaire de fin octobre 2014. Bon prince, le Professeur n’a jamais manqué de nous prévenir que le pire est devant nous.

Et moi j’ai parlé, j’ai parlé fatiguer et vous ne m’avez pas écouté. J’ai dit qu’il fallait amener Laurent Bado à renier ses paroles. En douceur, car si vous tentez de le contraindre manu-militari, vous n’obtiendrez rien de lui. C’est un s’en-fout-la mort, vous savez.

Voilà… En son temps, j’avais suggéré une séance publique d’abjuration à la Place de la Révolution. J’ai changé d’idée. Aujourd’hui il faut plutôt conduire Laurent Bado chez le Moro Naaba pour qu’il répète la phrase suivante : « C’est moi Kilachiu qui avais dit que les portes de l’enfer vont s’ouvrir à nos pieds ... Je fais mon mea culpa… Je n’ai plus dit ». Et c’est tout. Il aura simplement fait son mea culpa comme tout le monde. Faire son mea culpa ça ne va pas commencer par Laurent Bado. On ne sait même plus qui a été le premier à faire son mea culpa mais on sait qui est le dernier à l’avoir fait. Jusqu’à une date récente, c’était Gilbert. Mais un Gilbert peut en cacher un autre et le dernier à faire son mea culpa est un Gilbert.

Une fois en présence de l’Empereur des Mossis, il faut faire savoir à Laurent Bado que s’il s’obstine dans son refus de se rétracter, on le fera sortir par la petite porte située derrière le palais et que si jamais il passe par cette porte de derrière c’est comme s’il avait reçu dix coups de spatule de Saran Sérémé. En homme intelligent, Kilachiu sait bien que les effets de la spatule sont irréversibles.

Science infuse… C’est une expression dont j’ignorais la signification. Je l’ai entendue pour la première fois en 1998 avec Philippe Troussier, l’entraîneur des Etalons de l’époque.

Vous vous souvenez de ce fameux match au stade du 4-Août où notre équipe nationale avait été battue et éliminée alors qu’elle menait l’équipe Congolaise par 4 buts à 1 à 10 minutes de la fin ? Lorsque les journalistes lui demandèrent les raisons d’une telle débâcle, Philippe Troussier, d’habitude très disert, était resté sans voix : « Je, je, je ne sais pas… Je, je, je ne comprends pas… On m’a dit qu’en Afrique il y a des sorciers qui pratiquent la science infuse… C’est sûrement cela, la science infuse… ». Science infuse. Autrement dit, « le wack nègre ». C’est l’explication qu’avait trouvée ce Gaulois bon teint pour justifier une défaite brutale et inattendue. Je me demande si le Général Diendéré n’a pas été victime de la science infuse pour oser entreprendre cette opération qui était inexorablement vouée à l’échec.

Cela dit, le dernier acte héroïque de Diendéré après la capitulation du RSP a été d’avoir usé de son talent de commando pour se refugier à l’ambassade du Vatican au nez et à la barbe des hommes du Général Zagré. Par contre son dernier impair, l’erreur fatale qu’il a commise, c’est de s’être rendu ensuite au même Général Zagré avec un drapeau blanc. Moi, si j’étais à la place du Général Diendéré, je ne me serais pas rendu. Et ce ne sont pas les promesses de jugement équitable qui me feraient me rendre. Jugement équitable… jugement équitable… Equitable pour qui ? Est-ce qu’un jugement équitable pour Guy Hervé Kam serait équitable pour moi ? Un jugement équitable pour Smockey le serait-il pour moi ? Non, je ne veux pas de votre procès équitable. Surtout pas de votre procès équitable. Non, moi à la place de Diendéré dès que j’aurais mis les pieds à la Nonciature, je n’en sortirais plus. J’y suis, j’y reste. Et j’y resterais tout le temps de la Transition. Vous me voyez quitter mon gîte papal sous la Transition tout en sachant que Sy Chérif est toujours au perchoir ? Non, je ne me rendrais pas. J’attendrais la fin de la Transition. Si après la Transition c’est Maître Bénéwendé Sankara qui est élu Président du Faso, je ne me rendrais pas. J’attendrais la prochaine présidentielle. Si à cette autre élection c’est Bassolma Bazié qui est élu, je ne me rendrai pas. J’attendrai l’élection à venir. Si à cette élection c’est Chrysogone Zougmoré qui est élu je ne me rendrai pas.

D’ailleurs je ne vois pas pourquoi je quitterais un refuge si douillet et si prestigieux comme la Nonciature où rien ne va me manquer. Du vin Italien, le chianti, j’en boirai comme je veux… Du spaghetti, j’en mangerai, tous les midis… Et le saucisson que j’aime tant… Rien ne va me manquer, je vous dis. Et si je dis rien, je parle de l’essentiel. L’essentiel c’est l’essentiel. Y a beaucoup de choses dans l’essentiel. Honni soyez-vous si vous y pensez mal ! Je pourrai par exemple faire venir du gnontoro du Sourou – Nayala par Air Gomboro. Oh là là ! Rien qu’à y penser j’ai presqu’envie de faire un coup d’Etat et tout de suite comme dirait Albert Nagréongo.

Vous avez raison, pas très élucubrants les élucus de ce mardi. C’est dur d’élucubrer lorsqu’on sort de vingt jours et de vingt nuits de braise. Quelle histoire ! Vingt longs jours et vingt longues nuits. Et le jour le plus long fût ce jour où le Chef d’Etat-Major Général des Armées a publié un communiqué demandant à la population de la capitale d’éviter de se rendre dans les abords du Camp Naaba Koom et invitant les habitants de Ouaga 2000 qui le peuvent à quitter leur domicile pour s’éloigner de la zone. J’ai failli faire KK à la lecture de ce communiqué.

Ce jour, pendant que j’avais la peur au Q, une personne inconnue m’appela et je me demandai comment elle avait fait pour obtenir mon numéro.

- C’est monsieur Toégui ?

- Non, c’est Toégui. Pas monsieur Toégui.

- Toégui, faut faire pardon… Nous habitons à Ouaga 2000. Le Général Zagré nous a recommandé de quitter notre domicile pour un autre quartier mais nous ne savons pas où aller. Nous sollicitions ton aide.

- Quelle sorte d’aide ?

- Voilà… tu as dit mardi passé que tu as été témoin de neuf coups d’Etat et que…

- Non, je n’ai pas dit neuf, j’ai dit, beaucoup de coups d’Etat.

- Oui, tu as dit beaucoup. Nous voulons que tu nous dises comment tu as fait pour survivre à tant de coups d’Etat.

- Mais mon bon monsieur, moi les coups d’Etat auxquels j’ai assisté étaient des coups d’Etat normaux alors que le coup d’Etat en cours, j’entends dire que les portes de l’enfer vont s’ouvrir à nos pieds.

- Justement c’est ce que tout le monde dit, que les portes de l’enfer vont s’ouvrir à nos pieds aujourd’hui. Pour le moment c’est calme mais y a des chars.

- D’accord, je vais vous aider. Dès que ça va commencer, appelez-moi.

Moi, j’ai dit que j’avais assisté à neuf coups d’Etat ? Non, je ne crois pas avoir dit cela. Néanmoins, je vais apporter mon aide à cet habitant de Ouaga 2000.

Vers 17 heures, mon portable sonna.

- Toégui ? Ça y est… Les portes de l’enfer ont commencé à s’ouvrir.
- Ah bon ? Comment ça ?
- Ça tire…
- Ça tire ? Ça tire comment ?
- Ça tire paw, paw ! Papapa ! Papapa !
- Non, pas de panique… Si ça tire papapa ce n’est pas les portes de l’enfer.
Il raccrocha et me rappela une demi-heure plus tard.

- Toégui ? Cette fois ça y est. Ça tire… Les portes de l’enfer vont s’ouvrir.
- Du calme… Ça tire comment ?
- Ça tire boum, boum ! Boum, boum !
- Non, pas de panique. Ce n’est toujours pas les portes de l’enfer.
J’ai dit à l’instant que Dieu aime le Burkina ? Non, ce n’est pas ce que je voulais dire. Je voulais dire que Dieu aime le Burkina. Béni soit son Saint nom.

Allez… Nous allons nous dire au revoir. Nous avons élucubré, nous avons salué Laurent Bado, nous avons prié le Seigneur. On boucle… Ou bien ? Vous en voulez encore ? Un lenga ?

Attendez… Y a mon portable qui sonne. Peut-être bien que…

- Allo ! Oui… C’est moi Toégui… Tiens, c’est Moustapha… ? Moustapha Laabli Thiombiano… ? Comment va… ? Que dis-tu ? Laurent Bado est passé sur Horizon FM ? Il a parlé… ?

Que ça ce n’est qu’une fenêtre… ? Que le pire est…

Arrête Moustapha, arrête… ! Je ne veux rien savoir de ce que Laurent Bado a dit sur les portes de l’enfer. Il va me tuer.


Charles Guibo
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L`Observateur Paalga N° 8221 du 27/9/2012

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