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Grève à la Santé : Renouer le fil du dialogue pour éviter le pire
Publié le vendredi 19 avril 2013   |  Journal du Jeudi


CHU
© Autre presse
CHU Yalgado Ouédraogo ( CHU YO )


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Dans le bras de fer qui l'oppose au gouvernement, rien ne semble arrêter le Syndicat national des travailleurs de la santé humaine et animale (Syntsha). Même pas le chaud cadavre de Mme Traoré et de son bébé à Séguenéga, encore moins la souffrance qui pointe à l'horizon pour les Burkinabè moyens à cause de la nouvelle grève qu'entreprendra ce syndicat.

En effet, après les mouvements de protestation de 96 heures en début de mois d'avril, le Syntsha remet ça et, s'il vous plaît, pour dix jours! Les centres de santé baisseront rideau et il n'y a pas de doute que les effets seront catastrophiques pour les populations quand on connaît la capacité de mobilisation du syndicat. Qui plus est, ce débrayage tombe sur une période de forte canicule connue comme des moments de propagation de toutes sortes de maladies. Conscient des probables effets néfastes sur les populations, le syndicat, tout en maintenant sa pression, a changé son fusil d'épaule. En ce moment, les agents, pour exprimer leur mécontentement, ont institué une forme de lutte appelée "opération caisse vide". Il ne s'agit pas pour eux de balancer les blouses et baisser les rideaux mais plutôt de donner les soins gratuitement. C'est dire que ce sont les caissières qui se tourneront les pouces tandis que les autres agents des hôpitaux seront au four et au moulin. Ce sont les budgets de ces centres qui prendront un terrible coût, déjà que c'est la croix et la bannière pour faire face aux charges habituelles.

Et si on n'y prend garde, cela peut prolonger le conflit social dans le secteur de la santé. Car, à l'évidence, l'opération caisses vides ayant pour objectif d'assécher les fonds des centres de santé, ceux-ci ne pourraient plus faire face aux dépenses de prise en charge des émoluments des agents ni à l'achat des produits. Ce sont donc des risques de grèves sans fin qui s'annoncent.

Face à cet horizon sombre, comment le gouvernement peut-il continuer de marteler qu'il ne reculera pas? C'est vrai que, de tout temps, on lui demande d'assumer pleinement son autorité, mais dans ce cas de figure la question est de savoir si le gouvernement a sanctionné l'agent du Syntsha dans les règles de l'art. Le doute se fonde sur l'impression que donne l'exécutif de ne pas appliquer une règle générale à tous mais d'assouplir sa décision ou de la durcir à la tête du client. Le droit à la faute n'est-il pas donné à certaines catégories tandis qu'à d'autres il leur est opposé un refus d'expression? C'est pourquoi, malgré la mort gratuite de dame Traoré dans le Yatenga, les populations n'ont pas acculé les agents de santé. Elles ont intégré le fait que ce gouvernement ne bouge que quand il a le couteau sur la gorge. Le pouvoir a voulu jouer sur le choc émotionnel pour frapper fort. Une fois encore, c'est raté, car ce fut l'effet boomerang. C'est plutôt le syndicat qui s'est attiré des sympathies. A tout le moins, l'opinion publique ne s'est pas retournée contre lui.

Toute intransigeance gouvernementale est nuisible dans le contexte actuel fait de foyers de tensions qui n'attendent que la moindre étincelle pour s'embraser. C'est pourquoi la phrase d'autorité: «le gouvernement ne reculera pas» du Premier ministre pourrait vivre ses derniers moments. On imagine qu'il aura la sagesse de ne pas tirer longtemps sur la corde, au risque de laisser les populations en pâture. Il n'aura d'autre choix que de chercher une porte de sortie négociée.

Lucky Luc le fera d'autant plus que les organisations syndicales ont sonné le rassemblement et sont mobilisées pour faire l'union sacrée autour de la cause du Syntsha. L'opposition n'est pas en reste, et comme c'est de bonne guerre, elle ne se fera pas prier pour exploiter la situation. Même au sein de certains cercles du pouvoir, on ne s'explique pas la précipitation du Conseil des ministres.
Adam Igor.

Adam Igor

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