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Journée mondiale de l’habitat 2015 : déclaration du ministre de l’habitat et de l’urbanisme
Publié le mardi 6 octobre 2015  |  Sidwaya
ENAM
© Sidwaya par R. Zoéringré
ENAM : fin d`année et sortie de la promotion Moctar Tall
Mardi 28 juillet 2015. Ouagadougou. Le Premier ministre Yacouba Isaac Zida a présidé la cérémonie de fin d`année et de sortie de la promotion 2013-2015 de l`Ecole nationale d`administration et de magistrature (ENAM) baptisée "Promotion Moctar Tall". Photo : René Bagoro, ministre de l`Habitat et de l`Urbanisme et personnalité énarque 2015




Mesdames et messieurs,

Vaillantes populations des villes et campagnes,

Dans sa résolution 40/202 du 17 décembre 1985, l'Assemblée générale des Nations unies a désigné le premier lundi d'octobre de chaque année comme Journée mondiale de l'habitat. L'idée est de réfléchir sur l'état de nos villes et le droit fondamental de tous à un logement adéquat. La Journée mondiale de l'habitat 2015 célébrée cette année en partenariat avec ONU Femmes a pour thème : «Des espaces publics pour tous ».
Ce thème nous interpelle tous et nous invite à approfondir nos réflexions sur le rôle des Hommes et des Femmes dans la création d’espaces publics égalitaires.
Les espaces publics sont des composantes essentielles pour une ville prospère et fonctionnelle. Ils sont constitués des rues, des places publiques, des parcs urbains, des jardins publics, des aires de jeux, des marchés, …
L’espace public a un impact positif sur l’économie, l’environnement, la sécurité, la santé, l’intégration et est un endroit d’interaction sociale et culturelle. Il engendre, dans son environnement immédiat, un sentiment d’appartenance et de fierté. La qualité de vie des habitants d’une ville dépend directement de l’état de ses espaces publics. Bien aménagé et géré, l’espace public contribue à une meilleure qualité de vie et favorise le développement des activités économiques. L’exemple le plus visible et le plus vécu, ici et ailleurs, reste la voirie. Premier espace public, omniprésent à la frontière de l’espace privé, son aménagement (bitumage) entraîne quasi-systématiquement l’augmentation de la valeur immobilière, l’installation de commerces et autres activités lucratives, l’amélioration de la fluidité de la circulation et la santé (réduction de la poussière).
Dans un pays chaud comme le nôtre, les parcs urbains, les forêts, les jardins et autres espaces verts jouent un rôle écologique majeur en contribuant à la création de micro-climat plus supportable pour l’organisme humain. Le parc urbain Bangr-wéogo en est la parfaite illustration avec sa température différentielle qui donne l’impression d’être dans un autre univers à l’amorce de la zone.
Dans une société de plus en plus individualisée, l’espace public constitue le principal cadre de maintien et de consolidation des rapports sociaux par les rencontres et les regroupements qu’il permet.
Bien que d’utilité avérées les espaces publics, présents et vécus quotidiennement par les citadins, semblent malheureusement être les plus négligés ou ignorés. En effet :
- les voies souffrent d’une insuffisance d’aménagement due à la pratique de l’aménagement progressif qui n’a pas été bien suivi. Quand elles sont aménagées, leur fonctionnement est mis à mal par les utilisations privatives illégales (occupations anarchiques) de leurs emprises ;
- les places publiques prévues dans les plans de lotissement changent le plus souvent de destination ou finissent par servir de dépotoirs ;
- les espaces verts programmés pour contribuer au reverdissement du tissu urbain ne sont pas valorisés ou reçoivent des usages non adaptés ; …

Mesdames et messieurs,

Populations des villes et campagnes,

Les rues et les espaces publics ont souvent été négligés et sous-estimés, mais ils sont de plus en plus considérés comme l'épine dorsale des villes. Les espaces publics sont des lieux agréables et accessibles à tous, sans but lucratif. Ils peuvent prendre des formes diverses comme des parcs, des rues, des trottoirs, des marchés et des terrains de jeux. En 2011, ONU-Habitat a adopté la résolution sur le développement urbain durable à travers l’accès à des espaces publics urbains de qualité. Les rues et les espaces publics bien conçus et bien gérés sont un atout majeur pour l'habitabilité et l'économie d'une ville, car ils :

• augmentent la valeur des propriétés,
• multiplient les activités commerciales,
• améliorent la sécurité,
• favorisent la cohésion sociale et l'égalité,
• améliorent l'environnement,
• rendent la ville plus attrayante,
• favorisent une mobilité et des transports plus efficaces.

Mesdames et Messieurs

Populations des villes et campagnes,

Composante majeure du domaine public de la collectivité, l’espace public est par essence le patrimoine commun à tous ses habitants, se nourrissant par frottements des domaines privés qui le jouxtent et intégrant progressivement les évolutions sociales. Ainsi, l’éventail du vocabulaire employé pour désigner tout ou partie de l’espace public (non bâti), qu’il soit sociologique (espace collectif, de voisinage, d’accompagnement, espace libre ou résiduel), ou qu’il soit typologique (avenue, boulevard, rue, trottoir, place, square, parvis, carrefour, belvédère, esplanade, mail, allée, jardin, parc…), devient révélateur de la fonction de cet espace, des usages qui lui sont affectés et de sa force symbolique dans la ville.
L’espace public constitue le fondement de l’architecture et du paysage de la ville. Il en est son armature, offrant le cadre de la mise en relation continue et permanente des hommes, des biens et des idées. Vivant et conçu en osmose avec les activités de la ville, il en révèle son dynamisme et son identité.
On pourrait penser que les nombreuses recherches et réflexions consacrées au cours de ces dernières décennies aux espaces publics urbains ont épuisé le sujet et apporté l’ensemble des éclairages pour traiter en toute sérénité les opérations d’aménagement intégrant ce type d’espaces et même d’utilisation de ces espaces publics urbains.
L’écoute des nombreuses interrogations et interpellations des collectivités locales, semble confirmer que la question demeure d’actualité. En effet, toutes les municipalités, quelle que soit la taille de la ville, sont aujourd’hui confrontées à l’impérieuse nécessité d’intervenir avec efficacité dans ces espaces-clés où se jouent à la fois l’économie, la convivialité et l’identité de la cité.
C’est du reste dans cette optique que le Gouvernement du Burkina Faso, avec l’appui de Cities Alliance et d’ONU-Habitat, dans le cadre du Programme Pays Urbain (PPUB), a organisé les 09 et 10 juillet dernier dans la ville de Bobo-Dioulasso, un cadre de concertation des acteurs autour de la problématique de l’occupation du domaine public et plus singulièrement de l’espace public. La qualité des échanges et des recommandations qui sont issues de ce cadre de concertation des acteurs montrent que le sujet loin d’avoir été épuisé, mérite que tous les acteurs continuent de s’y pencher afin de construire des villes qui offrent des services urbains de qualité aux citadins.
Aujourd’hui, les espaces publics urbains ne peuvent plus être considérés comme de simples vides résiduels entre les constructions et le plus souvent entièrement dédiés à la voirie et à l’automobile; au contraire, les élus locaux ne cessent d’être sollicités pour résoudre des conflits d’usage, pour améliorer le cadre de vie et l’environnement de chaque quartier de la ville, ou encore pour affirmer ou protéger avec plus de vigueur les qualités du paysage urbain façonné par l’histoire propre à chaque ville.
Les collectivités locales sont de plus en plus amenées à intervenir dans la compétition économique, en créant les conditions du développement et en attirant les entreprises créatrices d’emploi. Leur politique d’aménagement urbain, expression de leur dynamisme et de leur identité, est déterminante pour le succès des efforts qu’elles entreprennent face à la concurrence des autres villes. Plus que par son impact sur les constructions, c’est sur les espaces publics que cette politique va se révéler et créer une dynamique de renouvellement.
L’espace public étant indissociablement lié aux activités qu’il dessert et à leur architecture, la décision de son affectation et des usages qu’il autorise ne peut être séparée de la réflexion permanente que conduit l’élu en matière d’urbanisme, amenant à des choix stratégiques sur les modes d’habiter, les activités sociales et économiques à favoriser, leur implantation, les conditions de desserte, les fonctions logistiques diverses à assurer, la définition des densités et l’organisation spatiale qui en résulte.
Il est reconnu aujourd’hui que l’aménagement des espaces publics urbains accompagne souvent la mise en œuvre d’une politique d’investissement en équipements devant répondre aux besoins logistiques de la collectivité: distribution de l’énergie, des fluides, des réseaux de communication, etc. Désormais, le projet de paysage urbain de la collectivité sera de plus en plus marqué par des choix techniques prenant en considération la gestion des composantes majeures naturelles de notre environnement.
Les aspects de protection environnementale renforcent l’idée que le projet d’espace public ne peut ignorer ce qui se passe en-dessous de la surface: il ne peut être circonscrit à un projet d’«habillage» à la mode d’une époque. Il abrite toutes les capacités de développement dynamique d’une collectivité, et ses potentialités à le gérer dans le temps.
Le projet d’espace public, au-delà de l’investissement nécessaire à la réalisation des fonctions urbaines, participe ainsi pleinement de la politique de gestion urbaine, économique, sanitaire et sociale. C’est aussi un lieu de ressources financières pour la collectivité (cf. redevances), entraînant l’obligation de donner en échange une réponse satisfaisante aux attentes et aux exigences des habitants.
Répondre aux attentes du moment, tout en cherchant à anticiper l’évolution des usages sur un espace, et éviter ainsi de futurs conflits, clarifier les intentions initiales d’agir, identifier précisément à qui s’adresse le projet pour le valider et obtenir l’adhésion des divers groupes d’usagers concernés, sont aujourd’hui de la pleine responsabilité des municipalités qui devront faire de l’intervention sur les espaces publics urbains le vecteur révélateur de leur politique urbaine.
C’est pourquoi à l’occasion de la célébration de cette journée mondiale de l’Habitat 2015, l’ensemble des acteurs/actrices en charge de la construction et de l’administration des villes est interpelé à engager la réflexion et à apporter des réponses aux multiples enjeux et défis liés à l’aménagement optimal des espaces publics pour tous.
Ce message constitue aussi une interpellation à l’endroit de toute institution publique attentive à l’aménagement, la requalification ou le simple entretien des espaces publics dont elle a la charge, c’est-à-dire aux élus locaux comme aux responsables de services techniques des collectivités territoriales, ainsi qu’aux responsables d’établissements publics gérant des patrimoines importants (universités, hôpitaux, organismes…), lieux d’expression de vie sociale et urbaine, en évolution permanente. Pour terminer, je lance un vibrant appel aux actrices et acteurs urbains et à l’ensemble de la population pour qu’ils préservent et sécurisent nos espaces publics qui contribuent, à n’en pas douter, à améliorer la qualité de la vie urbaine. Les objectifs de développement durable 2015-2030 mettent en évidence l’importance des espaces publics. L’objectif 11 «Villes et communautés durables» vise à faire en sorte que les villes et les établissements humains soient ouverts à tous, sûrs, résilients et durables d’ici à 2030 et à assurer un accès équitable à tous, en particulier aux femmes et aux enfants, aux personnes âgées et aux personnes handicapées.

L’espace public, miroir de la culture et du dynamisme de la ville.

B. René BAGORO
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Sidwaya N° 7229 du 8/8/2012

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