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Kafando à la diaspora burkinabè aux Etats-Unis
Publié le lundi 5 octobre 2015  |  Sidwaya
Michel
© Présidence par DR
Michel Kafando rencontre avec les Burkinabè des Etats-Unis
Samedi 3 octobre 2015. New York. En marge de la 70e session ordinaire de l’Assemblée générale de l’ONU, le Président de la Transition, Président du Faso, Michel Kafando, a rencontré la communauté burkinabè vivant aux Etats-Unis




Le président de la Transition burkinabè, Michel Kafando, a eu un face-à-face avec ses compatriotes vivant aux Etats-Unis. C’était le samedi 3 octobre 2015 au National Black Theatre, à Harlem, quartier nord de New York, dans l’arrondissement de Manhattan.

Samedi 3 octobre 2015 ! Il est 16 h (20 h GMT) au National Black Theatre de Harlem, le Musée noir américain créé en 1968 et reconnu en 1986 comme étant la plus importante institution américaine des arts par le président Ronald Reagan. C’est en ce lieu symbole situé en plein cœur de Harlem que le président de la Transition du Burkina Faso, Michel Kafando est accueilli par ses compatriotes vivants aux Etats-Unis. Une rencontre qui rappelle celle du président Thomas Sankara en 1984 dans le même quartier avec les Afro-américains. Les sonorités musicales du territoire burkinabè sont distillées. Dehors, c’est intenable. La température est basse, 9 degrés Celsius.

Accompagné de son ministre des Affaires étrangères, Moussa Nébié, le président burkinabè, protégé par quatre gardes rapprochés dont deux Américains, arrivent enfin dans la salle située au premier étage du bâtiment. C’est la liesse. Les applaudissements pleuvent, les flashes des paparazzis illuminent le local. L’hôte à, pas rassuré, entame sa communion avec ses concitoyens qu’il a côtoyés de 1998 à 2011, en tant qu’ambassadeur et représentant permanent du Burkina Faso auprès de l’ONU. Ce sont les retrouvailles. Les chaleureuses poignées de mains et les larges sourires en témoignent. Tous les convives se tiennent débout, le "standing ovation” est exécuté. Le septuagénaire semble retrouver son monde. Il est ensuite conduit à son siège placé derrière une longue table recouverte du "liuli peende”, le foulard rouge-blanc orné d’oiseaux, très prisé au « pays des Hommes intègres ».

Pour entamer les échanges, l’assistance chante en chœur le ditanyè, l’hymne national du Burkina Faso, sur invitation de l’animateur burkinabè vivant aux USA, Gérard Koala, le maître de cérémonie.

On entre ensuite dans le vif du sujet. Tour à tour, le président de l’Association des Burkinabè de New York, Issouf Ouédraogo et Adama Ben Gaston Sawadogo, le délégué du Conseil supérieur des Burkinabè de l’étranger (CSBE) à New York se succèdent devant le chef de l’Etat. Ils se réjouissent de la venue de Michel Kafando à New York tout en déplorant le coup d’Etat survenu le 16 septembre au pays natal faisant de nombreux morts et de blessés. Une minute de silence est donc observée en mémoire des disparus. Ils réitèrent leur soutien aux autorités burkinabè et encourage le président Kafando, à son gouvernement à aller de l’avant. « Vous avez su demeurez digne comme vous l’avez toujours été », lance Issouf Ouédraogo au chef de l’Etat. « Nous sommes fiers d’être Burkinabè et nous ferons tout pour être des exemples dans notre société d’accueil », ajoute pour sa part le délégué CSBE. Lors du pronunciamiento du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), ils disent avoir manifesté les 18 et 21 septembre devant le siège des Nations unies pour condamner l’acte et exiger le retour à la Transition.

« Welcome back, Mister president ! »

A la suite, le chargé d’Affaires de l’Ambassade du Burkina Faso à Washington, Seydou Sinka, embouche la trompette de ses prédécesseurs. Il souhaite la bienvenue à Kafando en ces termes : « Welcome back, Mister president !», faisant allusion à son séjour il y a quelques années à New York. «Après avoir été séquestré par les forces du mal, libéré par le peuple et son armée réconciliés », dit-il, le chef de la Transition est à New York. Il est là pour témoigner de son engagement à apporter sa contribution au développement du continent africain et au rayonnement international du Burkina Faso, se réjouit-il.

Le représentant intérimaire du Burkina Faso à Washington, en attendant la nomination d’un ambassadeur, présente, en outre, la diaspora burkinabè exerçant dans les 50 Etats qui composent l’Amérique de Barack Obama. On note trois catégories : la diaspora estudiantine, institutionnelle et celle des affaires. Chacune d’elle se battant pour la réussite et l’appui à la patrie mère. M. Sinka annonce pour clore ses propos l’ouverture prochaine des services consulaires à New York.

En retour, l’hôte américain, Michel Kafando, salue pour sa part l’attachement de la diaspora au Burkina Faso et son soutien à la Transition. Il rassure sa communauté que lui et son équipe veulent construire « un Burkina nouveau, une société de justiceoù n’y aura plus de Burkinabè d’en bas et de Burkinabè d’en haut ».

Acclamé par une salle archicomble, il raconte avec émotion ce qui était arrivé à la Transition par le fait du RSP. Conscient que tout le monde ne peut pas aimer la Transition, il indique avoir pourtant mis en garde les putschistes bien avant. « Certains ne voulaient pas de cette Transition. Mais la main de Dieu s’est chargée de leur faire comprendre que nous travaillons dans la justice, la transparence (…) et c’est pourquoi ce qu’ils ont voulu faire au Burkina n’est pas passé », estime-t-il. C’est l’exultation dans la salle. On applaudit à tout rompre et on crie à tue-tête.

« Ne vous immiscez pas dans l’arène politique »

Kafando déclare s’être évertué à dissuader le Général Gilbert Diendéré et ses hommes. « Pendant les trois crises que nous avons connues avec le RSP ; d’abord en décembre 2014, ensuite en février et en juin 2015, je me suis dépensé à leur faire comprendre que nous sommes entre frères au Burkina Faso ; s’il y a des incompréhensions, nous pouvons toujours arriver à les résoudre », raconte M. Kafando à son auditoire tout ouïe. Et de poursuivre : « ne vous immiscez pas dans l’arène politique parce que si vous le faites, vous aurez en face de vous la population burkinabè et principalement sa jeunesse, prête à affronter vos balles ». Selon lui, le coup d’Etat a été fomenté « parce que la Transition détruisait des intérêts». Il promet d’ailleurs de poursuivre les efforts d’assainissement de la société burkinabè.Fait une brève synthèse des acquis de la Transition, Michel Kafando cite, entre autres, le règlement intégrale de la dette intérieure qui s’élevait à plus de 300 milliards FCFA, la tenue des états généraux de la justice et la signature d’un pacte qui sauvegarde les droits du justiciable, la lutte contre la corruption ayant conduit à des arrestations. « Tous ceux qui sont aujourd’hui en prison, le sont du fait de leur mauvaise gestion de la chose publique. Nous avons les preuves et les faits », justifie-t-il. L’adoption d’un nouveau code électoral, l’appui aux femmes avec six milliards FCFA, la lutte contre le chômage des jeunes sont à ses yeux d’autres réalisations de la Transition.

A ceux qui accusent la Transition d’exclusion, il rassure que tous les partis prennent part aux élections. Toutefois, rappelle-t-il, le peuple s’est réservé le droit de mettre hors-jeu ceux qui avaient tenté de modifier l’article 37 de la Constitution par la force. Le Mali après la chute du président Moussa Traoré et la Tunisie de Ben Ali sont deux cas où l’exclusion a été totale y compris l’anéantissement des symboles du parti au pouvoir. Au-delà du briefing, le président Kafando avait à répondre aux préoccupations des ressortissants burkinabè. A chacune des questions posées, il a apporté une réponse dans un langage de vérité. Sur le report par exemple du vote des Burkinabè de l’étranger à 2020, il argue le manque de moyens et les actions de sabotage constatées dans certains pays voisins, susceptibles de compromettre l’ensemble du scrutin.

D’autres inquiétudes liées à la dissolution du RSP considéré comme un corps d’élite à même de lutter contre le terrorisme et le grand banditisme sont posées. Le destinataire tranquillise ses vis-à-vis à travers des réponses sans ambages. « La seule prouesse du RSP, c’est d’avoir pris en otage la Transition. Tous ceux qui sont trempés dans le coup de force seront devant la justice. Les autres se verront confier d’autres missions… »Au terme de deux heures d’horloge d’échanges, Michel Kafando, sans avoir étanché totalement la soif de son public se félicite de cet engouement. Il salue « l’attachement viscéral » de la communauté burkinabè à la patrie. C’est pourquoi, il l’encourage à la solidarité et à la fraternité. A 18h, heure locale, le président Kafando dit au revoir aux Burkinabè de l’Amérique avant de s’engouffrer dans son véhicule pour Manhattan, son quartier de résidence.

Enok Kindo à New York
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