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Dr Honorine Dahourou, Directrice générale du Centre national de Transfusion sanguine (CNTS) : «La politique sanitaire du Burkina Faso est que tout malade qui a besoin de sang doit pouvoir l’avoir gratuitement »
Publié le lundi 5 octobre 2015  |  Le Quotidien




Dans un souci de faire connaître le Centre national de Transfusion sanguine à l’opinion publique et de faire un bref bilan des besoins en sang lors des derniers évènements qui ont marqué le Burkina Faso, notamment le coup d’Etat manqué du 16 septembre 2015, la directrice générale du Centre, Dr Honorine Dahourou s’est prêtée à notre micro le samedi 3 octobre 2015, à Ouagadougou. Elle a, par cette occasion, salué le peuple burkinabè pour sa soif de sauver des vies à travers le don de sang et invité les uns et autres à déclarer tout cas de vente de sang dont ils seraient victimes.
Le Quotidien : Présentez-nous le Centre national de transfusion sanguine (CNTS) ? Ces missions et ces objectifs ?

Dr Honorine Dahourou : le Centre national de transfusion sanguine est un établissement public de l’Etat qui a pour mission essentielle, l’approvisionnement de toutes les structures sanitaires du Burkina Faso en produit sanguin en quantité et en qualité. D’où le slogan : « mettre tout en œuvre pour que nulle ne meurt par manque de sang ».
Vu que notre pays vient de traverser une période de crise marquée par d’énormes manifestations, quelles ont été les répercussions sur votre service qui est une entité stratégique des structures sanitaires?
C’est une triste réalité. D’abord, je m’incline devant la mémoire de toutes les personnes décédées et je souhaite prompt rétablissement aux blessés. Ensuite, je dis beaucoup de courage à tous ceux qui ont été affectés d’une manière ou d’une autre par cette crise. En termes de répercussion, il faut noter que la crise a vraiment perturbé nos activités. Il y a eu, non seulement, le mot d’ordre de grève et aussi des difficultés de déplacement qui ont entravé l’organisation du service minimum afin de répondre aux urgences.

Vous aviez, à un moment donné de la crise, lancé un appel pressant de collecte de sang. Quelle a été la réaction du public burkinabè ?
C’est le lieu pour moi de saluer le sens élevé de générosité et de solidarité du peuple burkinabè qui se mobilise à chaque fois qu’il y a une situation qui nécessite des actions urgentes de renforcement des stocks de sang. Aussi, je remercie les organisations qui pensent souvent à la transfusion sanguine dès qu’il y a une situation anormale dans laquelle survient des blessés. Dans le cadre de la crise que nous venons de vivre, notre priorité était d’assurer le service minimum, notamment qualifier le stock disponible en vue de répondre aux éventuels urgences. De façon précise, le stock du CNTS était acceptable, mais la principale difficulté était le déplacement des agents vers les différents services pour pouvoir répondre aux urgences. Cependant, il faut noter qu’un appel se lance au regard du niveau de stock disponible tout en tenant compte de plusieurs paramètres. Car, Une chose est de mobiliser les donneurs, une autre est de s’assurer que des dispositions idoines sont prises et que les conditions sont réunies pour l’accueil et le prélèvement de dizaines voire de centaines de volontaires qui répondent à l’appel. Mais, en cas de crise, avant tout appel, une concertation préalable s’impose entre le CNTS et tous les partenaires. Pour finir, je voudrais ajouter que l’initiative de l’appel revient au CNTS, quitte maintenant aux organisations de relayer l’appel.

A l’heure actuelle, quelle appréciation faites-vous de la situation ? Le Centre est-il parvenu à satisfaire aux demandes, du moment où à Bobo-Dioulasso plus de cinq cents poches de sang ont été collectées pour le compte de la ville de Ouagadougou ?
Nous rendons grâce à Dieu, parce que les choses ont pu être gérées au mieux avec l’abnégation des agents, l’implication de bonnes volontés et l’appui reçu de la Croix rouge burkinabè. Si la situation nationale se normalise entièrement, on est en droit d’espérer une reprise correcte des activités de collecte avec le retour des élèves, car ils constituent les principaux acteurs en matière de don de sang. En ce qui concerne les poches collectées à Bobo-Dioulasso, j’avoue que le niveau des stocks n’étaient pas alarmant au niveau de Ouagadougou. Au regard des barricades dressées sur les voies, nous n’avons pas pris le risque de faire voyager les poches collectées. Néanmoins, nous adressons nos sincères remerciements aux organisations qui ont pris l’initiative de voler au secours des populations de Ouagadougou en organisant ces collectes.

Est-ce que vous pensez que l’on peut arriver à satisfaire en permanence le besoin en sang à travers les efforts de votre service ?
Je dirais que les seuls efforts du CNTS ne peuvent pas satisfaire. Il faut, d’abord, l’adhésion des populations du moment où le sang n’est pas comme un médicament que l’on peut aller approvisionner dans un dépôt de distribution, au profit des malades. Il faut nécessairement l’adhésion de la population et toutes les composantes de la société car le sang est un produit d’origine humaine. Même ceux qui ne peuvent pas donner, ils peuvent jouer un rôle dans leur environnement à savoir sensibiliser pour diffuser le plus largement possible le message sur l’importance et la nécessité du don de sang. Il y a beaucoup qui le font parce qu’ils sont, soit frappés par la limite d’âge, soit par des maladies. J’invite, les uns et les autres, à venir donner leur sang tant qu’ils peuvent et je saisis également l’occasion pour demander le soutien de tous, car le CNTS est une structure qui ne gère pas de recettes propres, compte tenu de la cession gratuite des produits sanguins. La politique du Burkina Faso est que tout malade qui a besoin de sang, qui qu’il soit, doit en bénéficier de cela gratuitement. Des organisations peuvent nous aider notamment dans le cadre de la promotion du don de sang, l’achat de collations pour les donneurs afin que le CNTS puisse jouer pleinement sa mission.

Parlant de l’adhésion des populations, il nous est parvient souvent que des donneurs de sang se plaignent comme quoi, le sang est vendu dans des Centres de santé au Burkina Faso. Est-ce que vous avez déjà été saisie pour de telle situation ?
Il y a effectivement des rumeurs, mais nous n’avons jamais pu faire la preuve d’une telle pratique. Par exemple, à Tenkodogo, nous avons une situation où un individu a été arrêté pour trafic de sang et qui n’est pas du domaine de la santé. Je me dis que c’est quelqu’un qui tournait sûrement autour de l’hôpital pour essayer d’arnaquer les honnêtes citoyens. Lorsqu’il a été pris, étant donné que le sang est gratuit et que c’est du trafic de ce produit qu’il a été accusé, alors il en a pris pour 2 ans de prison. A notre niveau, jusque-là ce sont des rumeurs qui nous parviennent. Partout où nous pouvons, nous rappelons toujours aux populations que le sang est gratuit. Même, tout au long du CNTS, il est écrit en gras dans trois langues différentes que le sang est gratuit. Maintenant s’il y en a qui ont acheté, qu’ils viennent nous le dire afin que nous puissions prendre des dispositions pour ce trafic de sang, s’il en existe vraiment, cesse. Le gouvernement a pris ses responsabilités pour rendre l’accès des produits sanguins gratuit à tous les Burkinabè.

Comment procédez-vous pour que les uns et les autres acceptent de donner leur sang ?
Nous avons une direction de la promotion du don de sang qui met tout en œuvre pour que le public soit informé, sensibilisé, mobilisé pour venir donner le sang. En plus de cette direction, nous avons l’appui des partenaires et associations des donneurs de sang et d’autres associations de la société civile.

Qui peut être donneur de sang ?
Pour être un donneur de sang, il faut d’abord être en bonne santé apparente. Si vous vous savez malade, il n’est pas conseillé de venir donner votre sang. Aussi, il faut avoir l’âge compris entre 18 et 60 ans. Une fois ces conditions réunies, vous pouvez vous rendre dans un Centre de transfusion sanguine ou une Banque de sang où attendre les équipes du CNTS qui sortent régulièrement sur le terrain pour la collecte de sang. Face à ceux-ci, elles prennent le soin également de vérifier votre état de santé pour voir si vous n’êtes pas atteint d’une maladie qui pourrait vous compromettre de donner votre sang.

Quelles sont les dispositions qui sont prises pour compenser le sang donné par un donneur une fois qu’il finit de s’exécuter ?
Théoriquement, c’est sur la base d’un certain nombre d’études menées qui nous permet de savoir qu’en prélevant telle ou telle quantité de sang chez un individu, il n’y a pas de répercussion sur le fonctionnement de l’organisme. Une fois que vous donnez votre sang, pour vous retenir dans le service de transfusion sous surveillance pendant une certaine durée par une petite collation. Ce temps permet de pouvoir intervenir de toute urgence en cas de malaise. Non pas, pour remplacer le sang prélevé mais, juste pour retenir le donneur. En général, si vous donnez le sang, on n’a pas besoin de remplacer quoi que ce soit, le corps va jouer son rôle et remplacer naturellement ce qui a été prélevé dans un certain délai.

Quel message aviez-vous à lancer à l’adresse de la population ?
Le message que j’ai à adresser aux populations, c’est solliciter l’appui de tous pour que le slogan « Nulle ne doit mourir par manque de sang » soit une réalité. Le don de sang est un geste simple et il est vital. Ce sang n’étant pas fabriqué dans une usine ou n’existant pas en pharmacie, s’il en manque chez un individu, c’est inévitablement la mort. Pour ce faire, tous ceux qui sont en bonne santé et qui remplissent les conditions d’âge, sont invités à s’engager en tant que donneur de sang régulier. Une fois tous les trois mois pour les hommes et une fois tous les quatre mois pour les femmes. Je ne pourrai terminer mon propos, sans rendre un vibrant hommage à tous les donneurs de sang qui œuvrent chaque poumr satisfaire ce besoin, sans connaître le destinataire. Je remercie également le personnel du CNTS pour son abnégation et sa détermination au travail afin que le sang soit disponible pour les patients. Je termine en rappelant à tous que le sang ne se vend pas et ne s’achète pas. Dénonçons, toutes personnes qui demandent de l’argent pour une poche de sang. Que la population nous accompagne pour que l’on puisse dépasser le stade de rumeur et atteindre le stade de la dénonciation. Comme tout le monde l’a si bien dit que : « Plus rien ne sera plus comme avant », alors, que les gens travaillent à ce que cela soit vraiment respecté, tout en œuvrant à venir en aide au CNTS pour mettre un terme à cette pratique de vente de sang.

Interview réalisé par
Lawakila Rodrigue KABARI
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