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Lignes de force Synode sur la famille : Comment concilier modernité et dogmes ?
Publié le lundi 5 octobre 2015  |  Le Pays




Depuis hier, 4 octobre et ce jusqu’au 25 du même mois, se tient au Vatican, l’Assemblée générale des évêques, exclusivement consacrée à la Famille. Il s’agira pour les quelque 360 participants de faire des propositions au pape François qui, en toute souveraineté, décidera de la suite à donner à ce sujet hautement polémique qu’est celui de la Famille. Car, faut-il le rappeler, la Famille, selon que l’on est en Afrique ou en Europe, n’a pas la même connotation. On constate trop d’antagonismes qui s’expliquent naturellement par les spécificités culturelles de chaque peuple et de chaque milieu. Or, l’Eglise catholique, comme on le dit, est universelle avec ses principes qui, même avec le temps, n’ont subi aucune avarie majeure. Comment donc dans ces conditions, concilier modernité et dogmes, dans un monde en pleine mutation ? Ce n’est pas un exercice facile. Car il est très difficile de s’adapter à l’évolution du monde sans pour autant se compromettre. C’est ce que redoutent à juste titre les responsables de l’Eglise catholique. Cela dit, le présent synode se tient sous haute tension, avec d’un côté les conservateurs pour qui il n’est pas question de « revisiter la pastorale morale et familiale », et de l’autre les progressistes favorables à la modernisation de l’Eglise catholique. Du reste, les prélats devront, à cette occasion, examiner un document de la conférence épiscopale d’Afrique et de Madagascar sur la Famille africaine.

Il y a lieu de faire des concessions en vue d’un juste milieu

Entre autres préoccupations, d’aucuns souhaitent que le mariage coutumier soit reconnu et la polygamie tolérée. Autrement dit, plutôt que d’exclure les polygames, il faudra désormais les intégrer dans la communauté, tout en leur refusant le sacrement. Sur ce dernier point, tout laisse d’ailleurs croire que l’Eglise a imposé le principe de la monogamie en ignorant volontiers que la polygamie, même si elle est condamnée en Europe, demeure une réalité sociale en Afrique, transmise chez certains de génération en génération. Il était donc temps que les « états généraux de la famille » en cours s’y penchent pour que la religion, en tant que rempart moral, n’apparaisse pas aux yeux de certains, comme un instrument de négation de l’autre dans sa différence. A ce propos, comment ne pas féliciter l’Eglise catholique qui, dans le souci de prendre en compte les spécificités de chaque communauté, a développé le principe de l’inculturation en marche depuis des années ? Car, il faut le dire, ce qui est indécent au Bénin ou au Tchad, ne l’est pas forcément au Portugal ou en France. Et ce qui est beau aux Etat-Unis peut paraître laid aux yeux du jeune chrétien burkinabè de Fada Ngourma. C’est le cas par exemple de l’homosexualité, fort reprouvée par la majorité des peuples africains et défendue bec et ongle dans certains pays européens. C’est dire qu’en l’espèce, il y a lieu de faire des concessions en vue d’un juste milieu pour éviter tout sentiment de rejet chez les fidèles chrétiens. Certes, c’est un immense défi, mais c’est à ce prix que l’on pourra préserver l’unité qui a toujours caractérisé l’Eglise-famille-de-Dieu au-delà des frontières raciales et continentales. Le Pape François est donc vivement attendu sur ce point!

Boundi OUOBA
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