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L’Observateur N° 8355 du 17/4/2013

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Différend frontalier Burkina/Niger : Un verdict à l’épreuve du terrain
Publié le jeudi 18 avril 2013   |  L’Observateur




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Un siècle après la colonisation, la délimitation des frontières africaines continue de faire couler beaucoup d’encre et de salive. Normal quand on sait que les entités territoriales du continent noir ont été arbitrairement tracées suivant les intérêts économiques ou géostratégiques du colon. Et ce qui devait arriver arrive souvent malgré l'existence du principe de l'intangibilité des frontières.

Nous, Burkinabè, sommes bien payés pour le savoir avec le problème dit de la bande d'Agacher, qui nous a valu deux guerres contre le Mali : en 1974 puis en 1985. Avant que le litige frontalier sur cette portion de terre longue de 160 km et large de 20 km, réputée riche en minerais, ne finisse par être réglé en 1986 par la Cour internationale de La Haye.

Aujourd'hui, le jugement rendu par cette même juridiction de l'ONU et qui porte sur notre différend frontalier avec le Niger mérite une attention, ne serait-ce que par l’accueil à lui réservé par les deux parties. Officiels burkinabè et nigériens se sont en effet quittés en bons amis avec cette conclusion qu’il n’y a ni gagnant ni perdant dans cette affaire.

En somme, de part et d'autre, la chose a été bien prise, comme pour dire qu’il n’y a pas que dans le sport que le fair-play existe. Pouvait-il en être autrement quand on sait qu'en la matière, le verdict est définitif, obligatoire et sans recours ? Qui gagne en kilomètre-carré et qui en perd ? L'avenir nous le dira.

C’est donc le dénouement heureux de plusieurs années de rencontres et de tractations, tant à Ouagadougou, à Niamey, en France, à La Haye que sur le long de la frontière concernée ; un tronçon de 375 km de long entre la borne de Tong Tong et la boucle de Botou. Si la décision est appliquée, l’on pourra dire que les pages des contentieux sur les tracés frontaliers avec le Ghana, le Mali et le Niger sont tournées.

Reste le cas avec la Côte d’Ivoire (plus simple à régler parce qu'une bonne partie de la frontière est naturelle, un cours d'eau en l'occurrence) et celui, nettement plus complexe, avec le Bénin. Ce pays et le Burkina Faso partagent près de 300 kilomètres de frontière dont 7 ne sont pas encore bornés en raison d’une différence d’interprétation des textes coloniaux.

«On peut penser que ça ne vaut pas grand-chose, mais en matière de frontière, il n’y a pas de petite portion …Si vous ne trouvez pas une solution pérenne, le clash peut venir de n’importe où sur cette petite portion et ça peut donner lieu à des problèmes, c’est pourquoi nos deux chefs d’Etat nous ont instruits que ce dossier soit soumis à l’arbitrage de la Cour internationale de justice», avait expliqué le ministre burkinabè de l’Administration territoriale de l’époque, Clément Sawadogo.

Il a bien raison. Sur cette portion de frontière en effet, depuis 2005, les incidents entre entités administratives des deux Etats sont récurrents. Vivement que dans l'avenir la décision de La Haye sur ce dossier rencontre aussi l’assentiment des deux parties.

Revenant sur ce happy end du feuilleton judiciaire nigéro-burkinabè, ayons cependant le triomphe un peu modeste face à la dernière décision rendue par la CIJ, d'autant que ce n'est qu'une partie de la bataille qui est gagnée. Si les hautes autorités des deux parties se sont engagées à se soumettre à l'autorité de la chose jugée, peut-on dire qu'il en ira de même concernant les communautés locales qui habitent la zone à retoucher ?

Quid de la matérialisation des nouvelles portions et du bornage de la nouvelle ligne de démarcation ? Pourquoi ? Parce qu'une chose est de délimiter une ligne de séparation sur le papier, une autre est de la concrétiser sur le terrain. Côté populations, le constat qui se dégage souvent est qu’elles acceptent mal un redécoupage, puisque celui-ci bouscule leurs habitudes économiques, administratives et ou coutumières.

Mieux, la plupart souvent se réclament de la portion la plus développée, pour des avantages évidents. Maintenant que la bataille juridique semble gagnée chez les deux parties, il faudra plus que jamais user de beaucoup de doigté. «Communiquer, communiquer et communiquer» devrait être donc la préoccupation principale dans le prochain et dernier épisode de cette délicate affaire.

Issa K. Barry

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